Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Jules Supervielle (1884-1960) – jeden z najwybitniejszych poetów francuskich I połowy XX wieku. Urodził się i dorastał w Urugwaju, gdzie jego rodzina prowadziła w Montevideo interesy bankowe. Wcześnie osierocony przez tragicznie zmarłych rodziców, wychowywany był początkowo przez babcię, a potem przez przez ciotkę i wuja. W 1894 roku wujostwo powróciło z nim do Francji i zamieszkało w Paryżu. W 1906 roku Jules zdał maturę, a rok później ożenił się w Montevideo z Pilar Saavedra. Ze związku tego urodziło się sześcioro dzieci. W czasie pierwszej wojny światowej został powołany do wojska, ale dzięki znajomości języków obcych nie był wysłany na front, ale pracował w Ministerstwie Wojny.
W 1919 roku debiutował jako poeta tomem „Poèmes de l'humour triste” (Wiersze smutnego humoru). Trzy lata później opublikował drugi tom poezji pt. „Débarcadères” (Przystanie), który mimo jego stosunkowo już dojrzałego wieku zwrócił uwagę na niego jako na dobrze zapowiadającego się poetę. W tym czasie nawiązał kontakty, które z czasem przerodziły się
w zażyłe przyjaźnie z najwybitniejszymi poetami tamtych czasów, takimi jak: Max Jacob, Henri Michaux i Rainer Maria Rilke. Kolejne tomy wierszy to: „Gravitations” (Grawitacje, 1925), „Le Forçat innocent” (Niewinnie skazany, 1930), „Les Amis inconnus”, (Nieznani przyjaciele, 1934), „La Fable du monde” (Legenda świata, 1938). Wybuch II wojny światowej zapoczątkował najtrudniejsze lata w jego życiu. Ciężko chory na płuca i serce został zesłany na siedem lat do Urugwaju, a trudna sytuacja na międzynarodowych rynkach finansowych doprowadziła jego rodzinny biznes do bankructwa. Poświęcił się wówczas pracy literackiej. Oprócz oryginalnej twórczości poetyckiej, tłumaczył z hiszpańskiego (m. in. Guillena, Garcia Lorcę) i angielskiego (Szekspira). Wygłaszał też wykłady o współczesnej poezji francuskiej na Uniwersytecie w Montevideo. W 1946 roku wrócił do Francji w aureoli jednego z najwybitniejszych współczesnych poetów francuskich. Wydał dalsze tomy poezji: „1939-1945” (1946), „Oublieuse memoire” (Niepamięć, 1949), „Naissances” (Narodzenia, 1951), „L'escalier” (Schody, 1951) i „Le Corps tragique” (Tragiczne ciało, 1959).
Zmarł w 1960 roku w swoim paryskim apartamencie na niewydolność sercowo-naczyniową.
Wiersze Julesa Supervielle'a tłumaczyli na polski: Julian Przyboś, Adam Ważyk, Jan Kott, Allan Kosko, Roman Kołoniecki, Aleksandra Frybesowa, Julian Rogoziński, Kazimierz Brakoniecki i przede wszystkim Zbigniew Bieńkowski, który poznał poetę osobiście w 1939 roku i przyjaźnił się z nim przez wiele lat. W Polsce wydano je w tomach: Jules Supervielle: Liryki i poematy. Redakcja i słowo wstępne Zbigniew Bieńkowski. PIW, Warszawa 1965; Jules Supervielle: Poezje wybrane. Wyboru dokonał i opracował Zbigniew Bieńkowski. Ludowa Spółdzielnia Wydawnicza, Warszawa 1981 i Wizjonerzy. Michaił Lermontow, Victor Hugo, Saint-John Perse, Jules Supervielle. Przekład i wstęp Zbigniew Bieńkowski. Młodzieżowa Agencja Wydawnicza, Warszawa 1989.

Z tomu „Poèmes de l'humour triste”, 1919

L'orage


Chaque arbre est immobile, attentif à tout bruit,
Même le peuplier tremblant retient son souffle;
L'air pèse sur le dos des collines, il luit
Comme un métal incandescent et l'heure essouffle.

Les moineaux buissonniers se sont tous dispersés
Avec le vol aigu et les cris d'hirondelles,
Et des mouettes vont, traînant leurs larges ailes,
Dans l'air lourd à gravir et lourd à traverser.

L'éclair qui brille au loin semble une brusque entaille
Et, tandis que hennit un cheval de labour,
Les nuages vaillants qui vont à la bataille
Escaladent l'azur âpre comme une tour.

Mais soudain, l'arc-en-ciel luit comme une victoire!
Chaque arbre est un archer qui lance des oiseaux,
Et les nuages noirs qu'un soleil jeune moire,
Enivrés, sont partis pour des combats nouveaux.

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Burza”
w temacie Skąd Tęczy okrąg...


Z tomu „Débarcadères”, 1922

La montagne prend la parole


Et voilà mon silence dur fonçant sur le moindre bruit qui ose.
Je souffre de ne pouvoir donner le repos sur mes flancs difficiles
Où je ne puis offrir qu'une hospitalité accrochée,
Moi qui tends toujours vers la verticale
Et ne me nourris que de la sécheresse de l'azur.
Je vois les sapins qui s'efforcent, en pèlerinage immobile, vers l'aridité de ma cime.
Plaines, vallons, herbages et vous forêts, ne m'en veuillez pas de mes arêtes hautaines!
J'ai la plus grande avidité de la mer, la grande allongée toujours mouvante que les nuages tentèrent de me révéler.
Sans répit j'y dépêche mes plus sensibles sources, les vivaces, les savoureuses!
Elles ne me sont jamais revenues.
J'espère encore.

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Góra przemówiła”
w temacie Góry, poezja i my


Z tomu „Gravitations”, 1925

Prophétie


Un jour la Terre ne sera
Qu'un aveugle espace qui tourne
Confondant la nuit et le jour.
Sous le ciel immense des Andes
Elle n'aura plus de montagnes.
Même pas un petit ravin.

De toutes les maisons du monde
Ne durera plus qu'un balcon
Et de l'humaine mappemonde
Une tristesse sans plafond.
De feu l'Océan Atlantique
Un petit goût salé dans l'air,
Un poisson volant et magique
Qui ne saura rien de la mer

D'un coupé de mil neuf cent cinq
(Les quatre roues et nul chemin!)
Trois jeunes filles de l'époque
Restées à l'état de vapeur
Regarderont par la portière
Pensant que Paris n'est pas loin
Et ne sentiront que l'odeur
Du ciel qui vous prend à la gorge.

A la place de la forêt
Un chant d'oiseau s'élèvera
Que nul ne saura situer,
Ni préférer, ni entendre,
Sauf Dieu, qui lui, l'écoutera,
Disant: «C'est un chardonneret»

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Wróżba”
w temacie W świecie wróżb, zaklęć i sił tajemnych


Echanges

Dans la flaque du petit jour
Ont bu les longs oiseaux nocturnes
Jusqu'à tomber morts alentour
Au dernier soupir de la lune.

Voici les flamants de l'aurore
Qui font leur nid dans la lumière
Avec la soie de l'horizon
Et le vent doré de leurs ailes.

przekład Zbigniewa Beńkowskiego pt. „Wymiany”
w temacie Pierzaści bracia mniejsi


Z tomu „Le Forçat innocent”, 1930

Coeur


Il ne sait pas mon nom
Ce cœur dont je suis l’hôte,
Il ne sait rien de moi
Que des régions sauvages.
Hauts plateaux faits de sang,
Epaisseurs interdites,
Comment vous conquérir
Sans vous donner la mort?
Comment vous remonter,
Rivières de ma nuit
Retournant à vos sources
Rivières sans poissons
Mais brûlantes et douces.
Je tourne autour de vous et ne puis vous aborder,
Bruits de plages lointaines,
O courants de ma terre
Vous me chassez au large
Et pourtant je suis vous, et je suis vous aussi
Mes violents rivages,
Ecumes de ma vie.

Beau visage de femme,
Corps entouré d’espace,
Comment avez-vous fait,
Allant de place en place,
Pour entrer dans cette île
Où je n’ai pas d’accès
Et qui m’est chaque jour
Plus sourde et insolite,
Pour y poser le pied
Comme en votre demeure,
Pour avancer la main
Comprenant que c’est l’heure
De prendre un livre ou bien
De fermer la croisée.
Vous allez, vous venez,
Vous prenez votre temps
Comme si vous suivaient
Seuls les yeux d’un enfant.

Sous la voûte charnelle
Mon cœur qui se croit seul
S’agite prisonnier
Pour sortir de sa cage.
Si je pouvais un jour
Lui dire sans langage
Que je forme le cercle
Tout autour de sa vie!
Par mes yeux bien ouverts
Faire descendre en lui
La surface du monde
Et tout ce qui dépasse,
Les vagues et les cieux,
Les têtes et les yeux!
Ne saurais-je du moins
L’éclairer à demi
D’une mince bougie
Et lui montrer dans l’ombre
Celle qui vit en lui
Sans s’étonner jamais.

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Serce”
w temacie Miej serce i patrzaj w serce


Z tomu „Les Amis inconnus”, 1934

Les amis inconnus


Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d’une lampe profonde,
Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,
Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux
Que ses sœurs de la nuit les étoiles muettes.

Il vous naît un oiseau dans la force de l’âge,
En plein vol, et cachant votre histoire en son cœur
Puisqu’il n’a que son cri d’oiseau pour la montrer.
Il vole sur les bois, se choisit une branche
Et s’y pose, on dirait qu’elle est comme les autres.

Où courent-ils ainsi ces lièvres, ces belettes,
Il n’est pas de chasseur encor dans la contrée,
Et quelle peur les hante et les fait se hâter,
L’écureuil qui devient feuille et bois dans sa fuite,
La biche et le chevreuil soudain déconcertés?

Il vous naît un ami, et voilà qu’il vous cherche
Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux
Mais il faudra qu’il soit touché comme les autres
Et loge dans son cœur d’étranges battements
Qui lui viennent de jours qu’il n’aura pas vécus.

Et vous, que faites-vous, ô visage troublé,
Par ces brusques passants, ces bêtes, ces oiseaux,
Vous qui vous demandez, vous, toujours sans nouvelles
«Si je croise jamais un des amis lointains
Au mal que je lui fis vais-je le reconnaître?»

Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence
Et les mots inconsidérés,
Pour les phrases venant de lèvres inconnues
Qui vous touchent de loin comme balles perdues,
Et pardon pour les fronts qui semblent oublieux.

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Nieznani przyjaciele”
w temacie W harmonii z przyrodą


Attendre que la Nuit

Attendre que la Nuit, toujours reconnaissable
A sa grande altitude où n’atteint pas le vent,
Mais le malheur des hommes,
Vienne allumer ses feux intimes et tremblants
Et dépose sans bruit ses barques de pêcheurs,
Ses lanternes de bord que le ciel a bercées,
Ses filets étoilés dans notre âme élargie,
Attendre qu’elle trouve en nous sa confidente
Grâce à mille reflets et secrets mouvements
Et qu’elle nous attire à ses mains de fourrure,
Nous les enfants perdus, maltraités par le jour
Et la grande lumière,
Ramassés par la Nuit poreuse et pénétrante,
Plus sûre qu’un lit sûr sous un toit familier,
C’est l’abri murmurant qui nous tient compagnie,
C’est la couche où poser la tête qui déjà
Commence à graviter,
A s’étoiler en nous, à trouver son chemin.

przekład Romana Kołonieckiego pt. „Noc”
w temacie Oczekiwanie


Z tomu „La Fable du monde”, 1938

Dieu pense à l'homme


Il faudra bien qu'il me ressemble
Je ne sais encore comment,
Moi qui suis les mondes ensemble
Avec chacun de leurs moments.
Je Le veux séparer du reste
Et me l'isoler dans les bras
Je voudrais adopter ses gestes
Avant qu'il soit ce qu'il sera,
Je le devine à sa fenêtre
Maïs la maison n'existe pas.
Je le tâte, je le tâtonne,
Je le forme sans le vouloir
Je me le donne, je me l'ôte,
Que je suis pressé de le voir!
Je le garde, je le retarde
Afin de Le mieux concevoir.
Tantôt, informe, tu t'éloignes
Tu boites au fond de la nuit,
Ou tu m'escalades, grandi,
Jusqu'à devenir un géant.
Moi que nul regard ne contrôle
Je te veux visible de loin,
Moi qui suis silence sans fin
Je te donnerai la parole,
Moi qui ne peux pas me poser
Je te veux debout sur tes pieds,
Moi qui suis partout à la fois
Je te veux mettre en un endroit,
Moi qui suis plus seul dans ma fable
Qu'un agneau perdu dans les bois,
Moi qui ne mange ni ne bois
Je veux t'asseoir à une table,
Une femme en face de toi,
Moi qui suis sans cesse suprême
Toujours ignorant le loisir,
Qui n'en peux mais avec moi-même
Puisque je ne peux pas finir,
Je veux que tu sois périssable,
Tu seras mortel, mon petit,
Je te coucherai dans le lit
De la terre ou se font les arbres.

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Bóg myśli o człowieku” w temacie
Między sacrum a profanum (motywy religijne w poezji świeckiej)


Dieu crée la femme

Pense aux plages, pense à la mer,
Au lisse du ciel, aux nuages,
A tout cela devenant chair
Et dans le meilleur de son âge,
Pense aux tendres bêtes des bois,
pense à leur peur sur tes épaules,
Aux sources que tu ne peux voir
Et dont le murmure t'isole,
Pense à tes plus profonds soupirs,
Ils deviendront un seul désir,
A ce dont tu chéris l'image,
tu l'aimeras bien davantage.
Ce qui était beaucoup trop loin
Pour le parfum ou le reproche,
Tu vas voir comme il se rapproche
Se faisant femme jusqu'au lien,
Ce dont rêvaient tes yeux, ta bouche,
Tu vas voir comme tu le touches.
Elle aura des mains comme toi
Et pourtant combien différentes,
Elle aura des yeux comme toi
Et pourtant rien ne leur ressemble.
Elle ne te sera jamais
Complètement familière,
Tu voudras la renouveler
De mille confuses manières.
Voilà, tu peux te retourner
C'est la femme que je te donne
Mais c'est à toi de la nommer,
Elle approche de ta personne.

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Bóg stwarza kobietę”
w temacie Kobiecy portret


Le premier arbre

C'était lors de mon premier arbre,
J'avais beau le sentir en moi
Il me surprit par tant de branches,
Il était arbre mille fois
Moi qui suis tout ce que je forme
Je ne me savais pas feuillu,
Voilà que je donnais de l'ombre
Et j'avais des oiseaux dessus.
Je cachais ma sève divine
Dans ce fût qui montait au ciel
Mais j'étais pris par la racine
Comme à un piège naturel.
C'était lors de mon premier arbre,
L'homme s'assit sous le feuillage
Si tendre d'être si nouveau.
Etais-je un chêne ou bien un orme
C'est loin et je ne sais pas trop
Mais je sais bien qu'il plut à l'homme
Qui s'endormit les yeux en joie
Pour y rêver d'un petit bois.
Alors au sortir de mon somme
D'un coup je fis une forêt
de grand arbres nés centenaires
Et trois cents cerfs la parcouraient
Avec leurs biches déjà mères.
Ils croyaient depuis très longtemps
L'habiter et la reconnaître
Les six-cors et leurs bramements
Non loin de faons encore à naître.
Ils avaient, à peine jaillis,
Plus qu'il ne fallait d'espérance
Ils étaient lourds de souvenirs
Qui dans les miens prenaient naissance.
D'un coup je fis, chênes, sapins,
Beaucoup d'écureuils pour les cimes,
L'enfant qui cherche son chemin
Et le bûcheron qui l'indique
Je cachai de mon mieux le ciel
Pour ses distances malaisées
Mais je le redonnai pour tel
Dans les oiseaux et la rosée.

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Pierwsze drzewo”
w temacie Cóż jest piękniejszego niż (wysokie) drzewa...


Le Corps

Ici l'univers est à l'abri dans la profonde température de l'homme
Et les étoiles délicates avancent de leurs pas célestes
Dans l'obscurité qui fait loi dès que la peau est franchie,
Ici tout s'accompagne des pas silencieux de notre sang
Et de secrètes avalanches qui ne font aucun bruit dans nos parages,
Ici le contenu est tellement plus grand
Que le corps à l'étroit, le triste contenant...
Mais cela n'empêche pas nos humbles mains de tous les jours
De toucher les différents points de notre corps qui loge les astres,
Avec les distances interstellaires en nous fidèlement respectées.
Comme des géants infinis réduits à la petitesse par le corps humain,
où il nous faut tenir tant bien que mal,
Nous passons les uns près des autres, cachant mal nos étoiles, nos vertiges,
Qui se reflètent dans nos yeux, seules fêlures de notre peau.
Et nous sommes toujours sous le coup de cette immensité intérieure
Même quand notre monde, frappé de doute,
Recule en nous rapidement jusqu'à devenir minuscule et s'effacer,
Notre cœur ne battant plus que pour sa pelure de chair,
Réduits que nous sommes alors à l'extrême nudité de nos organes,
Ces bêtes à l'abandon dans leur sanglante écurie.

przekład Juliana Przybosia pt. „Ciało” w temacie Ciało mojego ciała

Pière à l'inconnu

Voilà que je me surprends à t'adresser la parole,
Mon Dieu, moi qui ne sais encore si tu existes
Et ne comprends pas la langue de tes églises chuchotantes.
Je regarde les autels, la voûte de ta maison,
Comme qui dit simplement: voilà du bois, de la pierre,
Voilà des colonnes romanes.
Il manque le nez à ce saint.
Et au-dedans comme au-dehors, il y a la détresse humaine.
Je baisse les yeux sans pouvoir m'agenouiller pendant la messe,
Comme si je laissais passer l'orage au-dessus de ma tête.
Et je ne puis m'empêcher de penser à autre chose.
Hélas ! j'aurai passé ma vie à penser à autre chose.
Cette autre chose, c'est encore moi.
C'est peut-être mon vrai moi-même.
C'est là que je me réfugie.
C'est peut-être là que tu es.
Je n'aurai jamais vécu que dans ces lointains attirants.
Le moment présent est un cadeau dont je n'ai pas su profiter.
Je n'en connais pas bien l'usage.
Je le tourne dans tous les sens,
Sans savoir faire marcher sa mécanique difficile.
Mon Dieu, je ne crois pas en toi, je voudrais te parler tout de même.
J'ai bien parlé aux étoiles, bien que je les sache sans vie,
Aux plus humbles des animaux, quand je les savais sans réponse,
Aux arbres qui, sans le vent, seraient muets comme la tombe.
Je me suis parlé à moi-même, quand je ne sais pas bien si j'existe.
Je ne sais si tu entends nos prières, à nous les hommes,
Je ne sais si tu as envie de les écouter.
Si tu as, comme nous, un coeur qui est toujours sur le qui-vive
Et des oreilles ouvertes aux nouvelles les plus différentes
Je ne sais pas si tu aimes à regarder par ici.
Pourtant je voudrais te remettre en mémoire la planète terre
Avec ses fleurs, ses cailloux, ses jardins et ses maisons
Avec tous les autres et nous qui savons bien que nous souffrons.
Je veux t'adresser sans tarder ces humbles paroles humaines
Parce qu'il faut que chacun tente à présent tout l'impossible.
Même si tu n'es qu'un souffle d'il y a des milliers d'années
Une grande vitesse acquise
Une durable mélancolie
Qui ferait tourner encore les sphères dans leur mélodie
Je voudrais, mon Dieu sans visage et peut-être sans espérance
Attirer ton attention parmi tant de ciels vagabonde
Sur les hommes qui n'ont pas de repos sur la planète.
Ecoute-moi! Cela presse. Ils vont tous se décourager
Et l'on ne va plus reconnaître les jeunes parmi les âgés
Chaque matin, ils se demandent si la tuerie va commencer.
De tous côtés, l'on prépare de bizarres distributeurs de sang de plaintes et de larmes
L'on se demande si les blés ne cachent pas déjà des fusils.
Le temps serait-il passé où tu t'occupais des hommes?
T'appelle-t-on dans d'autres mondes, médecin en consultation,
Ne sachant où donner de la tête
Laissant mourir sa clientèle?
Ecoute-moi ! Je ne suis qu'un homme parmi tant d'autres.
L'âme se plait dans notre corps,
Ne demande pas à s'enfuir dans un éclatement de bombe.
Elle est pour nous une caresse, une secrète flatterie.
Laisse-nous respirer encore sans songer aux nouveaux poisons
Laisse-nous regarder nos enfants sans penser tout le temps à la mort.
Nous n'avons pas du tout le coeur aux batailles, aux généraux.
Laisse-nous notre va-et-vient, comme un troupeau dans ses sonnailles,
Une odeur de lait frais se mélant à l'odeur de l'herbe grasse.
Ah ! si tu existes, mon Dieu, regarde de notre côté.
Viens te délasser parmi nous.
La terre est belle, avec ses arbres, ses fleuves et ses étangs,
Si belle, que l'on dirait que tu la regrettes un peu
Mon Dieu, ne va pas faire la sourde oreille
Et ne va pas m'en vouloir si nous sommes à tu et à toi
Si je te parle avec tant d'abrupte simplicité.
Je croirais moins qu'en tout autre en un Dieu qui terrorise.
Plus que par la foudre, tu sais t'exprimer par les brins d'herbe
Et par les jeux des enfants et par les yeux des ruisseaux.
Ce qui n'empêche pas les mers et les chaînes de montagnes.
Tu ne peux pas m'en vouloir de dire ce que je pense
De réfléchir comme je peux sur l'homme et sur son existence
Avec la franchise de la terre et des diverses saisons
Et peut-être de toi-même dont j'ignorerais les leçons
Je ne suis pas sans excuses
Veuille accepter mes pauvres ruses
Tant de choses se préparent sournoisement contre nous
Quoi que nous fassions, nous craignons d'être pris au dépourvu
Et d'être comme le taureau
Qui ne comprend pas ce qui se passe
Le mène-t-on à l'abattoir
Il ne sait où il va comme ça
Et juste avant de recevoir le coup de mort sur le front
Il se répète qu'il a faim et brouterait résolument
Mais qu'est-ce qu'ils ont ce matin avec leurs tabliers pleins de sang
A vouloir tous s'occuper de lui?

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Modlitwa do Nieznanego”
w temacie Modlitwa


Z tomu „1939-1945”, 1946

Plein ciel


J’avais un cheval
Dans un champ de ciel
Et je m’enfonçais
Dans le jour ardent.
Rien ne m’arrêtait
J’allais sans savoir,
C’était un navire
Plutôt qu’un cheval,
C’était un désir
Plutôt qu’un navire,
C’était un cheval
Comme on n’en voit pas, Tête de coursier,
Robe de délire,
Un vent qui hennit
En se répandant.
Je montais toujours
Et faisais des signes:
« Suivez mon chemin,
Vous pouvez venir,
Mes meilleurs amis,
La route est sereine,
Le ciel est ouvert.
Mais qui parle ainsi?
Je me perds de vue
Dans cette altitude,
Me distinguez-vous,
Je suis celui qui
Parlait tout à l’heure,
Suis-je encor celui
Qui parle à présent,
Vous-mêmes, amis,
Êtes-vous les mêmes?

L’un efface l’autre
Et change en montant.»

przekład Zbigniewa Bieńkowskiego pt. „Otwarte niebo”
w temacie Utopia


Inne wiersze Julesa Supervielle'a w tematach: "Niebo jest u stóp matki”, Oślepiony błyskiem, czyli o tym, co się mowie wymyka, Najpiękniejsze łąki, Spotkania, Autoportret w lustrze wiersza, Kwiaty, Motyw zwierciadła, lustra i odbicia, Ciemność.Ryszard Mierzejewski edytował(a) ten post dnia 02.04.11 o godzinie 20:01
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Jean-Michel Maulpoix (ur. 1952) – francuski poeta, eseista, historyk i krytyk literatury. Ukończył prestiżową École Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines. Wykłada literaturę na Uniwersytecie Paris X-Nanterre, gdzie kieruje stworzonym przez siebie Obserwatorium Poezji Współczesnej. Od przeszło dwudziestu lat jest redaktorem naczelnym kwartalnika literackiego „Le Nouveau Recueil” (do 1995 r, ukazywał się pt. „Recueil”), publikującego współczesną francuską poezję, prozę i krytykę literacką. Od 2004 roku jest prezesem znanego stowarzyszenia pisarzy francuskich Maison des Ecrivans w Paryżu. Uprawia głównie prozę poetycką. Wydał książki: „Locturnes” (1978), „La Parole est fragile” (1981), „Émondes” (1981), „Dans la paume du rêveur” (1984), „Un dimanche après-midi dans la tête” (1984), „ Ne cherchez plus mon coeur” (1986), „Précis de théologie à l'usage des anges” (1988), „Portraits d'un éphémère” (1990), „Dans l'interstice” (1992), „Une histoire de bleu” (1992), „L'Écrivain imaginaire” (1994), „Domaine public” (1998), „L'Instinct de ciel” (2000), „Chutes de pluie fine” (2002). „Pas sur la neige” (2004), „Boulevard des Capucines” (2006).
Jego utwory tłumaczyły na polski Aleksandra Olędzka-Frybesowa i Krystyna Rodowska. Ukazały się one w antologiach: Współcześni poeci francuscy, których nie znamy. Wybór
i przekłady Aleksandra Olędzka-Frybesowa. Wyd. Miniatura, Kraków 1994
i Krystyna Rodowska:
Na szali znaków. Czternastu poetów francuskich. Biuro Literackie, Wrocław 2007
, a także na łamach miesięczników „Literatura na Świecie” nr 7/1990 i "Odra" nr 6/2007.

Z tomu „Un dimanche après-midi dans la tête”, 1984


Obrazek


Paroles perdues

Tout s'est emmêlé peu à peu. Tu pensais autrefois écrire des poèmes et tu avais engagé avec les mots une partie de cache-cache. Tu rêvais aussi de raconter une histoire…
Et puis, à force de pages blanches, ou plutôt de te rendre compte que malgré l'encre les pages demeuraient blanches, tu n'es plus allé vers les mots que pour t'y baigner. De sorte que rien n'évoque mieux pour toi désormais un beau livre que le carrelage glacé de la salle de bains. Enlever tes vêtements, te glisser dans l'eau claire, n'est pas si différent d'écrire.
Tout s'est emmêlé et se ressemble. Tu parles bien sûr de choses et d'autres : la vie demeure accidentelle. Mais le tilleul devant la fenêtre, les rues et les vitrines de la ville, les petits animaux en boule chuchotent la même langue inquiète. Ils sont absents.

*

Ne vaut-il pas mieux se taire? Lire et regarder, essayer de comprendre. Tu te persuades parfois que rien ne dépend de nous et qu'il faut vivre doucement, tenant les jours en laisse, décomptant les heures et prenant garde.
Pourtant, les mots veulent aller. Ils se décident auprès de ton silence. Il n'y a rien à faire, cette blessure demeure. L'encre convoite une âme. Des images te reviennent sans que le ciel en prenne ombrage ni qu'un oiseau ne dévie de son vol.

*

Tu serais entré dans la chambre d'un malade absent. Au-dessous de l'oreiller, le creux de son épaule, un buisson d'épines et trois gouttes de sang sur le drap. En cendres, une espèce de bonheur tacite.
Quelque chose aurait eu lieu, dont subsiste la cicatrice. Tu te serais assis pour attendre et observer… Les semailles, les colombes, le roucoulement de l'eau sous le pont de bois et parmi les pierres; tu te souviendrais juste après mourir.
Chaque image peinte arrache à la mémoire un peu de chair et d'hésitation. Décrire ce qui fut dérobe ce qui pourrait être. Cette vie manquera bientôt d'ombres où se perdre en rêvant. L'enfance murmure des mots inaudibles: il faudrait, pour les entendre, se rapprocher de la tombe ouverte.

Arrière-prose

Travaux d'insectes
Lorsque les mots se déposent en ligne horizontale suer la page, tout paraît calme. Notre âme ainsi s'écoule et sèche. La feuille boit l'encre si vite qu'on la croit assoiffée. Cette blancheur rassemble en fait des milliards de grains siliceux, et nous écrivons sur le souvenir d'anciens coquillages ayant depuis longtemps perdu mémoire et musique.

Il n'y a rien à espérer, aucune germination possible. Seul importe ce geste, reproduit au long des siècles, depuis les mémorables tablettes d'argile et les écorces, et si proche en somme de la peinture qui apprivoise des formes, des couleurs et des lignes…

Peut-être y a-t-il seulement un peu plus de chair dans les mots. Cette phrase d'encre qui sèche semble une peau déchirée. Le geste d'écrire est le plus austère: la longue procession des petits signes noirs ne nous réjouit pas. Elle revient de la mort, y retourne, n'en finissant jamais de se délivrer.

Écrire est un dimanche. Un après-midi de neige et de suie. Une histoire plutôt triste racontée à mi-voix dans une chambre claire. Il n'y a personne, pas même celui qui tient la plume, si diaphane et si incertain d'exister. On entend des bruits à l'entour et le crissement du métal sur la feuille: travail impersonnel et secret comme celui d'un peuple de fourmis.

Écrire a toujours lieu sur une autre planète où le monde s'est réduit à quelques apparences simples; une table, un bouquet de violettes, un paquet de feuilles, une fenêtre ouverte et des bruits d'automobiles ou d'insectes. En surplomb de la page blanche, on entend parfois une voix qui répète pour elle seule les mots de la plume, avec une espèce de crainte et de tendresse étrange.

Drôle de planète! On y fait toujours les mêmes gestes. Le monde y parait minuscule, amputé de ses arbres, ses villes et ses longs fleuves. Ce territoire n'a pas de nom; il est fait de tous les mots. Nul ne saurait le situer, quoique ceux qui s'y rendent n'aient jamais pour occupation que d'en tracer la carte, toujours inachevée.

Écrire s'applique à parler juste dans l'incertain. Nous abordons la tête vide et le regard fixe, laissant derrière nous les matinées bavardes et les soirs crépitants, quittant la rumeur pour une inquiétude plus vaste, un plus grand amour… Nous n'allons ainsi nulle part, remuant à peine la terre qui nous porte, laissant sourdre un peu d'encre, un peu de notre sang devenu noir en se mélangeant à la langue. Nous vivons d'une autre vie plus obscure et plus lente, dévidant le fil, perdant mémoire. Il n'est d'écriture que testamentaire; c'est pourquoi tous ces mots disent peu.

Z tomu „Ne cherchez plus mon coeur”, 1986


Obrazek


[Cela qui s'aventure ne porte pas de nom]

Cela qui s'aventure ne porte pas de nom. La langue toute est son domaine. Agenouillé, il fouille avec des branches : un peu de terre dérange le ciel, de minces araignées patinent parmi les reflets.
C'était sur les rives de la Meuse, à peu de pas du déversoir au tumulte incessant, ou bien en altitude, auprès d'un lac silencieux cerné de sapins, serti très haut dans la fraîcheur.
Cela mélange ses eaux. Des paysages se superposent. Quelque source soudain imagine de jaillir, une écorce éclate, le torrent transparent enveloppe de glace les chevilles parmi les pierres.

[Il déchiffre en lui-même un murmure indistinct ]

Il déchiffre en lui-même un murmure indistinct où la clarté d'une voix vient le surprendre. A certaines heures, se souvient-il, la lumière semblait y mieux voir. Ainsi la tiédeur de la cloche que frappe à la vesprée un rayon de soleil oblique.
Sa mémoire s'écoule en poussière Cependant il exulte. Il s'évide mais s'obstine à parler de travers, rebondissant dans la blancheur comme une balle insonore.

[Il démêle son désir à peine]

Il démêle son désir à peine et remonte avec précaution vers des cimes lointaines où des phrases malhabiles furent griffonnées jadis sur des papiers pliés en quatre. Il poursuit sa propre fable en surplomb, jusqu'au corridor de la naissance éboulée dans l'herbe et le sang. Il froisse une fraîcheur d'église, un après-midi silencieux dans le souvenir de l'Office, quand le Dieu avec son cortège dort sous le bois ciré et que la croix s'égoutte au fond.
Cela s'égare dans son amour. Il se blottit: buste de femme et taille, couchés dans le trèfle, genoux pressés, sueur, linges sur les hanches, toison, échine, cheveux dénoués et bras nus. Il empoigne, caresse, se déplie se relève, puis s'agenouille encore...
Ce sont les gestes lents du soir dont la brûlure exauce un vœu ancien : dès maintenant mourir. Il invente cela pour se perdre et ne pourra cesser d'y croire, comme celui qui aime en détresse et dont l'amour disperse la vie entière.

Z tomu „Dans l'interstice”, 1991


Obrazek


Le chant des naufragés

Nous sommes les naufragés de la langue
D'un pays l'autre nous allons, accrochés aux bois flottés de nos phrases
Ce sont les restes d'un ancien navire depuis longtemps fracassé
Mais le désir nous point encore, tandis que nous dérivons
De sculpter dans ces planches des statuettes de sirènes aux cheveux bleus
Et de chanter toujours avec ces poumons-là:
Laissez-nous répéter la mer
N'intentez point de procès stupide au grand large

La mer, accrochée à la mer
Tremble et glisse sur la mer
Ses mouvements de jupe, ses coups d'épaules, ses redondances
Et tout ce bleu qui vient à nous sur les grands aplats de la mer
Nous aimons la manière dont s'en va la barque
Se déhanchant d'une vague à l'autre, dansant son émoi de retrouver la mer
Et son curieux bruit de grelot
Quand la musique se déploie sur l'immense partition de la mer

La mer se mêle avec la mer
Mélange ses lacs et ses flaques
Ses idées de mouettes et d'écumes
Ses rêves d'algues et de cormorans
Aux lourds chrysanthèmes bleus du large
Aux myosotis en touffes sur les murs blancs des îles
Aux ecchymoses de l'horizon, aux phares éteints
Aux songes du ciel impénétrable

La mer est un ciel bleu tombé
Voici longtemps déjà que le ciel a perdu ses clefs dans la mer
Sous quels soleils désormais nous perdre?
Sur quelle épaule poser la fièvre de notre tête humide?
Nos rêves sont des pattes d'oiseaux sur le sable
Des fragments d'ongles coupés à deux pas de la mer
Nous brûlons sur la plage des monceaux de cadavres
Puisque tels sont les mots avec leurs os et leurs fumées

Tas de fémurs et de métacarpes
Bûcher d'herbes odorantes et de poudres qui crépitent
C'est un pré sec qui prendrait feu près de la mer
De hautes flammes tête baissée sautent parmi les genêts
Et soudain ce buste de femme dressé dans le crépitement
Offert à ce furieux amour
Lançant vers le ciel la longue plainte
De qui s'est calciné le coeur

Seul, il avance vers elle, sur le môle de granit étroit
Embarquant vers rien son corps périssable
Elle la couchée immense qui accourt
Lançant vers lui ses gerbes et ses jupons
Lui, le petit homme droit sur la digue avec un crayon
Collé contre elle, mais séparé
L'un et l'autre, quoique si proches, se perdant de vue
L'un contre l'autre se pressant, le coeur mal amarré

Le large baigne un peu ce petit corps d'homme
Le bleu le prend dans ses filets
Graine de chair ou pépite d'amour transi
Touffe de clarté entre les paumes
Tachées d'encre profonde
Lèvres closes par la vague
Muet, n'ayant rien à répondre au large
Sans voix dans les dédales de l'eau

Pourquoi ne pouvons-nous prendre racine dans la mer
A la façon des noyés et des algues?
Nous porterions sans peine sur nos épaules
Le ciel bleu qui ne se fane pas mais rêve à des couleurs
Et la laine tiède des écumes
Et les fruits vénéneux du large
Où n'a mordu nulle lèvre humaine
Nous serions de retour dans l'infini jardin

Nous ne remplirons pas la mer de nos larmes
Nous soutiendrons plutôt de nos chants l'effort des tempêtes
Qui versent sur nos têtes leurs cris et leurs lessives
Et quand nos yeux délavés n'y verront plus rien
Nous saurons mieux encore ce qu'est la mer
Les écailles seront tombées qui nous couvrent le coeur
Et notre peau nacreuse sera enfin si blanche
Que nous ne craindrons plus l'amour fou des sirènes

A la santé des cieux du large
Dans les calices et les ciboires
Nous buvons goulûment la mer
Aucune eau ne nous désaltère
Nous avons soif de sel
Nos lèvres sont avides
Dans l'eau bleue, c'est toujours dimanche
Quand s'agenouillent les poissons d'or.

Depuis que le flot nous transporte
Nous avons pris goût à l'éternité
Nous avons de l'eau plein la tête
Et des cristaux de sel dans le sang
Nous nous souvenons mal de nos semblables
Dont se fanent les jardins
Et grandissent les enfants
Notre coeur est si bleu.

Z tomu „Une histoire de bleu”, 1992


Obrazek


[Nous connaissons par ouï-dire l'existence de l'amour]

Nous connaissons par ouï-dire l'existence de l'amour.

Assis sur un rocher ou sous un parasol rouge, allongés dans le pré bourdonnant d'insectes, les deux mains sous la nuque, agenouillés dans la fraîcheur et l'obscurité d'une église, ou tassés sur une chaise de paille entre les quatre murs de la chambre, tête basse, les yeux fixés sur un rectangle de papier blanc, nous rêvons à des estuaires, des tumultes, des ressacs, des embellies et des marées. Nous écoutons monter en nous le chant inépuisable de la mer qui dans nos têtes afflue puis se retire, comme revient puis s'éloigne le curieux désir que nous avons du ciel, de l'amour, et de tout ce que nous ne pourrons jamais toucher des mains.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „[Wiemy ze słyszenia, że istnieje miłość]”
w temacie Tęsknota


[La substance du ciel est d’une tendresse étrange]

„La substance du ciel est d’une tendresse étrange”.

L’azur, certains soirs, a des soins de vieil or. Le paysage est une icône. Il semble qu’au soleil couchant, le ciel qui se craquelle se reprenne un instant à croire à son bleu. Un jour inespéré se lève tandis que sur la mer la nuit prend ses appuis.
Lentement le mystère se déplace d’un coin de l’horizon à l’autre.

On ne saurait décrire la matière de ce moment ni sa couleur ; ce serait comme une conversation murmurée de la lumière avec l’obscurité, un geste, une bonne intention : l’inconnu prendrait soin de tout, et chacun saurait que sur cette terre il est à sa place, qu’elle est faite pour lui, que le malheur même n’y est qu’une erreur, un oubli bientôt réparé, ou l’état mal dégrossi du bonheur qui se dessine et dont le ciel du soir ne déliera pas la promesse.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „[Materia nieba ma w sobie przedziwną czułość]”
w temacie Oślepiony błyskiem, czyli o tym, co się mowie wymyka


[Ne croyez pas que tout ce bleu soit sans douleur]

Ne croyez pas que tout ce bleu soit sans douleur.

La mer n'est pas une image naïve épinglée dans la chambre au dessus du lit
parmi les peluches et les bijoux d'un sou.

Lorsque le coeur ne nous bat plus, nous guettons le grand large dans les flaques de la rue afin d'y laper notre misère et d'offrir à notre désir un semblant de ciel. Parfois, nous regardons intensément les yeux de nos semblables, espérant y trouver la mer
et y sombrer brièvement.

Nous frottons notre peau dans la chambre contre la peau d'autrui, en quête
d'une électricité bleue et de son bel arc de foudre.

Nous échangeons de loin en loin avec nos semblables des signaux de fumée. Les bras ballants, nous demeurons seuls sur la piste et mâchons sa poussière mouillée de larmes invisibles. Nous sommes ici pour peu de temps: quelques mots, quelques phrases, si peu sous les étoiles, rien que cela, parmi tout le reste. Du bleu dans la bouche, jusqu’à la dernière heure. Voix banche, voix tachée, conjurant la mort, épousant le mourir, écoutant sans effroi craquer les os du ciel et de la mer.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „[Nie sądźcie, że ten błękit nie wie, co to ból]”
w temacie Ból


[Horizon d'ardoise et de crassier]

Horizon d'ardoise et de crassier
L'immensité tout à coup se rétracte
Rictus de la mer, bourrée de vieux meubles
De crânes, de corps en vrac et de linges défraîchis
Ce qu'il reste de la Genèse et des complots ratés des dieux.

Le ciel dans son scaphandre noir dort d'un sommeil de brute
Le large a lâché la meute de ses chiens
La mort court à ses rendez-vous, vivre est une illusion d'optique.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „[Horyzont z łupków i żużlu]”
w temacie Marynistyka


[Neuf jours sur la mer comme dans une église]

Neuf jours sur la mer comme dans une église.

Seul avec les dieux, avec leur absence. La pression
de leurs mains invisibles sur mes épaules. Seul à
comparaître devant le bleu. Dans le grand dimanche
de la mer. Buvant l’espace comme un ivrogne.
Des goulées d’angoisse et de croyance. Désireux
d’ajouter encore du ciel au ciel et de l’eau salée à la
mer. Pleurant, baigné d’abîmes. Heureux de ne plus
me reconnaître.

J’aime allumer une cigarette au milieu de la mer.
C’est un minuscule point rouge sur le bleu. Un point
d’incandescence, de grésillement et de chaleur.
Il signifie que j’existe : je suis une graine, une pépite
d’homme, une parcelle d’âme en larmes, prête à
s’agenouiller comme à disparaître.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „[Dziewięć dni na morzu, zupełnie jak w kościele ]”
w temacie Marynistyka


[Âme/On ne peut le dire autrement]

Âme.

On ne peut le dire autrement.

Juste un mot rapide. Ouvrir très vite et refermer la bouche. Happper au vol un chiffon bleu. Pour cela dont on ne sait rien. Sinon la question sourde. La demande obstinée. Lidée que pour ce silence -là aussi il faut un mot. Pour cette attente et ce souci. Donner un contour approximatif au chagrin, plutôt qu'un nom à l'espérance. Rien à gagner non plus qu'à perdre. Juste un trou de plus dans la langue. Un courant d'air. Un souffle frêle. Celui-là même qui nous tient un vie et qui nous sera retiré après que nous lui aurons appris quelques phrases. Après que nous aurons récité tout le lexique de l'amour. Seuls bientôt avec ce mot-là. Fiévreux et bref. Orphelin de part en part. Un mot tel un couloir. On ne let murmure â personne; il n'ose pas nous venir aux lèvres. Il a peur de la langue autant que de la lumière du jour. Il n'a pas de paupières. Ses larmes ne coulent pas, mais są douleur est précise. Elle fixe. Elle interroge et veut savoir. Elle s'use à des visages. Elle cherche à se poser.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „[Dusza/Tego się nie da powiedzieć inaczej]”
w temacie Trochę o duszy


Z tomu „Domaine public”, 1998


Obrazek


[Le poète a pour écrire vingt-six lettres]

Le poète a pour écrire vingt-six lettres à sa disposition.
Il faut une limite à l'amour.
L'objet de la pensée se déplace à volonté. Le monde
est une affaire de rythme.
La virginité reste un problème intact. La capacité
élégiaque est un caractère sexuel secondaire.
Entre Millefeuille et Millevoye, l'âme qui meurt
grimpe aux cieux. Tant pis pour ceux qui restent !
La conjoncture économique exerce une influence
néfaste sur la pérennité des passions.
La dégénérescence sociale engendre la démence
chez les mouches et les nouveau-nés.
La mission du poète est de semer le trouble dans le
langage des hommes.
Mais l'assaut du mini-moustique s'avère en définitive
moins dangereux que celui de Tinfusoire.
D'aucuns prétendent que de grosses guêpes attaquent
en piqué les oiseaux en plein vol.
Chasser de nuit les éphémères demeure un jeu de
dupes. C'est pourquoi Ton offre aux enfants une motocyclette
à insectes :
Assemblée de morceaux légers, chromée des rayons
à la selle, elle favorise la juste compréhension de l'espace.
L'âme est un délicat objet manufacturé. La pensée a
des moeurs de fourmi ou d'abeille.
L'âne a de longues oreilles. Son pelage est d'un gris
plus terne que les plumes jaunes du coq.
Le coeur de l'homme fait peu de bruit. L'octosyllabe
est économe : juste de mots, juste de voix.
On entend dans le violoncelle battre le sang obscur
des morts. Les destinées ont la voix grave.
Les saints ne tournent pas la tête quand s'agenouillent
sur le pavé des filles en fleur vêtues de noir.
Le lyrisme tend vers la sentence. Toute plainte y
réclame son verdict.
Le sentiment du devoir est la forme moderne et
individuelle de la fatalité. Dommage que l'amour soit
impur.
Il faut pourtant que je vous dise : j'ai connu naguère
le bonheur de vivre, en mangeant des frites à Boston,
Seul en face d'une assiette de fish and chips à trois
dollars où miroitait la mer.
Charlotte avait sept ans et fumait des pétards. Et j'ai
deux fois vainqueur franchi le Potomac,
Fauve et charriant des plumes, des planches et des
poteaux. Un coeur d'enfant mûrit trop vite sous les
ardeurs de la poésie.
L'Amérique est un grand pays de poubelles et de
briques, de moquettes, de tuyaux de chauffage et d'eau
chaude,
Où même les morts dorment debout. Dans un petit
avion, ils font du ski céleste. Mon amour fut une piste
blanche.
Le matin et le soir, le ciel bleu est de couleur rose, le
ciel bleu est de couleur rouge. On appelle ça « soleil
couchant ».
Le siècle touche à sa fin. Le Roi de l'Amérique porte
une couronne de cierges et de pièces d'or.

Inne wiersze Jean-Michel Maulpoix w tematach: W poetyckim terrarium, Owady są wszędzie..., Spacery poetów, Śmierć, Miłość, Miej serce i patrzaj w serce, Oślepiony błyskiem, czyli o tym, co się mowie wymyka, Wiara, „Okrutną zagadką jest życie”...,
O przemijaniu..., Czym jest wiersz?, Marynistyka, Warszawa w poezji, Wspomnienia, Wiersze na różne pory dnia, Schyłek miłości..., Być poetą..., Los i przeznaczenie, Marzenia, Ruiny - dosłownie i w przenośni.
Ryszard Mierzejewski edytował(a) ten post dnia 30.03.12 o godzinie 13:27

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Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Jaques Dupin (ur. 1927) – francuski poeta i eseista, jeden z najwybitniejszych żyjących twórców literackich we Francji. Studiował w Paryżu prawo, historię sztuki i nauki polityczne. Debiutował w 1949 roku esejem pt. „Comment dire” w piśmie „Empédocle” kierowanym przez wybitnego poetę René Chara i pisarza Alberta Camus. Od tego też czasu datuje się przyjaźń Dupina i Chara, która trwała wiele lat. Pierwszy tom wierszy pt. „Cendrier du voyage” wydał w 1950 roku. Inne ważniejsze tomy: „Art poétique” (1956), „Les Brisants” (1958), „L'Épervier” (1960), „Gravir” (1963), „L'embrasure” (1969), „Dehors” (1975), „Le Désœuvrement” (1982), „Les Mères” (1986), „Echancré” (1991), „Le grésil” (1996), „Ecart”, „Coudrier” (2006). Wiersze Dupina tłumaczyły na polski: Krystyna Rodowska (w tomie jej autorstwa: Na szali znaków. Czternastu poetów francuskich, 2007) i Aleksandra Oledzka-Frybesowa (w tomie jej autorstwa: Metafizyczni poeci francuscy drugiej połowy XX wieku, 2009).

L'alliance

Cette boue séchera!
A la fêlure de la jarre, au tressaillement de ma douleur dans sa gangue, je sais que revient le vent.

Le vent qui se disperse et le vent qui rassemble, l'inintelligible, le vivant! Nous ne dormirons plus. Nous ne cesserons plus de voir. De pourvoir le feu.

Obscur horizon! Seule brûle la tranche d'un livre - quand je me détourne.

Ta nuque, plus bas que la pierre,
Ton corps plus nu
Que cette table de granit...

Sans le tonnerre d'un seul de tes cils,
Serais-tu devenue la même
Lisse et insaisissable ennemie
Dans la poussière de la route
Et la mémoire du glacier?

Amours anfractueuses, revenez,
Déchirez le corps clairvoyant. .

Le prisonnier

Terre mal étreinte, terre aride,
Je partage avec toi l'eau glacée de la jarre,
L'air de la grille et le grabat.
Seul le chant insurgé
S'alourdit encore de tes gerbes,
Le chant qui est à soi-même sa faux.

Par une brèche dans le mur,
La rosée d'une seule branche
Nous rendra tout l'espace vivant,

Etoiles,
Si vous tirez à l'autre bout.

Saccades (trois extraits...)

Langue de pain noir et d'eau pure,
Lorsqu'une bêche te retourne
Le ciel entre en activité.

Nos bras amoureux noircissent,
Nos bras ouvriers se nouent.

Juste la force
De basculer dans le ravin
Notre cadavre successif

Et ma bibliothèque de cailloux.

L'immobilité devenue
Un voyage pur et tranchant,

Tu attends ta décollation
Par la hache des ténèbres
De ce ciel monotone et fou.

Ah, qu'il jaillisse et retombe,
Ton sang cyclopéen,
Sur les labours harassés,
Et nos lèvres mortes!

L'Initiale

Poussière fine et sèche dans le vent,
Je t'appelle, je t'appartiens.
Poussière, trait pour trait,
Que ton visage soit le mien,
Inscrutable dans le vent.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „Inicjał”
w temacie Archetypy i symbole w poezji


Grand vent

Nous n’appartenons qu’au sentier de montagne
Qui serpente au soleil entre la sauge et le lichen
Et s’élance à la nuit, chemin de crête,
À la rencontre des constellations.
Nous avons rapproché des sommets
La limite des terres arables.
Les graines éclatent dans nos poings.
Les flammes rentrent dans nos os.
Que le fumier monte à dos d’hommes jusqu’à nous!
Que la vigne et le seigle répliquent
À la vieillesse du volcan!
Les fruits de l’orgueil, les fruits du basalte
Mûriront sous les coups
Qui nous rendent visibles.
La chair endurera ce que l’œil a souffert,
Ce que les loups n’ont pas rêvé
Avant de descendre à la mer.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „Wichura”
w temacie Motyw wiatru w poezji


* * *

Plus lourde d'être nue

ses vocalises meurtrières
son rire au fond de mes os

notre buisson quotidien
les balafres de la lumière

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej
pt. „***[Tym cięższa że naga...]” w temacie Nagość


* * *

Langue de pain noir et d'eau pure,
Lorsqu'une bêche te retourne
Le ciel entre en activité.

Nos bras amoureux noircissent,
Nos bras ouvriers se nouent.

Juste la force
De basculer dans le ravin
Notre cadavre successif

Et ma bibliothèque de cailloux.

przekład Krystyny Rodowskiej pt."***[Języku z czarnego
chleba i źródlanej wody...]" w temacie Śmierć


* * *

Ouverte en peu de mots,
comme par un remous, dans quelque mur,
une embrasure, pas même une fenêtre

pour maintenir à bout de bras
cette contrée de nuit où le chemin se perd,

à bout de forces une parole nue

przekład Krystyny Rodowskiej pt. "***[Wybity w kilku słowach...]"
w temacie W zamieci słowa...


Inne wiersze Jaquesa Dupin w tematach: Kruszce i minerały/Motyw kamienia, Nagość,
W głąb siebie...(„Szaleństwo i geniusz”), Miej serce i patrzaj w serce, Wędrówką życie jest człowieka, Wierność i zdrada, W harmonii z przyrodą, Kalendarz poetycki na cały rok
Anna B. edytował(a) ten post dnia 26.06.11 o godzinie 07:05
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Philippe Jaccottet (ur. 1925) – francuski poeta, tłumacz i eseista. Urodził się i dzieciństwo spędził w Moudon w Szwajcarii. Od 1933 roku mieszkał w Lozannie, tam ukończył studia.
W latach 1946-1953 mieszkał w Paryżu, gdzie pracował jako tłumacz. W 1953 roku, w wieku 28 lat, wycofał się z życia w stolicy Francji i zamieszkał wraz z żoną malarką Anne-Marie Haesler w maleńkim prowansalskim miasteczku Grignan. Pomimo mieszkania na prowincji,
z dala od dużych ośrodków kulturalnych, a także znanej niechęci do udzielania wywiadów, uważany jest za jednego z najwybitniejszych i najbardziej wpływowych współczesnych poetów francuskich. Pierwszy cykl wierszy pt. „Flammes noires”, dedykowany rodzicom, napisał w wieku 15 lat. Debiutował pięć lat później tomem „Trois poèmes” (Trzy poematy, 1945). Inne, ważniejsze tomy jego wierszy: „Requiem” (1947), „L'effraie et autres poésies” (Stodoła i inne wiersze, 1953), „La promenade sous les arbres” (Spacer pod drzewami, 1957), „L'ignorant: poèmes 1952-1956” (W niewiedzy: wiersze 1952-1956, 1957), „Élements d'une songe” (Elementy snu, 1961), „L'Obscurité” (Ciemność, 1961), „Leçons” (Lekcje, 1969), „Poésie: 1946-1969” (Poezje: 1946-1969, 1971), „Chants d'en bas” (Pieśni podrzędne, 1974), „À la lumière d'hiver” (W zimowym świetle, 1974),„Paysages avec figures absentes” (Pejzaże z nieobecnymi figurami, 1976), „Pensées sous les nuages” (Myśli pod chmurami, 1983), „La Semaison: Carnets 1954-1979” (Pora: karnety 1954-1979, 1984),
„Le Cerisier” (Wiśnia, 1986), „Autres journées” (Inne dni, 1987), „Cahier de verdure” (Zielnik, 1990), „Après beaucoup d'années” (Po wielu latach, 1994), „La Seconde Semaison: carnets 1980-1994” (Druga pora: karnety 1980-1994, 1996), „Un calme feu” (Cichy ogień, 2007), „Couleur de terre” (Kolory ziemi, 2009). Niektóre z tych książek publikowane były
w połączeniu z innymi we wznowieniach. Oprócz poezji, pisze też eseje krytyczne i tłumaczy poezję oraz prozę, głównie z niemieckiego i włoskiego. Jest laureatem wielu prestiżowych
i międzynarodowych nagród literackich, m. in.: Grand Prix de Poésie de la Ville de Paris (1985), Petrarca-Preis (1988), Grand Prix national de Poésie (1995), Friedrich-Hölderlin-Preis (1997), Horst-Bienek-Preis für Lyrik 2000), Prix des Charmettes (2002), Prix Goncourt de la poésie (2003), Prix Schiller (2010).
Utwory (wiersze i prozę poetycką) Philippe'a Jaccotteta tłumaczyły na polski: Agata Kozak, Aleksandra Olędzka-Frybesowa i Krystyna Rodowska. Poza kilkoma publikacjami w prasie literackiej, ukazały się one w dwujęzycznym zbiorze: Phillippe Jaccottet: Ten, który nie wie. Przekład: Aleksandra Oledzka-Frybesowa. Świat Literacki, Warszawa 2005 oraz w antologii: Krystyny Rodowskiej: Na szali znaków. Czternastu poetów francuskich. Biuro Literackie, Wrocław 2007.

Z tomu „L'effraie et autres poésies”, 1953


Obrazek

L'effraie

La nuit est une grande cité endormie
où le vent souffle... Il est venu de loin jusqu'à
l'asile de ce lit. C'est la minuit de juin.
Tu dors, on m'a mené sur ces bords infinis,
le vent secoue le noisetier. Vient cet appel
qui se rapproche et se retire, on jurerait
une lueur fuyant à travers bois, ou bien
les ombres qui tournoient, dit-on, dans les enfers.
(Cet appel dans la nuit d'été, combien de choses
j'en pourrais dire, et de tes yeux...) Mais ce n'est que
l'oiseau nommé l’effraie qui nous appelle au fond
de ces bois de banlieue. Et déjà notre odeur
est celle de la pourriture au petit jour,
déjà sous notre peau si chaude perce l’os,
tandis que sombrent les étoiles au coin des rues.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***[Noc to
ogromne miasto uśpione...]” w temacie Noce bezsenne...


Intérieur

Il y a longtemps que je cherche à vivre ici,
dans cette chambre que je fais semblant d'aimer,
la table, les objets sans soucis, la fenêtre
ouvrant au bout de chaque nuit d'autres verdures,
et le coeur du merle bat dans le lierre sombre,
partout des lueurs achèvent l'ombre vieillie.

J'accepte moi aussi de croire qu'il fait doux,
que je suis chez moi, que la journée sera bonne.
Il y a juste, au pied du lit, cette araignée
(à cause du jardin), je ne l'ai pas assez
piétinée, on dirait qu'elle travaille encore
au piège qui attend mon fragile fantôme...

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „Wnętrze”
w temacie Dom


Débris

(le fragment)

Quand la nuit est déjà descendue assez bas,
les seuls bruits qui demeurent sont des cornes brumeuses,
des bouches murmurant rapprochées, pas grand-chose
qu'on puisse nommer d'un nom seulement familier,
ou simple, ou un peu clair. Puis, quand enfin s'éloignent
au-delà des stations de ceinture désertes,
les dernières plaintes, les derniers phares (portant leurs feux
dès lors aux magasins de banlieue), les derniers
passants glacés, alors tout est prêt pour qu'elle crie,
la voix qui va saigner sur moi jusqu'au matin.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „Okruchy”
w temacie Wiersze na różne pory dnia


Z tomu „L'ignorant (poèmes 1952-1956)”, 1957


Obrazek

L'ignorant

Plus je vieillis et plus je crois en ignorance,
plus j'ai vécu,moins je possède et moins je règne.
Tout ce que j'ai,c'est un espace tour à tour
enneigé ou brillant,mais jamais habité
Où est le donateur,le guide,le gardien?
Je me tiens dans ma chambre et d'abord je me tais
(le silence entre en serviteur mettre un peu d'ordre)
où j'attends qu'un à un les mensonges s'écartent
que reste-t-il à ce mourant
qui l'empêche de si bien mourir?Quelle force
le fait parler entre ces quatre murs?
Pourrai-je le savoir,moi l'ignare et l'inquiet,
Mais je l'entends vraiment qui parle,et sa parole
pénètre avec le jour,encore que bien vague.

„Comme le feu,l'amour n'établit sa clarté
que sur la faute et la beauté des bois en cendres...”

przekład Aleksndry Olędzkiej-Frybesowej pt. „Ten,
który nie wie” w temacie Trudne pytania


La voix

Qui chante là quand toute voix se tait? Qui chante
avec cette voix sourde et pure un si beau chant?
Serait-ce hors de la ville, à Robinson, dans un
jardin couvert de neige? Ou est-ce là tout près,
quelqu'un qui ne se doutait pas qu'on l'écoutât?
Ne soyons pas impatients de le savoir
puisque le jour n'est pas autrement précédé
par l'invisible oiseau. Mais faisons seulement
silence. Une voix monte, et comme un vent de mars
aux bois vieillis porte leur force, elle nous vient
sans larmes, souriant plutôt devant la mort.
Qui chantait là quand notre lampe s'est éteinte?
Nul ne le sait. Mais seul peut entendre le cœur
qui ne cherche la possession ni la victoire.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „Głos”
w temacie Głosy i dźwięki, szepty i krzyki


Z tomu „Poésie (1946-1967)”, 1971


Obrazek

* * *

Une paille très haut dans l’herbe
ce léger souffle à ras de terre :
qu’est-ce qui passe ainsi d’un corps à l’autre?
Une source échappée au bercail des montagnes,
un tison?

On n’entend pas d’oiseaux parmi ces pierres
seulement, très loin, des marteaux

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Słomka bardzo wysoko o świcie...]”
w temacie Wstrzymaj się chwilo, jesteś tak piękna!...


* * *

Je marche
Dans un jardin de braises fraîches
sous leur abri de feuilles
un charbon ardent sur la bouche

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Idę...]”
w temacie Wstrzymaj się chwilo, jesteś tak piękna!...


* * *

La terre tout entière visible
mesurable
pleine de temps
suspendue à une plume qui monte
de plus en plus lumineuse

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Ziemia całkiem widzialna...]”
w temacie Wstrzymaj się chwilo, jesteś tak piękna!...


* * *

J'ai de la peine à renoncer aux images

Il faut que le soc me traverse
miroir de l'hiver, de l'âge

Il faut que le temps m'ensemence

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Trudno mi wyrzec się obrazów...]”
w temacie Wstrzymaj się chwilo, jesteś tak piękna!...


* * *

L'oeil:
une source qui abonde

Mais d'où venue ?
De plus loin que le plus loin
de plus bas que le plus bas

Je crois que j'ai bu l'autre monde

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Oko...]” w temacie
Gdy otworzysz oczy wydaje ci się już, że widzisz


* * *

Qu’est que le regard?

un dard plus aigu que la longue
la course d’un excès à l’autre
du plus profond au plus lointain
du plus sombre au plus pur

un rapace

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Czym jest spojrzenie?...]”
w temacie Gdy otworzysz oczy wydaje ci się już, że widzisz


* * *

Peu m’importe le commencement du monde

Maintenant ses feuilles bougent
maintenant c’est un arbre immense
dont je touche le bois navré

Et la lumière à travers lui
brille de larmes

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Mało obchodzi mnie początek świata...]”
w temacie Gdy otworzysz oczy wydaje ci się już, że widzisz


* * *

Une aigrette rose à l'horizon
un parcours de feu

et dans l'assemblée des chênes
la huppe étouffant son nom

Feux avides, voix cachées
courses et soupirs

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Różowa czapla
na horyzoncie...]” w temacie Pierzaści bracia mniejsi


Le secret

Fragile est le trésor des oiseaux. Toutefois,
Puisse-t-il scintiller toujours dans la lumière!

Telle humide forêt peut-être en a la garde,
Il m'a semblé qu'un vent de mer nous y guidait,
Nous le voyions de dos devant nous comme une ombre...
Cependant, même à qui chemine à mon côté,
même à ce chant je ne dirai ce qu'on devine
dans l'amoureuse nuit. Ne faut-il pas plutôt
laisser monter aux murs le silencieux lierre
de peur qu'un mot de trop ne sépare nos bouches
et que le monde merveilleux ne tombe en ruine?

Ce qui change même la mort en ligne blanche
au petit jour, l'oiseau le dit à qui l'écoute.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej
pt. „Tajemnica” w temacie Pierzaści bracia mniejsi


Aube

un cirait qu.un aieu se reveille,
regarde serres et fontaines

Sa rosée sur nos murmures
nos sueurs

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „Świt”
w temacie Wiersze na różne pory dnia


* * *

Fruits avec le temps plus bleus
Comme endormis de songe sous un masque
Dans la paille enflammée
Et la poussière d'arrière-été

Nuit miroitante

Moment où l'on dirait que la source même prend feu.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Owoce coraz bardziej
niebieskie...]” w temacie Wiersze na różne pory dnia


* * *

Toute fleur n'est que de la nuit
Qui feint de s'être rapprochée

Mais là d'où son parfum s'élève
Je ne puis espérer d'entrer
C'est pourquoi tant il me trouble
et me fait si longtemps veiller
devant cette porte fermée

Toute couleur, toute vie
naît d'où le regard s'arrête

Ce monde n'est que la crête
d'un immense incendie

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Wszelki kwiat
należy do nocy...]” w temacie Zapach w poezji


Sur les pas de la lune

M'étant penché en cette nuit à la fenêtre,
je vis que le monde était devenu léger
et qu'il n'y avait plus d'obstacles. Tout ce qui
nous retient dans le jour semblait plutôt devoir
me porter maintenant d'une ouverture à l'autre
à l'interieur d'une demeure d'eau vers quelque chose
de très faible et de très lumineux comme l'herbe :
j'allais entrer dans l'herbe sans aucune peur,
j'allais rendre grâce à la fraîcheur de la terre,
sur les pas de la lune je dis oui et je m'en fus...

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „Śladami
księżyca” w temacie Wędrówką życie jest człowieka


* * *

Et moi maintenant tout entier dans la cascade céleste,
enveloppé dans la chevelure de l'air,
ici, l'égal des feuilles les plus lumineuses,
suspendu à peine moins haut que la buse,
regardant,
écoutant -
et les papillons sont autant de flammes perdues,
les montagnes autant de fumées -,
un instant, d'embrasser le cercle entier du ciel
autour de moi, j'y crois la mort comprise,

Je ne vois presque plus rien que la lumière,
les cris d'oiseaux lointains en sont les noeuds,

la montagne?

Légère cendre
au pied du jour.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej
pt. „***[I oto jestem teraz...]" w temacie Śmierć


* * *

Écris vite ce livre, achève vite aujourd'hui ce poème
avant que le doute de toi ne te rattrape,
la nuée des questions qui t'égare et te fait broncher,
ou pire que cela...

Cours au bout de la ligne,
comble ta page avant que ne fasse trembler
tes mains la peur — de t'égarer, d'avoir mal, d'avoir peur,
avant que l'air ne cède à quoi tu es adossé
pour quelque temps encore, le beau mur bleu.
Parfois déjà la cloche se dérègle dans le beffroi d'os
et boite à en fendre les murs.

Écris, non pas "à l'ange de l'Église de Laodicée",
mais sans savoir à qui, dans l'air, avec des signes
hésitants, inquiets, de chauve-souris,
vite, franchis encore cette distance avec ta main,
relie, tisse en hâte, encore, habille-nous,
bêtes frileuses, nous taupes maladroites,
couvre-nous d'un dernier pan doré de jour
comme le soleil fait aux peupliers et aux montagnes.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***
[Pisz szybko tę książkę...]” w temacie Być poetą...


Z tomu „À la lumière d'hiver”, 1977


Obrazek

* * *

Autrefois,
Moi l’effrayé, l’ignorant, vivant à peine,
Me couvrant d’images les yeux,
J’ai prétendu guider mourant et morts.

Moi, poète abrité,
Epargné, souffrant à peine,
Aller tracer des routes jusque-là !

A présent, lampe soufflée,
Main plus errante, qui tremble,
Je recommence lentement dans l’air.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***
[Dawniej...]” w temacie Być poetą...


* * *

Je ne voudrais plus qu'éloigner
ce qui nous sépare du clair,
laisser seulement la place
à la bonté dédaignée.

J'écoute les hommes vieux
qui se sont accordés aux jours,
j'apprends à leurs pieds la patience:

ils n'ont pas de pire écolier.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***[Chciałbym
już tylko oddalić...]” w temacie Być poetą...


* * *

Muet. Le lien des mots commence à se défaire
aussi. Il sort des mots
Frontière. Pour un peu de temps
nous le voyons encore.
Il n'entends presque plus.
Hélerons-nous cet étranger s'il a oublié
notre langue, s'il ne s'arrête plus pour écouter?
Il a affaire ailleurs.
Il n'a plus affaire à rien.
Même tourné vers nous,
c'est comme si on ne voyait plus que son dos.

Dos qui se voûte
pour passer sous quoi?

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***[Milczy.
Więź pomiędzy słowami...]” w temacie Milczenie


* * *

Y aurait-il des choses qui habitent les mots
plus volontiers, et qui s'accordent avec eux
- ces moments de bonheur qu'on retrouve dans les poèmes
avec bonheur, une lumière qui franchit les mots
comme en les effaçant – et d'autres choses
qui se cabrent contre eux, les altèrent, qui les détruisent:

comme si la parole rejetait la mort,
ou plutôt, que la mort fît pourrir
même les mots?

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***[Czy możliwe,
że istnieje coś takiego...]” w temacie W zamieci słowa...


* * *

Plutôt, le congé dit, n'ai-je plus eu qu'un seul désir:
m'adosser à ce mur
pour ne plus regarder à l'opposé que le jour,
pour mieux aider les eaux qui prennent source en ces montagnes
à creuser le berceau des herbes,
à porter sous les branches basses des figuiers,
à travers la nuit d'août,
les barques pleines de brûlants soupirs

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***[Właściwie,
kiedy rozstanie jest już faktem...]” w temacie Rozstania


* * *

Il y a la peine, qui ravine,
il y a le froid qui gagne,
quelquefois c'est comme si l'on n'avait plus de peau,
seulement la pierre des os :
une cage de pierre avec au centre un foyer froid,
une espèce de geôle où l'on ne sait
s'il y a encore à délivrer,
et la clef heurtant les barreaux
fait un bruit dur et mat.

La peine a pris racine avec des cordes jaunes
comme l'ortie
et le visage s'est assombri.
Il est des plantes si tenaces
que le feu seul peut en avoir raison.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***
[Jest ból, który żłobi bruzdy...]” w temacie Ból


* * *

Plus aucun souffle.
Comme quand le vent du matin
a eu raison
de la dernière bougie.
Il y a en nous un si profond silence
qu’une comète
en route vers la nuit des filles de nos filles,
nous l’entendrions.

przekład Krystyny Rodowskiej pt. „***
[Już przestał oddychać...]” w temacie Śmierć


Z tomu „Pensées sous les nuages”, 1983


Obrazek

* * *

Les nuages se bâtissent en lignes des pierres
l'une sur l'autre,
légère voûte ou arche grise.

Nous pouvons porter peu de chose,
à peine une couronne de papier doré;
à la première épine
nous crions à l'aide et nous tremblons.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***[Chmury się
układają...] w temacie Chmury i obłoki w poetyckiej wyobraźni


* * *

Maintenant nous montons dans ces chemins de montagne,
parmi des prés pareils à des lisières
d'où le bétail des nuages viendrait de se relever
sous le bâton du vent.
On dirait que de grandes formes marchent dans le ciel.
La lumière se fortifie, l'espace croît,
les montagnes ressemblent de moins en moins à des murs,
elles rayonnent, elles croissent elles aussi,
les grands portiers circulent au-dessus de nous -
et le mot que la buse trace lentement, très haut,
si l'air l'efface, n'est-ce pas celui que nous pensions
ne plus pouvoir entendre?
Qu'avons-nous franchi là?
Une vision, pareille à un labour bleu?
Garderons-nous l'empreinte à l'épaule, plus d'un instant, de cette main?

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. ***[Wspinamy się teraz...]”
w temacie Góry, poezja i my


* * *

On voit les écoliers courir à grands cris
dans l'herbe épaisse du préau.

Les hauts arbres tranquilles
Et la lumière de dix heures en septembre
Comme une fraîche cascade
Les abritent encore de l'énorme enclume
Qui étincelle d'étoiles par-delà

przekład Aleksandry-Olędzkiej-Frybesowej pt. „***[... Widać, jak dzieci
głośno krzycząc biegną...]"w temacie Dziecko jest chodzącym cudem...


* * *

Voilà que désormais
toute musique de jadis lui monte aux yeux
en fortes larmes:

"Les giroflées, les pivoines reviennent,
l'herbe et le merle recommencent,
mais l'attente, où est-elle? Où sont les attendues?
N'aura-t-on plus jamais soif?
Ne sera-t-il plus de cascade
pour qu'on en serre de ses mains la taille fraîche?

Toute musique désormais
vous bâte d'un faix de larmes."

Il parle encore, néanmoins,
et sa rumeur avance comme le ruisseau en janvier
avec ce froissement de feuilles chaque fois
qu'un oiseau effrayé fuit en criant vers l'éclaircie.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. "***[I odtąd...]
w temacie Poezja i muzyka


* * *

Le poète tardif écrit :

„Mon esprit s'effiloche peu à peu.

Même la passerose et la mésange me semblent lointaines,
et le lointain de moins en moins sûr.

J'en arriverais presque à demander
qu'on me décharge de ce sac de lumière:
drôle de gloire!”

Qui de vous, beautés, répondra?

N'en sera-t-il pas une d'entre vous
pour, même sans rien dire, se tourner vers lui?

Comme il s'égaille, le troupeau des sources
qu'on avait cru conduire un jour dans ces prairies...

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***
[Starzejący się poeta pisze...]” w temacie Starość


Z tomu „La Semaison (Carnets 1954-1979)”, 1984


Obrazek

* * * (fragm.)

…Beauté: perdue comme une graine, livrée aux vents, aux orages, ne faisant nul bruit, souvent perdue, toujours détruite; mais elle persiste à fleurir, au hasard, ici, là, nourrie par l'ombre, par la terre funèbre, accueillie par la profondeur. Légère, frêle, presque invisible, apparemment sans force, exposée, abandonnée, livrée, obéissante - elle se lie à la chose lourde, immobile; et une fleur s'ouvre au versant des montagnes. Cela est. Cela persiste contre le bruit, la sottise, tenace parmi le sang et la malédiction, dans la vie impossible à assumer, à vivre; ainsi, l'esprit circule en dépit de tout, et nécessairement dérisoire, non payé, non probant. Ainsi, ainsi faut-il poursuivre, disséminer, risquer des mots, leur donner juste le poids voulu, ne jamais cesser jusqu'à la fin - contre, toujours contre soi et le monde, avant d'en arriver à dépasser l'opposition, justement à travers les mots - qui passent la limite, le mur, qui traversent, franchissent, ouvrent, et finalement parfois triomphent en parfum, en couleur - un instant, seulement un instant.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***[... Piękno: zagubione jak ziarno...]”
w temacie Piękno


* * *

Considérez le ciel solaire
à l'heure de l'extrême incandescence :
c'est là qu'il nous faut traverser.

Des barques croisent dans ce lac de lumière.

Aiguisez mieux votre regard :
vous les verrez franchir sans bruit cette brume éblouie
et, par-delà, s'ancrer dans les eaux de la nuit
pour y Plonger éternellement leurs filets dans
les profondeurs.

przekład Aleksandry Olędzkiej Frybesowej pt. "***[Uważnie patrzcie
w rozsłonecznione niebo...]" w temacie Gdy otworzysz oczy
wydaje ci się już, że widzisz


Z tomu „Cahier de verdure”, 1990


Obrazek

* * *

L'enfant s'est accroupi
aux pieds de la très vieille et douce dame
en robe noire d'un autre temps.

Dans la corbeille,
encore toute enroulée,
la laine de sa vie,
et les ciseaux.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***[Dziecko
przykucnięte...” w temacie Dziecko jest chodzącym cudem...


* * *

Oui: c'est la lumière qu'il faut à tout prix maintenir. Quand les yeux commencent à n'y plus voir, ou rien que des fantômes, rien que des ombres ou des souvenirs, il faut produire des sons qui la préservent, radieuse, dans l'ouïe. Quand celle-ci défaille, il faut la transmettre par le bout des doigts comme une étincelle ou une chaleur. Il faut essayer de croire que, de ce corps de plus en plus froid et fragile (dont souvent on aimerait mieux se détourner) est en passe de s'enfuir à tire-d'aile une figure invisible dont nos oiseaux familiers, le rouge-gorge, la mésange ne seraient que les turbulents ou craintifs reflets dans ce monde-ci.

Une fois toute repliée la lumière du monde
qui nous empêchera d'aimer encore la servante invisible
commise au soin de ces piles et de ces plis?

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej pt. „***[Tak: teraz właśnie światło...]”
w temacie Światło


Z tomu „Après beaucoup d'années”, 1994


Obrazek

* * *

On a vécu ainsi,vêtu d'un manteau de feuilles;
puis il se troue et tombe peu à peu en loques.

Là-dessus vient la pluie, inépuisable,
éparpillant les restes du soleil dans la boue.

Laissons cela:
bientôt nous n'aurons plus besoin que de lumière.

przekład Aleksandry Olędzkiej-Frybesowej
pt. „***[Więc tak żyliśmy...]” w temacie Światło
Ten post został edytowany przez Autora dnia 09.06.13 o godzinie 23:09
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Jacques Burko (1933-2008) – francuski poeta i tłumacz poezji polskiej i rosyjskiej.
Urodził się w Warszawie w rodzinie polskich Żydów. W dzieciństwie przez cztery lata mieszkał na Wołyniu, gdzie obok jidisz i polskiego, mówiono też po rosyjsku i ukraińsku.
Po najeździe Niemiec hitlerowskich na ZSRR, był deportowany z rodzicami do Kazachstanu, gdzie uczęszczał do szkoły rosyjskiej. Do Polski rodzina Burko powróciła w 1946 roku, ale
w obawie przed represjami antysemickimi już po roku matka wyemigrowała z nim do Francji, zmieniając mu pierwotne imię Jakub na Jacques, zaś ojciec osiedlił się w Izraelu. Jacques ukończył studia techniczne i jako inżynier zjeździł świat, budując zakłady chemiczne.
W latach 60-tych z uwagi na swój zawód był inwigilowany przez polską Służbę Bezpieczeństwa, która próbowała za jego pośrednictwem uzyskać dostęp do odpadów radioaktywnych. Do rozpracowania jego osoby SB wykorzystała pisarza Aleksandra Minkowskiego, który z pobytu u Jacques'a Burko napisał nawet książkę pt. „Wyprawa na
rue Lepic” (1967).
Jacques Burko dopiero na emeryturze poświęcił się swojej pasji z młodości, tj. literaturze. Pisał książki historyczne, był wydawcą serii książek poetyckich, m. in. w znanym wydawnictwie Buchet-Chastel, wykładowcą na Sorbonie, gdzie prowadził zajęcia na temat przekładu literackiego. Sam przekładał literaturę polską i rosyjską. Tłumaczył na francuski
m. in. poezję Zbigniewa Herberta, Juliana Tuwima, Wisławy Szymborskiej, Jerzego Ficowskiego, prozę Edwarda Stachury, Andrzeja Szczypiorskiego, Krzysztofa Niemczyka
i Piotra Bednarskiego, a z rosyjskiego: wiersze Anny Achmatowej, Aleksandra Puszkina
i Włodzimierza Majakowskiego.
Wiersze pisał od początku lat pięćdziesiątych XX wieku, ale nigdy ich nie publikował. W rok po jego śmierci wydano we Francji ich wybór pt. Certidoutes. Choix de poèmes. Ed. Buchet-
-Chastel, Paris 2009.
Tom ten ukazał się też w Polsce, w dwujęzycznym francusko-polskim wydaniu: Jacques Burko: Wątpewności. Wybór wierszy/Certidoutes. Choix de poemes. Przekład
i posłowie Tomasz Różycki. Wydawnictwo Literackie, Kraków 2011.
Wiersze Jacques'a Burko,
w których można odnaleźć wpływy takich poetów, jak Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Guillaume Appollinaire czy Louis Aragon, odznaczają się dużą oryginalnością leksykalną
i stylistyczną, czego przykładem może być już sam tytuł jednego z cykli jego wierszy, który posłużył potem francuskiemu i polskiemu wydawcy za tytuł opublikowanego tomu jego utworów: „certidoutes – wątpewności”.

Z tomu „Certidoutes. Choix de poèmes”, 2009


Obrazek


Chansons et Exercices (1952-2003)

* * *


Le clapotis calme tout près
- Tango plus loin
La nuit très douce, faite exprès
pour être bien

Oui, mais toi, tu es ailleurs
et ça, c'est bête
Parce qu'ici je n'ai ni coeur
ni même la tête

- Et tout ce qui reste à ma déroute
à ma caresse
c'est une photo qui m'écoute
aux longues tresses

(août 1954)

przekład Tomasza Różyckiego pt. „***[Cichy plusk
całkiem stąd blisko...] w temacie Schyłek miłości


* * *

Hier
hier j'ai pensé
au samedi passé
Demain j'attendrai mercredi
Dis, toi
Que j'aime
qui me sais tant
comment vivre tout le temps

la jolie farandole

feuillette le jour
les minutes qu'ils volent
à mon amour
mon grand amour fragile
ne va pas bien
tournent tournent
stériles
les mots anciens

Petite jolie blanche
mon bel émoi
en calmes avalanches
tu roules en moi

(195?)

przekład Tomasza Różyckiego pt.”***
[Wczoraj...]” w temacie O przemijaniu...


Certidoutes (1958-1984)

* * *


L'air est aujourd'hui d'une pureté extraordinaire
Chargeons vite nos cartouches à tuer le naturel qui
ne se veut pas chanson mais en sourdine erre
et au moindre geste des •plus préliminaires
pose comme une belle. Qui-
pro-quo qui s'étire dure et me désespère

et voici un poème qui n'aura pas de père

(Paris 1961-1962)

przekład Tomasza Różyckiego pt. „***[Powietrze
jest dziś...]” w temacie Czym jest wiersz?


* * *

Mes ancêtres m'ignorent de leurs orbites opaques
l'oubli m'en venge
De mon fauteuil bancal je suis le roi d'un monde
sublime fange

les enfants me grignotent de leurs jolies dent grises
il ne .faut pas que je m'en formalise

et pourquoi donc ils feraient attention à nous
alors que nous n'avons rien fait pour nos pères
Et pourquoi 'vouloir laisser un trou dans l'ave-
nir alors qu'il m'est égal de ne pas faire de sillage dans le passé

Paris, avril 1976)

przekład Tomasza Różyckiego pt. „***[Przodkowie mają
mnie w nosie...]” w temacie Przodkowie – bliżsi i dalsi


* * *

un jour on t'appellera d'une voix ordinaire
pour mourir

mourir mourir

tu poseras l'ouvrage d'une main qui s'attarde
et tu te lèveras avec dans la poitrine
ce vide vide que parfois tu avais pressenti
tu ne verras plus rien de tes yeux grands ouverts
et tu t'étonneras
tiens mes jambes me portent
braves et belles et bonnes jambes
droit vers le rectangle de la porte

maman

je reviens enfin

vive la liberté

(Paris, février 1978)

przekład Tomasza Różyckiego pt. „***[Pewnego
dnia ktoś cię zawoła...]” w temacie Śmierć


Insomnie

Deux gisants parallèles dans la nuit se démènent
lourdes gouttes de temps sourdes gouttes de temps
à chacun son acmé à chacun son étang
sauras-tu te passer de Simon de Cyrène

Mon bras contre ton bras où bat le pouls nocturne
tu respires à peine les apparences sauves
Cancerangoisse hurle dresse Sur ses cothurnes
quel vacarme à mol au feu la nuit est mauve

L'écureuil engourdi de mes pensées nocturnes
trouvera le répit à l'heure de stridence
La chambre siffle aux oreilles la nuit qui nous ceinture
ne donnera la paix qu'avec l'effritement ce-
pendant je me débats à gésir immobile
malgré le sang qui bat pour préserver ton erre

Sans pouvoir est Janus de nos cosolitudes
c'est d'une langue froide que mère-nuit nous lèche
bourlingueurs malhabiles nous nous retournons lège
et notre main est vide devant les attendus de
ce Minos dont les verdicts nous étonnèrent
alors que nous croyions encore atteindre l'île

(février 1980-avril 1983)

przekład Tomasza Różyckiego pt. „Bezsenność”
w temacie Noce bezsenne...


Provisoir (1985-1988)

Provisoire VII


Sombres chambres de l'enfance
bronze bois et velours vert
Sur les lieux de mes absences
vient rôder un courant d'air

Il dérange mes .désordres
il arrange le passé
il fait grincer une corde
qui était pourtant cassée

Et soudain mes yeux. s'absentent
et le soir devient matin
de nouveau je suis la sente
de coulemelles et de daims

De nouveau je suis confiance
de nouveau j'attends demain
Pour un souvenir d'enfance
Pour une ombre de parfum

(décembre 1986)

przekład Tomasza Różyckiego pt. „Prowizorka VII”
w temacie Wspomnienia


Motif pour une boîte à mugique

Je joue devant la cheminée
avec ma pièce de monnaie

Le sort pour se moquer peut-être
me l'a jeté de sa fenêtre

À la fontaine de Trevi
ce sou promet une autre vie

Mais à plat dos sur ma moquette
il n'assouvit aucune quête

Jeu d'imbécile jeu débile
peser l'amour à face ou pile

Et où allons-nous donc ainsi
tous sur cette glace amincie

Dans la cheminée de décembre
ma pièce roule dans la cendre

avril 1987)

przekład Tomasza Różyckiego pt. „Motyw
do katarynki” w temacie Los i przeznaczenie


Le Porte parole (1956-2007)

Parfois


Les morts, on les enterre
chaque jour

Parfois on pleure on dît oui oui .faites pour le mieux
parfois on marchande le cercueil et la pierre
parfois on retourne au cimetière
parfois

On continue
on fontctionne on actionne
on continue

Il vient seulement dans la ville
des lieux d'ombre
on ne les évite pas
enfin

- on les traverse avec cette ombre
à côté
en soi

et la mémoire d'autrefois

parfois

Paris, novembre 1997)

przekład Tomasza Różyckiego
pt. „Niekiedy” w temacie Pamięć


Redites

Depuis des centaines de milliers d'années
les hommes pensent
depuis des milliers d'années
ils écrivent car ils pensent
depuis des centaines d'années
ils écrivent ce qu'ils pensent en français
là-dessus j'arrive
naïf pensant souffrant
qu'écrirai-je
en oubliant ceux qui ont Cout écrit

Tout?

(Paris, 22 janvier 2000)

przekład Tomasza Różyckiego pt. „Powtórki” w temacie
Powtórki: zamierzone, przypadkowe, nieudane...


Le vent marin

Le vent enjambe les collines
le vent de la mer le marin
opaline son amertume
énerve les chiens et les vieux

Les frênes agitent les palmes
plantés dans leurs troncs étêtés
l'été est sec le calme soleil
boit l'eau des sources alanguies

à l'envi les anciens radotent
il n'y a point à espérer
la pluie d'ici le mois d'octobre
et prient la sainte Météo

sous le soleil les bras leur pendent
pendant qu'ils errent sans raison
brûlé le pré le vent s'acharne
la fenaison est décharnée

Le vent enjambe les collines
il lèche les adrets brûlants
les enfants roulent sur la pente
sous le vent la vie à l'arrêt

(?-23 octobre 2003)

przekład Tomasz Różyckiego pt. „Morski wiatr”
w temacie Motyw wiatru w poezji


Fidélité

Sur la tombe de ma mère il y a une pierre
Inlassable. elle dit d'une voix monotone
Eugenia Burko née Lipszowicz 1897-1967
Nuit et jour elle dit
Eugenia Burko née Lipsowicz
Je le dis rarement
Je n'y pense pas tout le temps
La pierre est plus fidèle que moi

(avril 2007)

przekład Tomasz Różyckiego pt. „Wierność”
w temacie Wierność i zdrada


Inne wiersze Jaques'a Burko w tematach: Miłość, Miłości sprzed lat, Listy poetyckie,
Żydzi, judaizm i kultura żydowska w poezji, Autoportert w lustrze wiersza, Sonet,
Samotność, W głąb siebie... („Szaleństwo i geniusz”), Nasze miejsca
Ryszard Mierzejewski edytował(a) ten post dnia 29.08.11 o godzinie 21:18

Temat: W języku Baudelaire'a

Artur Rimbaud - zamiast zyciorysu fragmenty filmu A. Holland "Całkowite zaćmienie" (Total Eclipse) o przyjazni i milosci pomiedzy Rimbaud i Verlaine. Na tle zdjec filmowych spiewa Hubert-Félix Thiéfaine, (zwany HFT) piosenke pt "Rimbaud" z wlasnym tekstem i muzyka.

http://www.youtube.com/watch?v=pmQxgIdZBlE&feature=rel...

*
A. Rimbaud - Sezon w piekle - Delirie, II Alchemia słowa

Larme

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Dans un brouillard d'après-midi tiède et vert ?

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
- Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert !
Boire à ces gourdes jaunes, loin de ma case
Chérie ? Quelque liqueur d'or qui fait suer.

Je faisais une louche enseigne d'auberge.
- un orage vint chasser le ciel. Au soir
L'eau des bois se perdaient sur les sables vierges,
Le vent de Dieu jetait des glaçons aux mares ;

Pleurant, je voyais de l'or - et ne pus boire. -
*

Łza

Z dala od ptaków, od trzody, od wieśniaczek,
Cóż to piłem na klęczkach, we wrzosowisku
Otoczony przez czuły leszczynowy krzew,
W mgliście ciepłym i zielonym popołudniu?

Cóż mógłbym pić w tej młodocianej Sekwanie*
Muszle bezglośne, trawnik bez kwiecia, chmurne
niebo! Pić z pożółkłych sakw, z dala od mojej
chaty Lubej? likieru efekty potne.

Byłem tu podejrzanym szyldem gospody
Burza wyczyściła niebo. Wieczorem
Źródło wiło się w piaskach dziewiczych
Boski wiatr ciskał w stawy gradem

Płacząc, widziałem złoto –a spijać go nie mogłem

Maj 1872

-
przekład Marta Pycior

* W oryginale jest wspomniana rzeka Oise, która wpada do Sekwany, a która jest mniej znana. Jako tlumacz zdecydowałam się na zmianę nazwy rzeki aby nie przeszkodzić w odczytaniu tego fragmentu wiersza jako zródła.Marta Pycior edytował(a) ten post dnia 12.01.12 o godzinie 03:30
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Albane Gellé (ur. 1971) - poetka francuska. Urodziła się w Guerande. Dzieciństwo spędziła w Nantes i La Rochelle. Ukończyła filologię francuską na Uniwersytecie w Nantes, pisząc pracę magisterską na temat poezji Anthony'ego Emaza. Po studiach poświęciła się twórczości poetyckiej, którą łączyła z pracą pedagogiczną, m. in. związała się jako wolontariuszka z Domem Poezji w Nantes, gdzie organizowała spotkania autorskie i wykłady na temat poezji współczesnej. Obecnie mieszka w Samur, gdzie współorganizowała i kieruje stowarzyszeniem „Littérature et Poétiques”, kontynuując działalność rozpoczętą w Nantes, prowadzi też warsztaty poetyckie. Wydała zbiory wierszy: „À partir d’un doute”,1993 ; „Hors du Bocal”,1997; „En toutes circonstances”, 2001; „De père en fille”, 2001; „Un bruit de verre en elle”, 2002; „L’air Libre”, 2002; „Aucun silence bien sûr”, 2002; ; „Je te nous aime” 2004; „Quelques”, 2004; „Je, cheval”, 2007; „Bougé(e)”, 2009; „Nous valsons”, 2012; „Pointe des pieds sur le balcon” , 2012; „Si je suis de ce monde”, 2012; „Voilà „ 2012; „Où que j’aille”, 2014. Jest laureatką wielu prestiżowych nagród literackich, m. in. tzw. Nagrody Odkrywców (Le Prix des Découvreurs) w 2003 roku za tom poezji „L’air Libre”. Jej wiersze nie były dotąd tłumaczone na język polski, ani w Polsce publikowane.

Z tomu „Un bruit de verre en elle”, 2002


Obrazek


* * *

une femme elle reste à la fenêtre elle ne
se jette pas par-dessus bord elle n'ouvre
pas elle regarde la vitre ou quelque chose
dehors derrière la vitre on n'en sait rien
elle ne dit rien de ce qu'elle voit est-ce
qu'elle voit seulement et puis son front
il est collé ça fait de la buée sur cette vitre
qui la sépare du monde

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[Kobieta
nieruchoma w oknie...]” w temacie Blask (wysokich) okien


       
Z tomu „L’air Libre”, 2002


Obrazek


* * *

le petit cheval blanc dans ma tête il n'est pas seulement dans ma tête il est blanc il est dehors je vais avec lui voir les oiseaux les rivières tout ce qui est grand et vert il m'emmène toute entière il porte mes doutes mes humeurs alors galoper disperse abandonne allège

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[mały biały koń w mojej głowie...]”
w temacie Fantomy wyobraźni


* * *

Il y a toujours dans la nuit un homme qui
ne dort pas qui regarde le ciel ou ne
regarde rien un homme épargné par tout
ce noir qui ronge un homme n’importe
qui un homme qui se sent plus vivant que
le jour et la nuit réunis cet homme est déjà
mort ou n’est pas encore né peu importe

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[Zawsze w nocy
jest człowiek...]” w temacie Noce bezsenne

       
      
       
Z tomu „Aucun silence bien sûr”, 2002


Obrazek


* * *

je manque de répartie ça c'est depuis
longtemps surtout quand le coeur fait un
boucan à l'intérieur c'est peut-être que les
mots ne sont pas à la bonne place il
faudrait les faire refroidir et moi mes
mots ils sont toujours un peu trop dedans
émus

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[brakuje mi
riposty...]” w temacie W zamieci słowa...

       
             
Z tomu „Je te nous aime” 2004


Obrazek


* * *

il
avait mis quelques poèmes dans sa
main, comme on attire les pigeons.
Elle était jeune, elle n’a rien vu,
Trop près s’est approchée.

elle
lentement enfonce ses doigts dans
le sable de la plage, voudrait se
rappeler le goût du sucre roux,
sur l’étagère de la cuisine

elle
quand il dort, se sent si seule.
hésite à prendre son carnet, pour
une fois voudrait ne pas écrire

il
dort à côté d’elle, allongée qui
écrit. Lequel des deux fait de beaux
rêves ?

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[on wziął
kilka wierszy...]” w temacie Marzenia

       
      
Z tomu „Quelques”, 2004


Obrazek


* * *

D'un étage à un autre, les murs s'écrivent de mots,
qu'on n'ose pas dire avec la bouche. Entre voisins, si on demande,
c'est pas les gens d'ici qui ont fait çà.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[Od jednego
piętra do drugiego...]” w temacie Dom


* * *

Derrière les grandes fenêtres, tout en haut,
c'est le soleil tout rouge qui
la retient dans cet appartement, pas sauvage

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[Za dużymi oknami,
zupełnie wysoko...]” w temacie Dom


* * *

Très doucement les pas, en même temps
que la voix, alors qu'elle pose sur la table deux tasses
avec des mains de femme, le monde retrouve ses couleurs

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[Bardzo delikatnie,
w tym samy czasie, co...]” w temacie Dom


       
      
Z tomu „Je, cheval”, 2007


Obrazek


* * *

Je, le cheval, l’animal vivant, le corps, le sauvage.
Je, dans le cheval, comme dedans l’écriture. Avec
l’indomptable l’équilibre l’inconnu le jamais acquis.
l’extrême attention au monde...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[Ja, koń...]”
w temacie Jak wysłowić konia czerń...?


* * *

Ouvrages livrés avec des gardes noires, pages non coupées
            en tête, papier vergé
créme, composition typographique au plomb.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[Książki ozdobne
z czarną ochroną...]” w temacie Moja biblioteka

       
      
Z tomu „Nous valsons”, 2012


Obrazek


* * *

avec le bout du pied
nous jetons querelles
dans le caniveau, nous attendons
des trains dans de petites gares
en écoutant les recommandations
des uns des autres au revoir écris-moi
je te quitte mais je t’aime
tu me promets je te promets
nous
nous éloignons

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt.
„***[z końca stopy...]” w temacie Rozstania


* * *

dans un abri nous conversons
avec des pierres, des musiques
le cerisier n’est pas tous les jours
dans sa saison de fleurs, nous sommes
des valseurs nous valsons

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[w ukryciu
rozmawiamy...]” w temacie Poezja i taniec


* * *

sur la table salade verte
nous vidons les cendriers
sans le bruit ni les images
d’une télévision
nous choisissons les voix
qui entrent dans la cuisine
nous inventons des phrases

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[na stole
zielona sałata...]” w temacie Być poetą...


* * *

nous donnons à boire aux plantes
et quand
le jour se lève nous éteignons
la lumière électrique
nous épluchons
les mois d’hiver des mandarines
dehors inquiets depuis des lustres

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[dajemy drinka
roślinom...]” w temacie Być poetą...


* * *

quelques dimanches nous rangeons
les chambres et les conversations
nous profitons aussi
du soleil
et cueillons des pâquerettes
sur les pelouses en pente

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[w niektóre niedziele
porządkujemy...]” w temacie Wiersze na każdy dzień tygodnia
Ten post został edytowany przez Autora dnia 27.08.14 o godzinie 10:22
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Louis-Honoré Fréchette (1839-1908) - kanadyjski poeta, prozaik, dramaturg i polityk. Urodził się w St.-Joseph-de-la-Pointe-Levy w Quebecu. W latach 1854-1860 studiował filologię klasyczną w Petit Seminaire de Québec, Collége de Sainte-Annede-la-Pocatiere
i w Seminarium Nicolet, a w 1863 roku – prawo na Uniwersytecie w Laval. Po studiach prowadził praktykę adwokacką, był dziennikarzem i wydawcą, urzędnikiem na kolei, a także angażował się w lokalną politykę. W 1876 roku poślubił córkę bogatego kupca z Montrealu,
z którą miał pięcioro dzieci. Wiano żony pozwoliło mu na całkowite poświęcenie się pracy literackiej i utorowanie drogi do uznania przez Akademię Francuską. W 1880 roku został uhonorowany prestiżową Prix Montyon i stał się nieoficjalnie narodowym poetą Kanady. Wydał tomy poezji” „Mes loisirs” (1863), „La Voix d’un exilé” (1866), „La Découverte du Missisippi” (1873), „Pele-mele” (1877), „Poésies choisies” (1879), „Les Fleurs boréales” (1979), „Les Oiseaux de neige” (1881), „La Légende d’un peuple” (1887), „Feuilles volantes” (1890). Oprócz poezji pisał też powieści, opowiadania, dramaty, pamflety, kroniki historyczne oraz pamiętniki. Jego utwory nie były dotąd tłumaczone na język polski, ani
w Polsce publikowane, oprócz moich wcześniejszych przekładów na naszym forum i moim blogu Ludzie wiersze piszą...
        
        
Z tomu „Mes loisirs”, 1863


Obrazek


La Nymphe de la fontaine

Baigne mes pieds du cristal de tes ondes,
Ô ma fontaine! et sur ton frais miroir,
Laisse tomber mes longues tresses blondes
Flottant au gré de la brise du soir!

Nymphe des bois, sur ton bassin penchée,
J’aime à rêver à l’ombre des roseaux,
Quand une feuille à sa tige arrachée,
Ride en tombant la nappe de tes eaux.

J’aime à plonger ma taille gracieuse
Dans tes flots noirs chantant sous les glaïeuls,
Quand de la nuit l’ombre silencieuse
Étend son aile au-dessus des tilleuls.

Oh! j’aime à voir tes vagues miroitantes
Multiplier les flambeaux de la nuit!
Oh! j’aime à voir, sous tes algues flottantes,
Le voile bleu d’une ondine qui fuit!

Tombe toujours en cascade légère!
Roule toujours en bouillons écumeux!
Baise en passant les touffes de fougère
Et porte au loin tes flots harmonieux!

Pour t’écouter, la nuit calme et sereine
Semble endormir les derniers bruits du jour...
Coule toujours, enivrante fontaine!
Coule toujours, fontaine, mon amour!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Nimfa z fontanny”
w temacie Fontanna – co poetów i kochanków skłania do zadumy...


Louise

Un soir, elle était là, rêveuse, à mes côtés;
Le torrent qui grondait nous lançait son écume;
Son oeil d’azur jetait ses premières clartés,
Comme un jeune astre qui s’allume!

Sa main touchait ma main, et sur mon front brûlant,
Ses cheveux noirs flottaient; je respirais à peine...
Et sur mes yeux émus je sentais en tremblant
Passer le vent de son haleine!

Mon Dieu, qu’elle était belle! et comme je l’aimais!
Oh! comme je l’aimais, ma Louise infidèle!
Infidèle! que dis-je?... Elle ne sut jamais
Que je me fus damné pour elle!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Luiza”
w temacie Miłość


Souvenir

Le bal était fini, les danses terminées;
L'orchestre avait cessé son délirant accord;
Mon pied distrait foulait bien des roses fanées;
Le bal était fini!... moi, je rêvais encor!

Je l'avais entrevue... oh! qu'elle était charmante!
Qu'elle était gracieuse avec ses cheveux d'or!
J'avais vu tout un ciel dans sa prunelle ardente...
Mais elle était partie... et je rêvais encor!

Je ne l'ai plus revue... et mon âme inquiète
A voulu vainement chercher d'autres amours,
Car depuis ce soir-là, pour le pauvre poète,
Bien des jours sont passés et j'y rêve toujours

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Wspomnienie”
w temacie Wspomnienia


Sur une fleur

Talisman de l’amour, symbole d’espérance,
Oh! ne ternis jamais ton reflet éclatant!
Et sois toujours pour moi la fleur de souvenance,
Comme la fleur d’azur que Jean-Jacques aimait tant!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Na kwiat”
w temacie Miłość

        
        
              Le Poète-bohême

L’égoïsme


Qui donc vient frapper à ma porte?...
Encor ce mendiant!... Encor!
Tu souffres, dis-tu?... Que m’importe
Tes souffrances?... moi, j’ai de l’or!
Que m’importe ta face blême?...
Pour vivre n’as-tu pas des bras?
Souffre, vilain bohême!
Souffre! et ne te plains pas!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Egoizm”
w temacie Między bogactwem a ubóstwem


L’amitié

Poursuis, enfant, ta noble route!
Il est des coeurs d’amis encor...
As-tu froid? as-tu faim?... Écoute!
Viens avec moi: voici de l’or!
Chante! Ton brillant diadème
Nargue le monde et les ingrats...
Chante, pauvre bohême!
Chante! et ne maudis pas!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Przyjaźń”
w temacie O przyjaźni w poetyckich strofach


L’amour

Transi dans ta pauvre mansarde,
Chante, poète aux rimes d’or!
Chante! car le bon Dieu te garde
Des fleurs et du soleil encor...
Chante au moins pour celle qui t’aime...
Écoute! on t’applaudit là-bas.
Chante, pauvre bohême!
Chante! et ne pleure pas!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Miłość”
w temacie Bohema, cyganeria artystyczna


Le Poète

Ta voix me retient à la vie...
Merci! noble et sainte Pitié!
Oh! moi, c’est tout ce que j’envie:
Un peu d’amour et d’amitié.
Malheur à celui qui blasphème,
Quand il a ces fleurs sous ses pas!...
Oh! le pauvre bohême,
Lui, ne l’oubliera pas.

przekład Ryszarda Mierzejewskeigo pt. „Poeta”
w temacie Być poetą...

        
        
Z tomu „Les Fleurs boréales, les oiseaux de neige”, 1881


Obrazek


Les Oiseaux blancs

Quand, sur nos plaines blanches,
Le givre des hivers
Commence à fondre aux branches
Des sapins toujours verts;
Quand chez nous se fourvoie
Avril, le mois des fleurs,
Le printemps nous envoie
Ces gais avant-coureurs.

Du froid, de la neige,
Des vents et des eaux,
Que Dieu vous protège,
Petits oiseaux!

Loin des rives plus douces,
Loin des climats bénis,
Où d’autres dans les mousses
Cachent déjà leurs nids,
Votre essor se déploie
Ves nos pâles séjours:
C’est mai qui vous envoie
Nous parler des beaux jours.

Du froid, de la neige,
Des vents et des eaux,
Que Dieu vous protège,
Petits oiseaux!

Quand votre aile soyeuse,
Petits oiseaux, parait,
Plus d’une âme est joyeuse,
Qui naguère pleurait;
Oui, vous faites de joie
Bien des cœurs s’émouvoir:
C’est Dieu qui vous envoie,
Doux messagers d’espoir!

Du froid, de la neige,
Des vents et des eaux,
Que Dieu vous protège,
Petits oiseaux!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Białe ptaki”
w tematach: Pierzaści bracia mniejsi i Zima


Seul

Un jour, errant, perdu dans un désert sans borne,
Un pâle voyageur cheminait lentement;
Autour de lui dormait la solitude morne,
Et le soleil brûlait au fond du firmament.

Pas une goutte d'eau pour sa lèvre en détresse!
Pas un ombrage frais! pas un souffle de vent!
Nulle herbe, nul gazon; et la plaine traîtresse
N'offre à son pied lassé que du sable mouvant.

Il avance pourtant ; mais la route s'allonge ;
Il sent à chaque pas son courage tarir ;
Un nombre désespoir l'envahit quand il songe
Qu'il va falloir bientôt se coucher pour mourir.

Il se roidit en vain sous le poids qui l'accable;
Il marche encore, et puis s'arrête épouvanté;
Sur son sein haletant, cauchemar implacable,
Il sent avec effroi peser l'immensité!

Fatigué de sonder l'horizon qu'il implore,
Sans forée, il tombe enfin sur le sable poudreux;
Et son regard mourant semble chercher encore
Les vertes oasis et leurs palmiers ombreux.

Voyageurs égarés au désert de la vie.
Combien de malheureux, vaincus par la douleur,
Dans leur illusion sans cesse poursuivie,
Meurent sans avoir vu l'oasis du bonheur!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Samotny”
w tematach: Samotość i Dla nas śpiewa pustynia...


Le Niagara

L'onde majestueuse avec lenteur s'écoule ;
Puis, sortant tout à coup de ce calme trompeur,
Furieux, et frappant les échos de stupeur,
Dans l'abîme sans fond le fleuve immense croule.

C'est la Chute ! son bruit de tonnerre fait peur
Même aux oiseaux errants, qui s'éloignent en foule
Du gouffre formidable où l'arc-en-ciel déroule
Son écharpe de feu sur un lit de vapeur.

Tout tremble ; en un instant cette énorme avalanche
D'eau verte se transforme en monts d'écume blanche,
Farouches, éperdus, bondissant, mugissant…

Et pourtant, ô mon Dieu, ce flot que tu déchaînes,
Qui brise les rochers, pulvérise les chênes,
Respecte le fétu qu'il emporte en passant.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Niagara”
w temacie Motyw wodospadu


Amitié
        
                                À Mlle N***

Je connais un petit ange
Lequel n’a jamais mouillé
Sa blanche robe à la fange
Dont notre monde est souillé.

C’est lui qui donne le change
Au pauvre cœur dépouillé
Que l’amour, vautour étrange,
D’un bec cruel a fouillé.

Cet ange, qui vous ressemble,
Sous son aile nous rassemble:
C’est la divine Amitié.

Son regard est doux et calme;
Il m’offre sa chaste palme…
En voulez-vous la moitié?

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Przyjaźń” w temacie
Angelologia i dal..., czyli motyw anioła w poezji


Toast à la France

Mes amis, buvons à la France,
À la France, qui fut toujours
Le plus profond de nos amours,
Et notre plus sainte espérance!

À la France des nouveaux jours,
Qui sut souffrir sans défaillance,
Et dont l'indomptable vaillance
Nous promet d'éclatants retours!

Buvons à la France, à sa gloire,
Aux fiers héros de son histoire,
À sa grandeur, à ses succès!

Et - s'il lui faut brandir le glaive -
À la revanche qui se lève!
À l'unité du sol français!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Toast za Francję”
w temacie Toasty wierszem wznoszone

       
        
              L'année Canadienne

Janvier


La tempête a cessé. L’éther vif et limpide
A jeté sur le fleuve un tapis d’argent clair,
Où l’ardent patineur à l’envol intrépide
Glisse, un reflet de flamme à son soulier de fer.

La promeneuse, loin de son boudoir tépide,
Bravant sous les peaux d’ours les morsures de l’air,
Au son des grelots d’or de son cheval rapide,
À nos yeux éblouis passe comme un éclair.

Et puis, pendant les nuits froidement idéales,
Quand, au ciel, des lambeaux d’aurores boréales
Battent de l’aile ainsi que d’étranges oiseaux,

Dans les salons ambrés, nouveaux temples d’idoles,
Aux accords de l’orchestre, au feu des girandoles,
Le quadrille joyeux déroule ses réseaux.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Styczeń”
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Avril

La neige fond partout; plus de lourde avalanche.
Le soleil se prodigue en traits plus éclatants;
La sève perce l'arbre en bourgeons palpitants
Qui feront sous les fruits, plus tard, plier la branche.

Un vent tiède succède aux farouches autans;
L'hirondelle est absente encor; mais en revanche
Des milliers d'oiseaux blancs couvrent la plaine blanche,
Et de leurs cris aigus rappellent le printemps.

Sous l'effluve fécond il faut que tout renaisse...
Avril c'est le réveil, avril c'est la jeunesse.
Mais quand la Poésie ajoute: mois des fleurs -

Il faut bien avouer - nous que trempe l'averse,
Qu'entraîne la débâcle, ou qu'un glaçon renverse -
Que les poètes sont d'aimables persifleurs.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Kwiecień”
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Mai

Hozanna! La forêt renaît de ses ruines;
La mousse agrafe au roc sa mante de velours;
La grive chante ; au loin les grands boeufs de labours
S'enfoncent tout fumants dans les chaudes bruines;

Le soleil agrandit l'orbe de son parcours;
On ne sait quels frissons passent dans les ravines;
Et dans l'ombre des nids, fidèle aux lois divines,
Bientôt va commencer la saison des amours!

Aux échos d'alentour chantant à gorge pleine,
Le semeur, dont la main fertilise la plaine,
Jette le froment d'or dans les sillons fumés.

Sortons tous ; et, groupés sur le seuil de la porte,
Aspirons à loisir le vent qui nous apporte
Comme un vague parfum de lilas embaumés!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Maj”
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Août

C’est la fenaison; personne ne chôme.
Dès qu’on voit du jour poindre les blancheurs,
En groupes épars, les rudes faucheurs
Vont couper le foin au sauvage arôme.

Au bord des ruisseaux, d’indolents pêcheurs
Des saules pensifs dorment sous le dôme;
Et, le soir venu, l’air qui nous embaume
Apporte déjà d’étranges fraîcheurs.

Mais, quand midi luit sur les fondrières,
Deux à deux, cherchant de blondes clairières
Où la mousse étend son beau tapis vert,

Des couples rieurs vont sous la feuillée
Par un beau ciel d’or tout ensoleillée,
Le panier au bras, mettre le couvert.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Sierpień”
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Octobre

Les feuilles des bois sont rouges et jaunes;
La forêt commence à se dégarnir;
L'on se dit déjà: l'hiver va venir,
Le morose hiver de nos froides zones.

Sous le vent du nord tout va se ternir...
Il ne reste plus de vert que les aulnes,
Et que les sapins dont les sombres cônes
Sous les blancs frimas semblent rajeunir.

Plus de chants joyeux! plus de fleurs nouvelles!
Aux champs moissonnés les lourdes javelles
Font sous leur fardeau crier les essieux.

Un brouillard dormant couvre les savanes;
Les oiseaux s'en vont, et leurs caravanes
Avec des cris sourds passent dans les cieux!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Październik”
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Décembre

Le givre étincelant, sur les carreaux gelés,
Dessine des milliers d'arabesques informes ;
Le fleuve roule au loin des banquises énormes ;
De fauves tourbillons passent échevelés.

Sur la crête des monts par l'ouragan pelés,
De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes ;
Les sapins sont tout blancs de neige, et les vieux ormes
Dressent dans le ciel gris leurs grands bras désolés.

Des hivers boréaux tous les sombres ministres
Montrent à l'horizon leurs figures sinistres ;
Le froid darde sur nous son aiguillon cruel.

Evitons à tout prix ses farouches colères ;
Et, dans l'intimité, narguant les vents polaires,
Réchauffons-nous autour de l'arbre de Noël.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Grudzień”
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


              
Z tomu „La Légende d’un peuple”, 1887


Obrazek


La Forêt

Chênes au front pensif, grands pins mystérieux,
Vieux troncs penchés au bord des torrents furieux,
Dans votre rêverie éternelle et hautaine,
Songez-vous quelquefois à l’époque lointaine
Où le sauvage écho des déserts canadiens
Ne connaissait encor que la voix des Indiens,
Qui, groupés sous l’abri de vos branches compactes,
Mêlaient leur chant de guerre au bruit des cataractes?

Sous le ciel étoilé, quand les vents assidus
Balancent dans la nuit vos longs bras éperdus,
Songez-vous à ces temps glorieux où nos pères
Domptaient la barbarie au fond de vos repaires?
Quand, épris d’un seul but, le cœur plein d’un seul vœu,
Ils passaient sous votre ombre en criant: - Dieu le veut!
Défrichaient la forêt, créaient des métropoles;
Et, le soir, réunis sous vos vertes coupoles.
Toujours préoccupés de mille ardents travaux.
Soufflaient dans leurs clairons l’esprit des jours, nouveaux?

Oui, sans doute; témoins vivaces d’un autre âge,
Vous avez survécu tout seuls au grand naufrage
Où les hommes se sont l’un sur l’autre engloutis;
Et, sans souci du temps qui brise les petits,
Votre ramure, aux coups des siècles échappée,
À tous les vents du ciel chante notre épopée!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Las” w temacie
Chodzę lasem, zostawiam nie ślady, lecz tropy...

        
        
Z tomu „Feuilles volantes”, 1891

À une orpheline
             Heureux le cœur de l’homme à qui Dieu n’a pas
            demandé de larmes pour letombeau d’une mère.


                                                ChS Sainte-Foi


Dis, mon ange, pourquoi cette pâleur étrange?
Pourquoi ton doux regard semble-t-il s’attrister?
La beauté sur ta joue a posé sa main d’ange;
Tu ne devrais savoir que sourire et chanter.

L’existence, il est vrai, perd bien vite ses charmes:
J’ai vu de jeunes fronts blanchis avant le temps;
Mais l’œil des chérubins ne verse pas de larmes,
Et la bise d’automne est muette au printemps.

Laisse à ton père, à moi, soucis et peine amère,
Fardeau qui bien souvent fait plier nos genoux...
Mais, entre deux sanglots, ta lèvre a dit: “Ma mère!”
Ah ! pauvre ange, pardon: viens pleurer avec nous!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “Do sieroty”
w temacie Samotność


Noëls!

Le lourd battant de fer bondit dans l’air sonore,
Et le bronze en rumeur ébranle ses essieux...
Volez, cloches, grondez, clamez, tonnez encore,
Chantez paix sur la terre et gloire dans les cieux!

Sous les dômes ronflants des vastes basiliques,
L’orgue répand le flot de ses accords puissants;
Montez vers l’Éternel, beaux hymnes symboliques,
Montez avec l’amour, la prière et l’encens!

Enfants, le doux Jésus vous sourit dans ses langes;
À vos accents joyeux laissez prendre l’essor;
Lancez vos clairs noëls: là-haut les petits anges
Pour vous accompagner penchent leurs harpes d’or.

Blonds chérubins chantant à la lueur des cierges,
Cloche, orgue, bruits sacrés que le ciel même entend,
Sainte musique, au moins, gardez chastes et vierges,
Pour ceux qui ne croient plus, les légendes d’antan.

Et quand de l’an nouveau l’heure sera sonnée,
Sombre airain, cœurs naïfs, claviers harmonieux,
Pour offrir au Très-Haut l’aurore de l’année,
Orgues, cloches, enfants, chantez à qui mieux mieux!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “Boże Narodzenie!”
w temacie Wiersze na Boże Narodzenie


Épilogue

A vingt ans, poète aux abois,
Quand revenait la saison rose,
J'allais promener sous les bois
Mon coeur morose.

A la brise jetant, hélas!
Le doux nom de quelque infidèle,
Je respirais les frais lilas
En rêvant d'elle.

Toujours friand d'illusions,
Mon coeur, que tout amour transporte,
Plus tard à d'autres visions
Ouvrit sa porte.

La gloire sylphe décevant
Si prompt à fuir à tire-d'aile,
A son tour m'a surpris souvent
A rêver d'elle.

Mais maintenant que j'ai vieilli,
Je ne crois plus à ces mensonges;
Mon pauvre coeur plus recueilli
A d'autres songes.

Une autre vie est là pour nous,
Ouverte à toute âme fidèle:
Bien tard, hélas! à deux genoux,
Je rêve d'elle!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Epilog”
w temacie Marzenia


Inne wiersze Louis-Honoré Fréchette'a w temacie
Kalendarz poetycki na cały rok, s. 21, s. 23, s. 25, s. 27, s. 28Ten post został edytowany przez Autora dnia 30.05.15 o godzinie 16:18
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a

Jacques Brel
        
        
Dans le Port d'Amsterdam


Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui chantent
Les rêves qui les hantent
Au large d'Amsterdam

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dorment
Comme des oriflammes
Le long des berges mornes

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui meurent
Pleins de bière et de drames
Aux premières lueurs

Mais dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui naissent
Dans la chaleur épaisse
Des langueurs océanes

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui mangent
Sur des nappes trop blanches
Des poissons ruisselants

Ils vous montrent des dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans

Et ça sent la morue
Jusque dans le coeur des frites
Que leurs grosses mains invitent
A revenir en plus

Puis se lèvent en riant
Dans un bruit de tempête
Referment leur braguette
Et sortent en rotant

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui dansent
En se frottant la panse
Sur la panse des femmes

Et ils tournent et ils dansent
Comme des soleils crachés
Dans le son déchiré
D'un accordéon rance

Ils se tordent le cou
Pour mieux s'entendre rire
Jusqu'à ce que tout à coup
L'accordéon expire

Alors le geste grave
Alors le regard fier
Ils ramènent leur batave
Jusqu'en pleine lumière

Dans le port d'Amsterdam
Y a des marins qui boivent
Et qui boivent et reboivent
Et qui reboivent encore

Ils boivent à la santé
Des putains d'Amsterdam
De Hambourg ou d'ailleurs
Enfin ils boivent aux dames

Qui leur donnent leur joli corps
Qui leur donnent leur vertu
Pour une pièce en or
Et quand ils ont bien bu

Se plantent le nez au ciel
Se mouchent dans les étoiles
Et ils pissent comme je pleure
Sur les femmes infidèles

Dans le port d'Amsterdam
Dans le port d'Amsterdam

http://www.youtube.com/watch?v=n2kkr0e_dTQ

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "W porcie Amsterdam"
w temacie Poezja śpiewana
Ten post został edytowany przez Autora dnia 05.02.17 o godzinie 17:55
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a

Jacques Brel
           
             
              Au printemps


Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier
Notre-Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment
Pour l'ombre d'un regard en riant

Toutes les filles
Vous donneront leurs baisers
Puis tous leurs espoirs
Vois tous ces cœurs
Comme des artichauts
Qui s'effeuillent en battant
Pour s'offrir aux badauds
Vois tous ces cœurs
Comme de gentils mégots
Qui s'enflamment en riant
Pour les filles du métro

Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier
Notre-Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment
Pour l'ombre d'un regard en riant

Tout Paris
Se changera en baisers
Parfois même en grand soir
Vois tout Paris
Se change en pâturage
Pour troupeaux d'amoureux
Aux bergères peu sages
Vois tout Paris
Joue la fête au village
Pour bénir au soleil
Ces nouveaux mariages

Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier
Notre-Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment
Pour l'ombre d'un regard en riant

Toute la Terre
Se changera en baisers
Qui parleront d'espoir
Vois ce miracle
Car c'est bien le dernier
Qui s'offre encore à nous
Sans avoir à l'appeler
Vois ce miracle
Qui devait arriver
C'est la première chance
La seule de l'année

Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur
Sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier
Notre-Dame du bon temps
Au printemps

Au printemps
Au printemps

http://www.youtube.com/watch?v=pXJt2oQ-AMU

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Na wiosnę”
w temacie Nim przyjdzie wiosna...
Ten post został edytowany przez Autora dnia 25.03.17 o godzinie 00:12
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
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wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Charles Cros , wł. Émile-Charles Cros Hortensius (1842-1888) – francuski poeta i wynalazca. Niedoszły lekarz i nauczyciel chemii w szkole dla głuchoniemych. Był pionierem badań nad telegrafem, fotografią kolorową i fonografem. Pisał też wiersze i monologi satyryczne, które wygłaszał na deskach paryskich kabaretów. Wydał tom wierszy: „Le Coffret de santal” (Kuferek z drzewa sandałowego, 1873; wyd. 2 poszerzone 1879), poematy "Le Fleuve" (Rzeka, 1874 - włączony do drugiego wydania "Le Coffret...", 1979) i "La Vision du grand canal royal des deux mers " (Wizja wielkiego kanału królewskiego dwóch mórz, 1888). Pośmiertnie wydano tom poezji „Le Collier de griffes” (Naszyjnik z pazurów, 1908). Zarówno jego pionierskie prace wynalazcze, jak i twórczość literacka nie były docenione za jego życia. Jedną z głównych tego przyczyn był brak środków finansowych na ich urzeczywistnienie. Cros zmarł przedwcześnie, w nędzy i zapomnieniu w wieku 46 lat. Jego twórczość poetycka była wysoko ceniona przez zaprzyjaźnionych z nim „poetów wyklętych”: Paula Verlaine'a i Arthura Rimbauda, ale dla świata literackiego odkryta została dopiero przez surrealistów. W Polsce do dzisiaj znana jest z dwóch zaledwie wierszy przełożonych przez Stefana Napierskiego w jego antologii „Od Baudelaire'a do nadrealistów” (1933). W 2014 r. na łamach sieciowego pisma "Libertas. Miesięcznik ludzi wolnych" opublikowano pierwszy wybór wierszy Charlesa Crosa w przekładzie Ryszarda Mierzejewskiego: Charles Cros - Wybór wierszy.

Z tomu „Le Coffret de santal” (1873), 1879


Obrazek


La Vie idéale

                                À May

Une salle avec du feu, des bougies,
Des soupers toujours servis, des guitares,
Des fleurets, des fleurs, tous les tabacs rares,
Où l’on causerait pourtant sans orgies.

Au printemps lilas, roses et muguets,
En été jasmins, œillets et tilleuls
Rempliraient la nuit du grand parc où, seuls
Parfois, les rêveurs fuiraient les bruits gais.

Les hommes seraient tous de bonne race,
Dompteurs familiers des Muses hautaines,
Et les femmes, sans cancans et sans haines,
Illumineraient les soirs de leur grâce.

Et l’on songerait, parmi ces parfums
De bras, d’éventails, de fleurs, de peignoirs,
De fins cheveux blonds, de lourds cheveux noirs,
Aux pays lointains, aux siècles défunts.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „Wymarzone życie" w temacie Marzenia


Roses et muguets

        Au comte Charles de Montblanc

Dans le vallon qu’arrose
L’eau courante, j’allais
Un jour cueillir la rose,
La rose et les muguets.

Mon amoureux qui n’ose
Rien me dire, y passait;
Moi je cueillais la rose,
La rose et le muguet.

Oh vilain! oh morose!
Au nez je lui riais,
Tout en cueillant la rose,
La rose et les muguets.

Sur l’herbe je me pose
En jetant mon bouquet,
Mon beau bouquet de rose,
De rose et de muguet.

Dis-moi donc quelque chose!
Les oiseaux sont plus gais
Gazouillant à la rose,
Becquetant les muguets.

N’aye pas eur qu’on glose.
Le lézard fait le guet
Couché sur une rose,
Caché dans le muguet.


Mais sur ma bouche close
Son baiser me narguait.
Tes lèvres sont de rose
Et tes dents de mugue.


Le méchant! Il est cause
(Moi qui tant me moquais!)
Que dans l’eau court ma rose,
Ma rose et mes muguets.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „Róże i konwalie” w temacie Kwiaty


Romance

       À Philippe Burty

Le bleu matin
Fait pâlir les étoiles.
Dans l'air lointain
La brume a mis ses voiles.
C'est l'heure où vont,
Au bruit clair des cascades,
Danser en rond,
Sur le pré, les Dryades.

Matin moqueur,
Au dehors tout est rose.
Mais dans mon cœur
Règne l'ennui morose.
Car j'ai parfois
À son bras, à cette heure,
Couru ce bois.
Seule à présent j'y pleure.

Le jour parait,
La brume est déchirée,
Et la forêt
Se voit pourpre et dorée.
Mais, pour railler
La peine qui m'oppresse,
J'entends piailler
Les oiseaux en liesse.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Romanca”
w temacie Zaśpiewam ci pieśń


Transition

                                              À Édouard Manet

Le vent, tiède éclaireur de l’assaut du printemps,
Soulève un brouillard vert de bourgeons dans les branches.
La pluie et le soleil, le calme et les autans,
Les bois noirs sur le ciel, la neige en bandes blanches,
Alternent. La nature a comme dix-sept ans,
Jeune fille énervée, oscillant sur ses hanches,
Riant, pleurant, selon ses caprices flottants.

Pas encor le printemps, mais ce n’est plus l’hiver.
Votre âme, ô ma charmante, a ces heures mêlées.
Les branches noires sont pleines d’un brouillard vert.
Les mots méchants et les paroles désolées,
Sur vos lèvres, bouton d’églantine entrouvert,
Cessent à mes baisers. Ainsi les giboulées
Fondent, et le gazon s’émaille à découvert.

Votre moue est changée en rire à mes baisers,
Comme la neige fond, pâle retardataire,
Aux triomphants rayons du soleil. Apaisés,
Vos yeux, qui me jetaient des regards de panthère,
Sont bien doux maintenant. Chère, vous vous taisez
Comme le vent neigeux et froid vient de se taire.
Votre joue et le soir sont tièdes et rosés.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Przemiana”
w temacie Metamorfozy


Destinée

                À Leconte de Lisle

Quel est le but de tant d’ennuis?
Nous vivons fiévreux, haletants,
Sans jouir des fleurs au printemps,
Du calme des nuits.

Pourquoi ces pénibles apprêts,
Ces labeurs que le doute froid
Traverse, où nous trouvons l’effroi?
Pour mourir après?

Mais non. L’éternelle beauté
Est le flambeau d’attraction
Vers qui le vivant papillon
Se trouve emporté.

Mais souvent le papillon d’or
Trouve la mort au clair flambeau,
C’est ainsi qu’en plus d’un tombeau
La vérité dort.

Ceux qui suivent retrouvent-ils
Ces pensers éteints au berceau?
Quel ruisseau redit du ruisseau
Les rythmes subtils?

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „Przeznaczenie” w temacie Los i przeznaczenie


Les Quatre Saison

                        À Coquelin Cadet

I

Au printemps, c’est dans les bois nus
Qu’un jour nous nous sommes connus.

Les bourgeons poussaient, vapeur verte.
L’amour fut une découverte.

Grâce aux lilas, grâce aux muguets,
De rêveurs nous devînmes gais.

Sous la glycine et le cytise,
Tous deux seuls, que faut-il qu’on dise?

Nous n’aurions rien dit, réséda,
Sans ton parfum qui nous aida.

II

En été les lis et les roses
Jalousaient ses tons et ses poses,

La nuit, par l’odeur des tilleuls
Nous nous en sommes allés seuls.

L’odeur de son corps, sur la mousse,
Est plus enivrante et plus douce.

En revenant le long des blés,
Nous étions tous deux bien troublés.

Comme les blés que le vent frôle,
Elle ployait sur mon épaule.

III

L’automne fait les bruits froissés
De nos tumultueux baisers.

Dans l’eau tombent les feuilles sèches
Et, sur ses yeux, les folles mèches.

Voici les pêches, les raisins,
J’aime mieux sa joue et ses seins.

Que me fait le soir triste et rouge,
Quand sa lèvre boudeuse bouge?

Le vin qui coule des pressoirs
Est moins traître que ses yeux noirs.

IV

C’est l’hiver. Le charbon de terre
Flambe en ma chambre solitaire.

La neige tombe sur les toits,
Blanche ! Oh, ses beaux seins blancs et froi!

Même sillage aux cheminées
Qu’en ses tresses disséminées.

Au bal, chacun jette, poli,
Les mots féroces de l’oubli.

L’eau qui chantait s’est prise en glace.
Amour, quel ennui te remplace!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Cztery
pory roku" w temacie W harmonii z przyrodą


Sonnet

                                               À Mme N.

Je voudrais, en groupant des souvenirs divers,
Imiter le concert de vos grâces mystiques.
J'y vois, par un soir d'or où valsent les moustiques,
La libellule bleue effleurant les joncs verts;

J'y vois la brune amie à qui rêvait en vers
Celui qui fit le doux cantique des cantiques;
J'y vois ces yeux qui, dans des tableaux encaustiques,
Sont, depuis Cléopâtre, encore grands ouverts.

Mais, l'opulent contour de l'épaule ivoirine,
La courbe des trésors jumeaux de la poitrine,
Font contraste à ce frêle aspect aérien;

Et, sur le charme pris aux splendeurs anciennes,
La jeunesse vivante a répandu les siennes
Auprès de qui cantique ou tableau ne sont rien.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Sonet”
w tematach: Sonet i Wspomnienia


Soir

Je viens de voir ma bien-aimée
Et vais au hasard, sans desseins,
La bouche encor tout embaumée
Du tiède contact de ses seins.

Mes yeux voient à travers le voile
Qu’y laisse le plaisir récent,
Dans chaque lanterne une étoile,
Un ami dans chaque passant.

Chauves-souris disséminées,
Mes tristesses s’en vont en l’air
Se cacher par les cheminées,
Noires, sur le couchant vert-clair.

Le gaz s’allume aux étalages...
Moi, je crois, au lieu du trottoir,
Fouler sous mes pieds les nuages
Ou les tapis de son boudoir.

Car elle suit mes courses folles,
Et le vent vient me caresser
Avec le son de ses paroles
Et le parfum de son baiser.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Wieczór"
w temacie Wiersze na różne pory dnia


Sur un miroir

Toutes les fois, miroir, que tu lui serviras
À se mettre du noir aux yeux ou sur sa joue
La poudre parfumée, ou bien dans une moue
Charmante, son carmin aux lèvres, tu diras:

Je dormais reflétant les vers, que sur l’ivoire
Il écrivit... Pourquoi de vos yeux de velours,
De votre chair, de vos lèvres, par ces atours,
Rendre plus éclatante encore la victoire?


Alors, si tu surprends quelque regard pervers,
Si de l’amour présent elle est distraite ou lasse,
Brise-toi, mais ne lui sers pas, petite glace,
À s’orner pour un autre, en riant de mes vers.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Do lustra”
w temacie Motyw zwierciadła, lustra i odbicia



Aquarelle

                        À Henry Cros

Au bord du chemin, contre un églantier,
Suivant du regard le beau cavalier
Qui vient de partir, Elle se repose,
Fille de seize ans, rose, en robe rose.

Et l'Autre est debout, fringante. En ses yeux
Brillent les éclairs d'un rêve orgueilleux...
Diane mondaine à la fière allure,
Corps souple, front blanc, noire chevelure.

Tandis que sa blonde amie en rêvant
Écoute les sons qu'apporte le vent,
Bruits sourds de galop, sons lointains de trompe,

Diane se dit: Rosette se trompe.
Quand Il est parti tout pâle d'émoi,
Son dernier regard n'était que pour moi.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Akwarela”
w temacie Zauroczenie, przygoda... i co dalej?


Soir éternel

Dans le parc, les oiseaux se querellent entre eux.
Après la promenade en de sombres allées,
On rentre; on mange ensemble, et tant de voix mêlées
N’empêchent pas les doux regards, furtifs, heureux.

Et la chambre drapée en tulle vaporeux
Rose de la lueur des veilleuses voilées,
Où ne sonnent jamais les heures désolées!...
Parfums persuadeurs qui montent du lit creux!...

Elle vient, et se livre à mes bras, toute fraîche
D’avoir senti passer l’air solennel du soir
Sur son corps opulent, sous les plis du peignoir.

À bas peignoir! Le lit embaume. Ô fleur de pêche
Des épaules, des seins frissonnants et peureux!...
Dans le parc les oiseaux se font l’amour entre eu.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Niekończący się
wieczór” w temacie Miłość


Bénédiction

Des femmes en peignoir, portant la boîte au lait,
Craignaient de se crotter et montraient leur mollet.
Ils étaient trois, vêtus d’ulsters garnis de martre.
Ils rentraient, ce matin, d’une orgie à Montmartre,
Et ces trois débauchés riaient du doux café
Que l’épouse, à l’époux au lit, sert bien chauffé.
Un prêtre, qui passait, rougit de ce blasphème.
Ils narguèrent le prêtre. Et l’un sifflota même
Quelque chanson obscène, apprise aux Délass-Com.
Le prêtre simplement, leur dit: Pax vobiscum!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Błogosławieństwo”
w temacie Nierząd i prostytucja


„Le Fleuve" (1874), 1879


Obrazek

                            

                            À Monsieur Ernest Legouvé

Ravi des souvenirs clairs de l'eau dont s'abreuve
La terre, j'ai conçu cette chanson du Fleuve.

Derrière l'horizon sans fin, plus loin, plus loin
Les montagnes, sur leurs sommets que nul témoin
N'a vus, condensent l'eau que le vent leur envoie.
D'où le glacier, sans cesse accru, mais qui se broie
Par la base et qui fond en rongeant le roc dur.
Plus bas, non loin des verts sapins, le rire pur
Des sources court parmi les mousses irisées
Et sur le sable fin pris aux roches usées.
Du ravin de là-bas sort un autre courant,
Et mille encore. Ainsi se grossit le torrent
Qui descend vers la plaine et commence le Fleuve.

Mais l'eau court trop brutale et d'une ardeur trop neuve
Pour féconder le sol. Sur ces bords déchirés,
Aubépines, lavande et thym, genêts dorés
Trouvent seuls un abri dans les fentes des pierres.
Voici que le torrent heurte en bas les barrières
De sable et de rochers par lui-même traînés.
C'est la plaine. Il s'y perd en chemins détournés
Qui calment sa fureur. Et quelques petits arbres
Suivent l'eau qui bruit sur les grès et les marbres.
Ces collines, derniers remous des monts géants,
Flots figés du granit coulant en océans,
Ces coteaux, maintenant verts, se jaspent de taches
Blanches et rousses qui marchent. Ce sont les vaches
Ou, plus près, le petit bétail. Le tintement
Des clochettes se mêle au murmure endormant
De l'eau.

                 Les peupliers pointus aiment les rives
Plates. Voici déjà que leurs files passives
Escortent çà et là le Fleuve calme et fort.

Les champs sont possédés par les puissants. Au bord
Ceux qui n'ont pas l'espoir des moissons vont en foule
Attendre l'imprévu qu'apporte l'eau qui coule:
Paillettes d'or, saphirs, diamants et rubis,
Que les roches, après tant d'orages subis,
Abandonnent du fond de leur masse minée,
Sous l'influx caressant de l'eau froide, obstinée.
Que de sable lavé, que de rêves promis,
Pour qu'un peu d'or, enfin, reste au fond du tamis!
Prends ton bâton, chercheur! La ville n'est pas proche,
Et d'obliques regards ont pesé ta sacoche.

D'autres, durs au travail sèment en rond les plombs
Des grands filets; l'argent frétillant des poissons
Gonfle la trame grise, apportant l'odeur fraîche
Et fade qui s'attache aux engins de la pêche.
Mais le gain est précaire, et plus d'un écumeur
Descend, cadavre enflé, dans le flot endormeur.

Le fleuve emporte tout, d'ailleurs. Car de sa hache
Le bûcheron, tondeur des montagnes, arrache
Les sapins des hauteurs, qu'il confie au courant;
Et, plus bas, la scierie industrieuse prend
Ces arbres, et, le Fleuve étant complice encore,
Les dépèce, malgré leur révolte sonore.

Puis la plaine avec ses moissons, puis les hameaux
D'où viennent s'abreuver, au bord, les animaux:
Bœufs, chevaux; tandis qu'en amont, les lavandières
Font claquer leurs battoirs sur le linge et les pierres.
Ou bien plongent leurs bras nacrés dans l'eau qui court,
Et, montrant leurs pieds nus, le jupon troussé court,
Chantent une chanson où le roi les épouse.
Chanson, pieds nus, bras blancs, font que ce gars en blouse
Distrait, laisse aller seul son cheval fatigué,
Fumant, poitrail dans l'eau, par les courbes du gué.

Ces feuillages, en plein courant, couvrent quelqu'île
Qu'on voudrait posséder, pour y rêver tranquille.

Puis des collines à carreaux irréguliers,
Des petits bois; plus près de l'eau, les peupliers
Et les saules. Le Fleuve élargi, moins rapide,
S'emplit de nénuphars, de joncs. Dans l'or fluide
Du soir, les moucherons valsent. Mais, rapprochés,
Maintenant les coteaux s'élèvent. Des rochers
Interrompent souvent les cultures en pente.
Tout le pays pierreux, où le Fleuve serpente
Nourrit, pauvre et moussu, la ronce et le bandit.
Le courant étranglé dans les ravins, bondit
Sur les roches, ou bien dort dans les trous qu'il creuse.

Mais l'eau n'interrompt pas sa course aventureuse
Malgré tant de travaux et de sommeils. Voici
La brèche ouverte sur l'horizon obscurci
Par la poussière d'eau. Le lit de pierre plate
Finit brusque, et le flot, pesante nappe, éclate
En un rugissement perpétuel. En bas,
Les rocs éparpillés comme après des combats
De titans, brisent l'eau sur leurs arêtes dures.
Au loin, tout est mouillé. L'audace des verdures
Plantureuses encadre et rompt souvent l'éclat
De la chute écumeuse. Ici le pays plat

Étale encor ses prés, ses moissons. Des rivières,
Venant on ne sait d'où, capricieuses, fières
Courent les champs, croyant qu'elles vivront toujours
Dans la parure en fleur de leur jeune parcours.
Mais le Fleuve vainqueur les arrête au passage,
Et fait taire ce rire en son cours vaste et sage.

Aux rives les hameaux se succèdent pareils.

Puis, voici l'industrie aux discordants réveils.
Les rossignols, troublés par le bruit et la suie
Des usines, s'en vont vers les bois frais qu'essuie
La pluie et qu'au matin parfume le muguet.
Le soleil luit toujours; mais l'homme fait le guet.
Voilà qu'il a bâti des quais et des écluses;
Et les saules cendrés, méfiants de ces ruses,
Et les peupliers fiers ne vont pas jusque-là.
Ces coteaux profanés, d'où le loup s'en alla,
S'incrustent de maisons blanches et de fabriques
Qui dressent gravement leurs hauts tuyaux de briques.

Sur le Fleuve tranquille, égayant le tableau,
Les jeunes hommes, forts et beaux, qui domptent l'eau,
Oublieux, en ramant, de l'intrigue servile,
S'en vont, joyeux, avec des femmes.

                                                            C'est la ville,
La ville immense avec ses cris hospitaliers,
L'eau coule entre les quais corrects. Des escaliers
Mènent aux profondeurs glauques du suicide.
À la paroi moussue un gros anneau s'oxyde,
Pour celui qui se noie inaccessible espoir.

Ligne capricieuse et noire sur le soir
Verdâtre, les maisons, les palais en étages
Se constellent. Au port, les ventes, les courtages
Sont finis. Le jour baisse, et les chauves-souris
Voltigent lourdement, poussant des petits cris.
Ces vieux quais oubliés sur leurs pierres disjointes
Supportent des maisons grises aux toits en pointes.
Là, sèchent des chiffons que de leurs maigres bras
Les femmes pauvres ont rincés. En bas, des rats.
Le flot profond, serré par les piles massives
Du pont, court plus féroce, et les pierres passives
Se laissent émietter par l'eau, tranquillement.
On voit s'allumer moins d'astres au firmament
Que de lumières sur les quais et dans les rues
Pleines du bruit des voix, des bals gais, parcourues
Par les voitures.
                            Seul, le Fleuve ne rit pas
Sous les chalands ventrus et lourds. D'ailleurs, en bas,
L'égout vomit l'eau noire aux affreuses écumes,
Roulant des vieux souliers, des débris de légumes,
Des chiens, des chats pourris qu'emmène le courant,
Souillure sans effet dans le Fleuve si grand
Dont la lune, œil d'argent, paillette la surface.
Mais, qu'importe la vie humaine à l'eau qui passe,
Les ordures, la foule immense et les bals gais ?
L'eau ne s'attarde pas à ces choses.
                                                        Les gués
Sont rompus, maintenant, en aval de la ville.
L'homme a dragué le lit du Fleuve, plus docile
Depuis qu'il est si large et si profond.
                                                            La mer
Aux bateaux goudronnés laisse un parfum amer
Qui parle des pays lointains où le vent mène.
Le Fleuve, insoucieux de l'industrie humaine,
Continue à travers la campagne. La nuit
S'avance triomphante et constellée, au bruit
Des feuilles que l'air frais emperle de rosée.
Puis, au matin, encore une ville posée
Dans la plaine, bijou de perle sur velours
Vert, dont tous ces coteaux imitent les plis lourds;
Des fermes aux grands toits, bas et moussus, tapies
Au bord des prés sans fin où voltigent les pies,
Richesses qu'à mi-voix ce paysan pensif
Évalue en fouettant son vieux mulet poussif.

Le Fleuve s'élargit toujours, tant, que les rives
Perdent vers l'horizon leurs lignes fugitives.
Les coteaux abaissés, le ciel agité, l'air
Murmurant et salé, proclament que la mer
Est là, terme implacable à la folle équipée
De l'eau, qui vers le ciel chaud s'était échappée.
La mer demande tout fantasque, et puis, parfois
Refuse les tributs du Fleuve, limon, bois,
Cadavres, rocs brisés, qu'aux montagnes lointaines,
Aux terres grasses, aux hameaux, aux vastes plaines,
Il a volé, voulant rassasier la mer.
Et tout s'entasse, obstacle au Fleuve. L'homme fier
Trouve ici les débris distincts de chaque année,
Aux temps obscurs où sa race n'était pas née.

Tout le pays est gai. De loin le chant des coqs
Fend la brume. Voici les bassins et les docks,
Les cris des cabestans, les barques amarrées
D'où mille portefaix enlèvent les denrées,
Ballots, tonneaux, métaux en barres, tas de blés.
Aux cabarets fumeux, les marins attablés
Se menacent, avec des jurons exotiques.
On trouve tous les fruits lointains dans les boutiques.

L'eau du Fleuve s'arrête, un peu troublée, avant
De se perdre, innommée, en l'infini mouvant.

C'est comme une bataille en ligne régulière:
Escadrons au galop, soulevant la poussière,
Les vagues de la mer arrivent à grands bruits,
Blanches d'écume, ayant des airs vainqueurs, et puis
S'en retournent, efforts que le Fleuve repousse
Avec ses petits flots audacieux d'eau douce.
La mer fuit, mais emporte et disperse à jamais,
Rang par rang, tous ces flots, fils des lointains sommets.

*

Muse hautaine. Muse aux yeux clairs, sois bénie!
Malgré tes longs dédains, ma chanson est finie;
Car tu m'as consolé de tous les bruits railleurs;
Tu m'as montré, parmi mes souvenirs meilleurs,
Des lueurs pour teinter l'eau qui court et gazouille,
L'eau fraîche où, vers le soir, l'hirondelle se mouille.
Et j'ai suivi ses flots jusqu'à la grande mer.

Qu'on se lise entre amis ce chant tranquille et fier,
Dans les moments de fièvre et dans les jours d'épreuve,
Qu'on endorme son cœur aux murmures du Fleuve.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Rzeka"
w temacie Rzeki, potoki, strumienie...


La vision du grand canal royal des deux mers", 1888


Obrazek


Envole-toi chanson, va dire au Roi de France
Mon rêve lumineux, ma suprême espérance!

Je chante, ô ma Patrie, en des vers doux et lents
La ceinture d’azur attachée à tes flancs,

Le liquide chemin de Bordeaux à Narbonne
Qu’abreuvent tour à tour et l’Aude et la Garonne.

*

L’aurore étend ses bras roses autour du ciel.
On sent la rose, on sent le thym, on sent le miel.

La brise chaude, humide avec des odeurs vagues,
Souffle de la mer bleue où moutonnent les vagues.

Et la mer bleue arrive au milieu des coteaux;
Son flot soumis amène ici mille bateaux:

Vaisseaux de l’Orient, surchargés d’aromates,
Chalands pleins de maïs, de citrons, de tomates,

Felouques apportant les ballots de Cachmir,
Tartanes où l’on voit des levantins dormir.

Les trésors scintillants de l’Inde et de la Chine
Passent, voilés par la vapeur de la machine:

C’est le nacre, l’ivoire, et la soie et le thé,
Le thé nectar suave et chaste volupté.

Nacre, ivoire fouillés en forêts de la lune,
Saules, pêchers en fleur sur faille bleue et brune.

Le tabac, le hachisch, l’opium, poisons charmants,
Trompent tous les douaniers et tous les règlements.

Dans le canal profond, exempt des vents du large
Ce bâtiment s’avance, allègre de sa charge.

C’est un Russe, qui vient du grand pays des blés,
C’est l’Ami! Nous aurons du pain aux temps troublés.

Sous ce beau ciel, sous des lueurs à l’or pareilles,
Ces navires pressés vont, riche essaim d’abeilles.

*

Je chante, ô ma Patrie, en des vers doux et lents,
La ceinture d’azur attachée à tes flancs,

Le liquide chemin de Bordeaux à Narbonne,
Qu’abreuvent tour à tour et l’Aude et la Garonne.

*

Voici, blanches, aux bords s’aligner les maisons,
Heureuses, sans souci des mauvaises saisons.

Car les apports du monde et la science insigne
Ont fait revivre ici l’olivier et la vigne.

L’olivier, c’est la paix; le bonheur, c’est le vin.
Tout est joie à présent, dans ce pays divin.

Les filles ont dans leurs cheveux, aux promenades,
Les bleuets, les jasmins et la fleur des grenades.

Elles passent, tandis que là-bas, les garçons
Rythment la langue d’oc en de claires chansons.

Toulouse! ville antique où fleurissent encore
Pour les poètes, vos fleurs d’or, Clémence Isaure,

Toulouse triomphale héberge l’univers
Sous ses palais de brique et ses peupliers verts.

Et la flûte soupire et la harpe résonne
Sur les bords du canal de Bordeaux à Narbonne.

*

Je chante, ô ma Patrie, en des vers doux et lents,
La ceinture d’azur attachée à tes flancs.

*

De l’Océan, voici venir en sens inverse
Ces vaisseaux noirs, ces blés que sur les quais on verse,

Et l’or, l’argent, le cuivre, objets d’un troc pervers
Dont se repaît le crime, et dont pleurent mes vers,

Les bœufs aux grands yeux doux que la mer effarouche
Cotés en mots cruels, provisions de bouche.

C’est l’Amérique, c’est de la viande et du pain.
Laissons passer. A l’Est, tant de pauvres ont faim!

La consigne est avec les gens de l’Angleterre:
Du charbon, du coton, payer, passer, se taire.

C’est fini de l’Anglais, ancien épouvantail,
Mer bleue, où luit la nacre, où rougit le corail!

Sous les yeux de la nuit, dors Méditerranée,
Et souris au matin, mer où Vénus est née,

Et souris à l’Afrique où l’orgueil indompté
De nos rois fit fleurir la sainte liberté!

Flot d’azur et d’hermine, aux rochers que tu laves
La France a défendu d’enchaîner des esclaves!

*

Je chante, ô ma Patrie, en des vers doux et lents,
La ceinture d’azur attachée à tes flancs.

*
Normands, Bretons, Gascons, Languedoc et Provence
Buvons ensemble à la santé du Roi de France.

Passez ici, chantons et serrons-nous les mains,
Loin des tempêtes, loin des désastreux chemins,

Le golfe de Gascogne et la mer des Sargasses,
Gibraltar sans profit pour les Anglais rapaces.

Scandinave à ton gré, marin universel,
Apporte-nous ta pêche, emporte notre sel.

Et qu’avec notre vin ton audace s’abreuve
En Islande et dans les brouillards de Terre-Neuve.

*

Je chante, ô ma Patrie, en des vers doux et lents,
La ceinture d’azur attachée à tes flancs.

Le chemin qu’a rêvé la science idéale
Le canal creusé par la Puissance royale.

*

Ici, calmes, au cœur du pays, des bassins
Bercent les nefs d’acier, ces guêpes en essaims.

Elles dorment, pouvant prendre toutes les routes.
Des Français sont à bord, la Mort est dans les soutes.

Et l’Orient malsain, et l’Occident vénal
Ne savent pas d’où nous sortirons du canal.

*

Envole-toi, chanson, va dire au Roi de France
Mon rêve lumineux, ma suprême espérance.

*

Maintenant les canaux forment comme un lacis,
Comme un tapis brodé recouvrant le pays.

Et le Pays du vin vermeil, des moissons blondes,
La France, a dans son cœur le chemin des deux mondes.

Le liquide chemin, bleu, bordé d’arbres verts,
Que Riquet dut rêver et que chantent mes vers.

*

Les bons monstres de fer, excavateurs et dragues,
Firent ce fleuve où les deux mers joignent leurs vagues.

Et la terre livra du fond de ses replis
Des sous gaulois frappés d’un coq, frappés d’un lys.

Les sous gaulois qu’on trouve en Alsace, en Lorraine,
Remparts que montre à l’Est la France souveraine,

La France que le Rhin et ses grands peupliers
Limitent, fiers témoins des temps inoubliés.

Car le Rhin est gaulois, comme est gaulois le Rhône,
Comme est la Seine qui baigne les pieds du Trône,

Comme est la Loire où Jeanne et ses guerriers géants
Chassèrent les Anglais au siège d’Orléans,

Comme est le bleu chemin dont l’univers s’étonne
Le grand canal royal de Bordeaux a Narbonne.

*

Le Roi de France est à Paris dans son palais,
Il reçoit tout le monde, et même les Anglais.

Il n’est rien d’aussi beau que Paris sur la terre
Et toute haine et toute envie ont dû se taire.

Partout règne l’honneur, partout règne la loi,
On voit combien sont forts, et la France et le Roi.

Le Roi fier au dehors, le Roi pour nous si tendre!
On sait tous les pardons que sa main dut répandre.

Et les mauvais combats et les mauvais procès
N’ont plus troublé les cœurs du grand peuple français.

La nation, jadis saccagée et meurtrie,
Offre à son Roi la paix, son sang à la Patrie.

*

Mais la gloire du Roi de France va plus haut
Que la terre. A présent c’est le ciel qu’il lui faut.

Car le ciel est peuplé de sphères amoureuses,
Comme nous, de lumière et de forêts ombreuses;

Car les savants ont vu depuis plus de cent ans
Des signaux faits en vain. On n’avait pas le temps!

Mars, la planète austère où règne la science,
Nous salue. Ils ont vu le trait bleu sur la France.

Un point brillant, rythmé, par un vouloir secret
Dans ce monde lointain, apparaît, disparaît.

Devine, géomètre et réponds, astronome!
Qu’ils sachent que chez nous le Verbe s’est fait homme.

Leur génie en canaux si nombreux est inscrit!
Ils se sont dit: Sur terre aussi règne l’esprit.

Ils en ont vu le signe au puissant télescope,
Leurs éclairs sont l’appel à la terre, à l’Europe,

Et la France, où le mal ancien dut s’apaiser,
Reçoit le planétaire et fraternel baiser.

Aussi la France fut, sur terre, la première
Qui répondit par la lumière à la lumière.

*

J’ai chanté, ma Patrie, en des vers doux et lents,
La ceinture d’azur attachée à tes flancs.

*

Envole-toi, chanson, va dire au Roi de France
Mon rêve lumineux, ma suprême espérance.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Wizja wielkiego kanału
królewskiego dwóch mórz” w temacie Rzeki, potoki, strumienie


            
Z tomu „Le Collier de griffes”, 1908


Obrazek


Phantasma

J’ai rêvé l’archipel parfumé, montagneux,
Perdu dans une mer inconnue et profonde
Où le naufrage nous a jetés tous les deux
Oubliés loin des lois qui régissent le monde.

Sur le sable étendue en l’or de tes cheveux,
Des cheveux qui te font comme une tombe blonde,
Je te ranime au son nouveau de mes aveux
Que ne répéteront ni la plage ni l’onde.

C’est un rêve. Ton âme est un oiseau qui fuit
Vers les horizons clairs de rubis, d’émeraudes,
Et mon âme abattue est un oiseau de nuit.

Pour te soumettre, proie exquise, à mon ennui
Et pour te dompter, blanche, en mes étreintes chaudes,
Tous les pays sont trop habités aujourd’hui.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Fantazje”
w temacie Co się poetom śni...?


Chanson des peintres

Laques aux teintes de groseilles
Avec vous on fait des merveilles,
On fait des lèvres sans pareilles.

Ocres jaunes, rouges et bruns
Vous avez comme les parfums
Et les tons des pays défunts.

Toi, blanc de céruse moderne
Sur la toile tu luis, lanterne
Chassant la nuit et l’ennui terne.

Outremers, Cobalts, Vermillons,
Cadmium qui vaux des millions,
De vous nous nous émerveillons.

Et l’on met tout ça sur des toiles
Et l’on peint des femmes sans voiles
Et le soleil et les étoiles.

Et l’on gagne très peu d’argent,
L’acheteur en ce temps changeant
N’étant pas très intelligent.

Qu’importe! on vit de la rosée,
En te surprenant irisée,
Belle nature, bien posée.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Pieśń
malarzy” w temacie Poezja i malarstwo


Pluriel féminin

Je suis encombré des amours perdues,
Je suis effaré des amours offertes.
Vous voici pointer, jeunes feuilles vertes.
Il faut vous payer, noces qui sont dues.

La neige descend, plumes assidues.
Hiver en retard, tu me déconcertes.
Froideur des amis, tu m’étonnes, certes.
Et mes routes sont désertes, ardues.

Amours neuves, et vous amours passées,
Vous vous emmêlez trop dans mes pensées
En des discordances éoliennes.

Printemps, viens donc vite et de tes poussées
D’un balai d’églantines insensées
Chasse de mon cœur les amours ancienne !

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Kobieca
wielokrotność” w temacie Kobiecy portret”


Sonnet

La robe de laine a des tons d'ivoire
Encadrant le buste, et puis, les guipures
Ornent le teint clair et les lignes pures,
Le rire à qui tout sceptique doit croire.

Oh ! je ne veux pas fouiller dans l'histoire
Pour trouver les criminelles obscures
Ou les délicieuses créatures
Comme vous, plus tard, couvertes de gloire

Cléopâtre, Hélène et Laure. Ça prouve
Que, perpétuel, un orage couve
Sous votre aspect clair, fatal, plein de charmes.

Vous riez pour vous moquer de mes rimes;
Vous croyez que j'ai commis tous les crimes!
Je suis votre esclave et vous rends les armes.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Wełniana sukienka"
w temacie Dwulicowość. Fałsz i obłuda


Sonnet

                                à Ulysse Rocq, peintre

Vent d’été, tu fais les femmes plus belles
En corsage clair, que les seins rebelles
Gonflent. Vent d’été, vent des fleurs, doux rêve
Caresse un tissu qu’un beau sein soulève.

Dans les bois, les champs, corolles, ombelles
Entourent la femme; en haut, les querelles
Des oiseaux, dont la romance est trop brève,
Tombent dans l’air chaud. Un moment de trêve.

Et l’épine rose a des odeurs vagues,
La rose de mai tombe de sa tige,
Tout frémit dans l’air, chant d’un doux vertige.

Quittez votre robe et mettez des bagues;
Et montrez vos seins, éternel prodige.
Baisons-nous, avant que mon sang se fige.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „Sonet” w temacie Kobiecy portret


Hiéroglyphe

J’ai trois fenêtres à ma chambre
L’amour, la mer, la mort,
Sang vif, vert calme, violet.

Ô femme, doux et lourd trésor!

Froids vitraux, odeurs d’ambre.
La mer, la mort, l’amour,
Ne sentir que ce qui me plaît…

Femme, plus claire que le jour!

Par ce soir doré de septembre,
La mort, l’amour, la mer,
Me noyer dans l’oubli complet.

Femme! femme! cercueil de chair!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Hieroglif”
w temacie Smutek, melancholia, nostalgia


Dans la clairière

                               À Adolphe Willette

Pour plus d'agilité, pour le loyal duel,
Les témoins ont jugé qu'Elles se battraient nues.
Les causes du combat resteront inconnues;
Les deux ont dit: „Motif tout individuel.”

La blonde a le corps blanc, plantureux, sensuel;
Le sang rougit ses seins et ses lèvres charnues.
La brune a le corps d'ambre et des formes ténues;
Les cheveux noirs-bleus font ombre au regard cruel.

Cette haie où l'on a jeté chemise et robe,
Ce corps qui tour à tour s'avance ou se dérobe,
Ces seins dont la fureur fait se dresser les bouts,

Ces battements de fer, ces sifflantes caresses,
Tout paraît amuser ce jeune homme à l'œil doux
Qui fume en regardant se tuer ses maîtresses.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Na polanie”
w temacie Nierząd i prostytucja


À tuer

Voici venir le printemps vague
Je veux être belle. Une bague
Attire à ma main ton baiser.

Aime-moi bien! Aime-moi toute
Surtout jamais, jamais de doute.
Ta fureur? Je vais l’apaiser.

J’ai mal fait - Mais ne sois pas triste,
Enterre-moi sous la batiste.
Je meurs! des coussins, des coussins!

À présent je serai bien sage
Tes bras autour de mon corsage
Et tes lèvres entre mes seins.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Zabijając”
w temacie Smutek czy radość... miłość, czy nienawiść...


Berceuse

Il y a une heure bête
Où il faut dormir.
Il y a aussi la fête
Où il faut jouir.

Mais quand tu penches la tête
Avec un soupir
Sur mon cœur, mon cœur s’arrête
Et je vais mourir…

Non! ravi de tes mensonges,
Ô fille des loups,
Je m’endors noyé de songes

Entre tes genoux.
Après mon cœur que tu ronges
Que mangerons-nous?

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Kołysanka”
w temacie Kołysanki, nie tylko dla dzieci


Malgré tout

Je sens la bonne odeur des vaches dans le pré;
Bétail, moissons, vraiment la richesse étincelle
Dans la plaine sans fin, sans fin, où de son aile
La pie a des tracés noirs sur le ciel doré.

Et puis, voici venir, belle toute à mon gré,
La fille qui ne sait rien de ce qu'on veut d'elle
Mais qui est la plus belle en la saison nouvelle
Et dont le regard clair est le plus adoré.

Malgré tous les travaux, odeurs vagues, serviles,
Loin de la mer, et loin des champs, et loin des villes
Je veux l'avoir, je veux, parmi ses cheveux lourds,

Oublier le regard absurde, absurde, infâme,
Enfin, enfin je veux me noyer dans toi, femme,
Et mourir criminel pour toujours, pour toujours!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Mimo wszystko”
w temacie A mnie jest szkoda słomianych strzech


Jeune homme

Oh! me coucher tranquillement
Pendant des heures infinies!
Et j'étais pourtant ton amant
Lors des abandons que tu nies.

Tu mens trop! Toute femme ment.
Jouer avec les ironies,
Avec l'oubli froid, c'est charmant.
Moi, je baise tes mains bénies.

Je me tais. Je vais dans la nuit
Du cimetière calme où luit
La lune sur la terre brune.

Six balles de mon revolver
M'enverront sous le gazon vert
Oublier tes yeux et la lune.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Młody mężczyzna”
w temacie Portret (super) męski


Sonnet

Il y a des moments où les femmes sont fleurs;
On n'a pas de respect pour ces fraîches corolles...
Je suis un papillon qui fuit des choses folles,
Et c'est dans un baiser suprême que je meurs.

Mais il y a parfois de mauvaises rumeurs;
Je t'ai baisé le bec, oiseau bleu qui t'envoles,
J'ai bouché mon oreille aux funèbres paroles;
Mais, Muse, j'ai fléchi sous tes regards charmeurs.

Je paie avec mon sang véritable, je paie
Et ne recevrai pas, je le sais, de monnaie,
Et l'on me laissera mourir au pied du mur.

Ayant traversé tout, inondation, flamme,
Je ne me plaindrai pas, délicieuse femme,
Ni du passé, ni du présent, ni du futur!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Sonet.
[Są takie chwile...]” w temacie Kobiecy portret


Sonnet

Je ne vous ferai pas de vers,
Madame, blonde entre les blondes,
Vous réduiriez trop l’univers,
Vous seriez reine sur les mondes.

Vos yeux de saphir, grands ouverts,
Inquiètent comme les ondes
Des fleuves, des lacs et des mers
Et j’en ai des rages profondes.

Mais je suis pourtant désarmé
Par la bouche, rose de mai,
Qui parle si bien sans parole,

Et qui dit le mot sans pareil,
Fleur délicieusement folle
Éclose à Paris, au soleil.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Sonet
[Nie będę cię układał...]”w temacie Kobiecy portret


Aux femmes

Noyez dans un regard limpide, aérien,
Les douleurs.
Ne dites rien de mal, ne dites rien de bien,
Soyez fleurs.
Soyez fleurs: par ces temps enragés, enfumés
De charbon,
Soyez roses et lys. Et puis, aimez, aimez!
C'est si bon!...

Il y a la fleur, il y a la femme,
Il y a le bois où l'on peut courir
Il y a l'étang où l'on peut mourir.
Alors, que nous fait l'éloge ou le blâme?

L'aurore naît et la mort vient.
Qu'ai-je fait de mal ou de bien?
Je suis emporté par l'orage,
Riant, pleurant, mais jamais sage.

Ceux qui dédaignent les amours
Ont tort, ont tort,
Car le soleil brille toujours;
La Mort, la Mort
Vient vite et les sentiers sont courts.

Comme tu souffres, mon pays,
Ô lumineuse, ô douce France,
Et tous les peuples ébahis
Ne comprennent pas ta souffrance.


przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Do kobiet”
w temacie Kobiecy portret


Paroles d'un miroir à une belle dame

Belle, belle, belle, belle!
Que voulez-vous que je dise
À votre frimousse exquise?
Riez, rose, sans cervelle.

Je suis un petit miroir,
Je suis de glace et d’étain;
Mais vos yeux et votre teint
S’illuminent à vous voir.

Les douleurs, les ennuis pires,
Je chasse tout penser triste;
Je ne veux (un tic d’artiste)
Refléter que vos sourires.


przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Słowa pięknej pani
do lustra” w temacie Motyw zwierciadła, lustra i odbicia

Testament

Si mon âme claire s'éteint
Comme une lampe sans pétrole,
Si mon esprit, en haut, déteint
Comme une guenille folle,

Si je moisis, diamantin,
Entier, sans tache, sans vérole,
Si le bégaiement bête atteint
Ma persuasive parole,

Et si je meurs, soûl, dans un coin
C'est que ma patrie est bien loin
Loin de la France et de la terre.

Ne craignez rien, je ne maudis
Personne. Car un paradis
Matinal, s'ouvre et me fait taire.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Testament"
w temacie Testament w poezji


Sonnet

Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c’est la fête.
Les gens disent: Comme il est bête!
En somme, je suis mal coté.

J’allume du feu dans l’été,
Dans l’usine je suis poète;
Pour les pitres je fais la quête.
Qu’importe! J’aime la beauté.

Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.

J’ai trop étudié les choses;
Le temps marche d’un pas normal:
Des roses, des roses, des roses!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Sonet [Ja, obok
życia, żyję...]” w temacie „Okrutną zagadką jest życie”...
Ten post został edytowany przez Autora dnia 08.08.15 o godzinie 18:42
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Sybille Rembard – ur. w 1966 - Urodziła się w Turynie, w rodzinie francusko-włoskiej (ojciec Francuz, matka Włoszka), która zapewniła Jej wszechstronny rozwój emocjonalno-intelektualny, umożliwiła szerokie wykształcenie humanityczne, z dostępem do bogatego w domu rodzinnym księgozbioru z zakresu poezji. W młodości dużo podróżowała po świecie. I jak pisze, w podróży poznała miłość swego życia, mężczyznę z którym założyła rodzinę i zamieszkała na stałe we Francji. Debiutowała w 2002 roku zbiorem wierszy „Beauté fractionnée” (Podzielone piękno). Następna Jej publikacja poetycka ma być poświęcona rożnym „przypadkom życia” (les aléas de la vie), które są dla Niej niewyczerpanym źródłem inspiracji. Wiersze Sybille Rembard nie były dotąd tłumaczone na język polski.

Z tomu „Beauté fractionnée”, 2002

Lilas


La pluie larmoyante caresse ton parfum
aime le déséquilibre éphémère
des gouttelettes assoiffées de sève
À chaque pétale elle découvre ta beauté
symphonie d’unités réfractées

Les fleurs minuscules bleutées par la lumière
avancent comme un cortège
joyeux
dansent comme une valse
d’amour
Forsythias et pivoines couronnent cet instant
courtisent l’allégorie

Sous le sublime chapiteau de la nature
un voile parfumé fleurit notre chimère

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Bez"
w temacie Kwiaty


Baptême de soupirs

Je suis telle une feuille bouleversée
Un pétale suspendu
Sur un lit de marguerites
L’aube s’infiltre sagement par la fenêtre
J’oublie la banalité du passé
Tes mains me caressent, transies
Je suis enveloppée dans un Saint-Suaire
Lasse de tout
Prête à rejoindre mon Géniteur
Là où il ne peut plus chanter
L’esprit transformé
Calciné par la beauté de notre amour
Enseveli dans un sarcophage de joie

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Chrzest
westchnień” w temacie O przemijaniu...


Ivresse rose

Fraîche omniprésence du destin
Ton parfum, ma beauté, cette rose oblique
Heureusement qu’on peut être
Je crie ma joie, mon étourdissement, noyée dans cette banlieue oubliée du monde
Passion jaillissante de toi
Envie d’exister
de vivre
de jouir
de tes mains, chaleur enivrante
Ma peau est là encore aujourd’hui, demain, qui sait, elle ne sera point
Cuirasse, bouclier ou coquelicot sauvage
Pétales à cueillir cet instant
Chair sublime
Engrenage de reproduction humaine

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Upojenie róży”
w temacie Kwiaty


Chaleur estivale

Sur la plage le parasol fermé pointe au firmament
Ma langue savoure les grains de sel sur mes lèvres moites
Mes pieds s’enfoncent dans le sable chaud
Le sommeil me guette
Le rêve m’attend
Le soleil grandit l’éternité de mes pensées.
Je répète jusqu’à l’hallucination les vers que tu as écrits pour moi,
une nuit à côté des étoiles.
Sous l’astre de l’été
je revis notre amour: colonne ivre du temple de l’éternité
Les saisons se succèdent
Et moi
je crois encore aux feux d’artifices.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Letni upał”
w temacie Szukanie lata


Prison fleurie

cellule sans fenêtres
pluie battante
elle entend ses pensées
les voix du monde
dehors
elle imagine ses enfants
elle les berce
le zèle des hommes
les lois archaïques
l’ont violée
ont pillé son innocence
crime anaphorique
exaction
le temps passe emmuré
combien de jours encore
mesurant ses désirs
s’enivrant d’espoir
écachée par ces parois
elle croit
elle respire la vie
étreinte de désir
elle reviendra
libre sous les caresses du soleil

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Kwitnące
więzienie” w temacie Wina i kara


Rêve kaléidoscopique

Dans une flaque rouge
elle voit le vitrail de son âme
démultipliée par son esprit
miroir psychique de son amoralité dorée
Ce n’est qu’une histoire virginale
redondante
cornaquée par l’opulence des sens
Son passé dessine un mosaïque
surréaliste
enluminé par la brume lactescente
C’est encore une histoire tendre et cruelle
association organique
de son corps
iridescent impudique
Elle n’est qu’une abeille butinant la mise en scène de l’humanité

Paysage impressionniste

Réveil

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Kalejdoskopowy sen”
w temacie Co się poetom śni...?


Amour en cage

T’abreuvant à mes lèvres
calice argenté
désir
tu emprisonnes le fruit mûr de ma tendresse
Derrière la lanterne tes yeux seuls regardent ma fleur solitaire
éclore
Derrière les barreaux de la passion
ton regard d’opale
frémit
Tu as compris
c’est notre dernière cène
Me transformant en Physalis
écrin de volupté
j’étoufferai
apaisée

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Miłość w klatce”
w temacie Miłość


Océanothérapie

Les particules d’eau se collent à la peau
regorgent d’abstraction
Cette sensation de fluidité intrinsèque à chaque atome
perpètre la cénesthésie créative des neuf premiers mois
L’imaginaire se berce dans la pensée
se concentre sur la caresse du geste répété
se laisse flotter comme un objet éloigné de tout
C’est ainsi que je survis
sur une île de bonheur submergée par les ondes
Je regarde le monde à travers ce voile
le seul que je peux supporter
je constate sa beauté et mon indifférence
ses couleurs se font de plus en plus intenses
mes yeux sont aveuglés par la tendre tempête
J’ai enfin appris à nager

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Oceanoterapia”
w temacie Dokąd i po co płyniemy?...

       
       
             
Ze strony: Sybille Rembard, poèmes et poésie – poetica.fr, 2005-2011

Amitié sous X


Pauvre enfant
elle croyait l’amitié indissoluble
unique
primordiale dans l’esprit
partagée dans la pensée
La trahison l’attendait sur ce plan d’eau solitaire
La barque partit sans elle
Restèrent seul les vaguelettes du désespoir
présentes à cet accouchement de vie

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Przyjaźń pod X”
w temacie O przyjaźni w poetyckich strofach


Angoisse de l'aube

Angoisse à hue et à dia
Réveil martyrisé
Pensées ombragées d’une mort qui nous guette
Toujours
Je ne saurais espérer un demain
Immortalité du soleil
Araignée
Répétition d’une respiration éphémère
Torpeur
Ta présence maltraitée me soulage
Je te demande pardon

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Lęk
przed świtem” w temacie Lęk


Dépression

Eclatement de la tête
Aujourd’hui la chaleur ne peut plus s’y engouffrer
Torpeur, turpitude, esprit engourdi
et englouti dans l’impasse de la vie.
Je me sens coincée dans le malaise du silence,
Posture suprême indigne sublime essentielle
Retour de poussière dans ce vide ensoleillé.
Les cerisiers en fleur, l’âme meurtrie
par le flétrissement prématuré
Sans espérance
ma motivation s’est évaporée avec les rêves d’une grandeur immaculée.
Toi printemps tu ne crois plus à rien
Tu navigues dans les ordures
Tu raffoles des maladies
Autodestruction à l’état pur
Puissance zéro

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Depresja”
w temacie W głąb siebie... („Szaleństwo i geniusz”)


Amour binaire

Tu es l’autre partition
solitaire et inséparable.
La vie sans toi sera néantisée.
Symbiose qui réjouit
ou véritable angoisse?
Ta présence enflamme la dichotomie de notre amour,
fusionne nos étincelles.
Crois-tu pouvoir survivre?
Moi, je sais!
Je marche à la dérive dans un désert en décomposition
avec cette seule pensée
un jour tu ne seras plus.
Et je serai
Dépariée.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Miłość parzysta”
w temacie Miłość


Dernières volontés

Partager mon âme
ma dépouille
ma beauté
Léguer mes entrailles
mes organes
mes pensées
Redonner le printemps
l’innocence
l’étincelle
Rallumer la perversité du destin
Mourir à ta place
peut-être
demain

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Ostatnia wola”
w temacie Pożegnania, ostatnie słowa...


Fantasmagorie d'un suicide annoncé

                                                 à P.

Naissance virginale
Mise en scène parfaite
Ton ombre torturée par la passion
virevolte dans la lanterne magique
La tempe éclatée, le pistolet à la main
les lettres froidement rédigées
Une mélodie hypnotique et fascinante retentit
bande son de cette macabre découverte
L’incantation peut commencer
La danse de minuit à la lueur du feu
rituel inconscient obscur envoutant
symphonie des ténèbres
aux pas artificiels des danseurs survoltés
exorcise ton amour sorcier
Tu es partie
Ton nom je ne le prononcerai plus jamais
Je te laisserai reposer dans le silence froid
ultime désespoir

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Zapowiedziana fantasmagoria
samobójstwa” w temacie Samobójstwo w wierszach...
Ten post został edytowany przez Autora dnia 30.07.18 o godzinie 10:12
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
François Coppée (1842-1908) – francuski poeta, prozaik i dramaturg epoki romantyzmu. Urodził się w Paryżu w rodzinie urzędniczej i podobnie jak Jego ojciec, po ukończeniu szkoły średniej, pracował jako urzędnik służby cywilnej w Ministerstwie Wojny. Debiutował tomikiem wierszy "Promenades et Intérieurs" (Spacery i wnętrza, 1857), włączonym potem do tomiku "Les Humbles" (Pokorni, 1872). Dużą przychylność i zainteresowanie zdobył sobie drugim tomem wierszy „Le Reliquaire” (Relikwiarz, 1866), czym ugruntował swoją wysoką pozycję wśród popularnego wówczas grona tzw. parnasistów. Po ustaniu zatrudnienia w Ministerstwie Wojny, pracował w Bibliotece Senatu, a od 1878 r. jako archiwista w Comédie-Française. W 1884 r. został członkiem Akademii Francuskiej, co zapewniło Mu godziwą emeryturę. W 1888 r. odznaczono Go najwyższym francuskim orderem Legii Honorowej. Obok prozy i dramatu, pisał też poezje. Poza wymienionymi wcześniej, wydał: "Les Intimités" (Intymności, 1867), „Poèmes divers” (Wiersze różne, 1869), „Poèmes modernes” (Wiersze współczesne, 1869), "Le Cahier rouge” (Czerwony notatnik, 1874), "Olivier" (Oliwer, 1976), „L’Exilée” (Wygnany, 1877), "Les Récits et les Élégies" (Opowieści i elegie, 1878), "Le Naufragé" (Rozbitek, 1978), "Contes en vers et poésies diverses" (Opowieści w wierszach i poezje różne, 1880), „Arrière-saison” (Po sezonie, 1887), „Les Paroles sincères” (Szczere słowa, 1891), "Dans la prière et dans la lutte" (W modlitwie i w walce, 1901), "Des Vers français" (Wiersze francuskie, 1906). 19 lat po śmierci poety ukazał się tom „Sonnets intimes et poèmes inédits” (Sonety intymne i wiersze niepublikowane, 1927). Coppée zmarł w 1908 r., w wieku 66 lat i pochowany został na Cmentarzu Montparnasse w Paryżu.
Jego wiersze nie były dotąd publikowane w Polsce. Pierwsze moje przekłady ukazały się w 2014 r. na portalach internetowych Libertas. Miesięcznik ludzi wolnych i Granice. Wszystko o literaturze.

Z tomu "Promenades et Intérieurs", 1857


Obrazek


* * *

Un rêve de bonheur qui souvent m’accompagne,
C’est d’avoir un logis donnant sur la campagne,
Près des toits, tout au bout du faubourg prolongé,
Où je vivrais ainsi qu’un ouvrier rangé.
C’est là, me semble-t-il, qu’on ferait un bon livre :
En hiver, l’horizon des coteaux blancs de givre ;
En été, le grand ciel et l’air qui sent les bois ;
Et les rares amis, qui viendraient quelquefois
Pour me voir, de très-loin pourraient me reconnaître,
Jouant du flageolet, assis à ma fenêtre.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "***[Marzenie
o szczęściu...]" w temacie Marzenia


* * *

Champêtres et lointains quartiers, je vous préfère
Sans doute par les nuits d’été, quand l’atmosphère
S’emplit de l’odeur forte et tiède des jardins ;
Mais j’aime aussi vos bals en plein vent d’où, soudains,
S’échappent les éclats de rire à pleine bouche,
Les polkas, le hoquet des cruchons qu’on débouche,
Les gros verres trinquant sur les tables de bois,
Et, parmi le chaos des rires et des vois
Et du vent fugitif dans les ramures noires,
Le grincement rhythmé des lourdes balançoires.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "***[Wiejskie i dalekie
krainy...]" w temacie A mnie jest szkoda słomianych strzech


* * *

Elle sait que l’attente est un cruel supplice,
Qu’il doit souffrir déjà, qu’il faut qu’elle accomplisse
Le serment qu’elle a fait d’être là, vers midi.
Mais, parmi les parfums du boudoir attiédi,
Elle s’est attardée à finir sa toilette,
Et, devant le miroir charmé qui la reflète,
Elle s’impatiente à boutonner son gant ;
Et rien n’est plus joli que le geste élégant
De la petite main qui travaille ; et, mutine,
Elle frappe le sol du bout de sa bottine.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "***[Ona wie,
że oczekiwanie to kara okrutna...]" w temacie Oczekiwanie


* * *

Volupté des parfums! - Oui, toute odeur est fée.
Si j’épluche, le soir, une orange échauffée,
Je rêve de théâtre et de profonds décors;
Si je brûle un fagot, je vois, sonnant leurs cors,
Dans la forêt d’hiver les chasseurs faire halte;
Si je traverse enfin ce brouillard que l’asphalte
Répand, infect et noir, autour de son chaudron,
Je me crois sur un quai parfumé de goudron,
Regardant s’avancer, blanche, une goélette
Parmi les diamants de la mer violette.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[Rozkosz
zapachów!...]” w temacie Zapach w poezji


* * *

En province, l’été. Le salon Louis Seize
S’ouvre sur un jardin correct, à la française:
Des ormeaux ébranchés, deux cygnes, un bassin,
Une petite fille, assise au clavecin.
Joue, en frappant très clair les touches un peu dures,
Un andante d’Haydn plein d’appoggiatures.
Et le grand-père, un vieux en ailes de pigeon,
Se rappelle, installé dans son fauteuil de jonc,
Le temps où, beau chasseur, il courait la laitière,
Et marque la mesure avec sa tabatière.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "***Lato
na prowincji...]" w temacie Szukanie lata


La Cueillette des Cerises

Espiègle! j'ai bien vu tout ce que vous faisiez,
Ce matin, dans le champ planté de cerisiers
Où seule vous étiez, nu-tête, en robe blanche.
Caché par le taillis, j'observais. Une branche,
Lourde sous les fruits mûrs, vous barrait le chemin
Et se trouvait à la hauteur de votre main.
Or, vous avez cueilli des cerises vermeilles,
Coquette! et les avez mises à vos oreilles,
Tandis qu'un vent léger dans vos boucles jouait.
Alors, vous asseyant pour cueillir un bleuet
Dans l'herbe, et puis un autre, et puis un autre encore,
Vous les avez piqués dans vos cheveux d'aurore;
Et, les bras recourbés sur votre front fleuri,
Assise dans le vert gazon, vous avez ri;
Et vos joyeuses dents jetaient une étincelle.
Mais pendant ce temps-là, ma belle demoiselle,
Un seul témoin, qui vous gardera le secret,
Tout heureux de vous voir heureuse, comparait,
Sur votre frais visage animé par les brises,

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Zrywanie wiśni"
w temacie Czynności i zajęcia, poza pisaniem wierszy


Z tomu „Le Reliquaire”, 1866


Obrazek


Solitude

Je sais une chapelle horrible et diffamée,
Dans laquelle autrefois un prêtre s’est pendu.
Depuis ce sacrilège effroyable on a dû
La tenir pour toujours aux fidèles fermée.

Plus de croix sur l’autel, plus de cierge assidu,
Plus d’encensoir perdant son âme parfumée.
Sous les arceaux déserts une funèbre armée
De feuilles mortes court en essaim éperdu.

Ma conscience est cette église de scandales;
Mes remords affolés bondissent sur les dalles;
Le doute, qui faisait mon orgueil, me punit.

Obstiné sans grandeur, je reste morne et sombre,
Et ne puis même pas mettre mon âme à l’ombre
Du grand geste de Christ qui plane et qui bénit.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Samotność”
w temacie Samotność


À tes yeux

Telle, sur une mer houleuse, la frégate
Emporte vers le Nord les marins soucieux,
Telle mon âme nage, abîmée en tes yeux,
Parmi leur azur pâle aux tristesses d’agate.

Car j’ai revu dans leur nuance délicate
Le mirage lointain des Édens et des cieux
Plus doux, que ferme à nos désirs audacieux
La figure voilée et sombre d’une Hécate.

Hélas! courbons le front sous le poids des exils!
C’est en vain qu’aux genoux attiédis des amantes
Nous cherchons l’infini sous l’ombre de leurs cils.

Jamais rayon d’amour sur ces ondes dormantes
Ne vibrera, sincère et pur, et les maudits
Ne retrouveront pas les anciens paradis.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "W twych oczach"
w temacie Gdy otworzysz oczy wydaje ci się już, że widzisz


Z tomu "Les Intimités", 1867


Obrazek


* * *

Septembre au ciel léger taché de cerfs-volants
Est favorable à la flânerie à pas lents,
Par la rue, en sortant de chez la femme aimée,
Après un tendre adieu dont l’âme est parfumée.
Pour moi, je crois toujours l’aimer mieux et bien plus
Dans ce mois-ci, car c’est l’époque où je lui plus.
L’après-midi, je vais souvent la voir en fraude;
Et, quand j’ai dû quitter la chambre étroite et chaude,
Après avoir promis de bientôt revenir,
Je m’en vais devant moi, distrait. Le Souvenir
Me fait monter au cœur ses effluves heureuse ;
Et de mes vêtements et de mes mains fiévreuses
Se dégage un arome exquis et capiteux,
Dont je suis à la fois trop fier et trop honteux
Pour en bien définir la volupté profonde,
— Quelque chose comme une odeur qui serait blonde.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "***[Wrzesień plami
delikatnie...]" w temacie Wstrzymaj się chwilo, jesteś tak piękna!...


* * *

A Paris, en été, les soirs sont étouffants.
Et moi, noir promeneur qu’évitent les enfants,
Qui fuis la joie et fais, en flânant, bien des lieues,
Je m’en vais, ces jours-là, vers les tristes banlieues.
Je prends quelque ruelle où pousse le gazon
Et dont un mur tournant est le seul horizon.
Je me plais dans ces lieux déserts où le pied sonne,
Où je suis presque sûr de ne croiser personne.

Au-dessus des enclos les tilleuls sentent bon;
Et sur le plâtre frais sont écrits au charbon
Les noms entrelacés de Victoire et d’Eugène,
Populaire et naïf monument, que ne gêne
Pas du tout le croquis odieux qu’à côté
A tracé gauchement, d’un fusain effronté,
En passant après eux, la débauche impubère.

Et, quand s’allume au loin le premier réverbère,
Je gagne la grand’ rue, où je puis encor voir
Des boutiquiers prenant le frais sur le trottoir,
Tandis que, pour montrer un peu ses formes grasses,
Avec son prétendu leur fille joue aux grâces.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „***[Latem w Paryżu
wieczory bywają parne...] ” w temacie Szukanie lata


Z tomu „Les Humbles”, 1872


Obrazek


Dans la rue

                        À Jules Bonnassies

Les deux petites sont en deuil;
Et la plus grande, - c’est la mère, -
A conduit l’autre jusqu’au seuil
Qui mène à l’école primaire.

Elle inspecte, dans le panier,
Les tartines de confiture
Et jette un coup d’œil au dernier
Devoir du cahier d’écriture.

Puis comme c’est un matin froid
Où l’eau gèle dans la rigole
Et comme il faut que l’enfant soit
En état d’entrer à l’école,

Écartant le vieux châle noir
Dont la petite s’emmitouffle,
L’aînée alors tire un mouchoir,
Lui prend le nez et lui dit: - Souffle.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „Na ulicy” w temacie Dzieciństwo


La Famille du menuisier

Le marchand de cercueils vient de trousser ses manches
Et rabote en sifflant, les pieds dans les copeaux.
L’année est bonne; il n’a pas le moindre repos
Et même il ne boit plus son gain tous les dimanches.

Tout en jouant parmi les longues bières blanches,
Ses enfants, deux blondins tout roses et dispos,
Quand passe un corbillard, lui tirent leurs chapeaux
Et bénissent la mort qui fait vendre des planches.

La mère, supputant de combien s’accroîtra
Son épargne, s’il vient un nouveau choléra,
Tricote, en souriant, au seuil de la boutique;

Et ce groupe joyeux, dans l’or d’un soir d’été,
Offre un tableau de paix naïve et domestique,
De bien-être honorable et de bonne santé.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Rodzina
stolarza” w temacie Los i przeznaczenie


Joujoux d’Allemagne

L’autre soir, je voyais la petite Marie
Rester, près de la lampe, en extase et sans voix;
Car elle avait tiré de son coffre de bois
Ce jouet d’Allemagne appelé bergerie.

Les moutons étaient gros comme la métairie
Qui, certes, n’aurait pu loger les villageois;
Les arbres sur leurs pieds naïfs étaient tout droits,
Et le vieux tapis vert jouait mal la prairie.

Et moi, plus que l’enfant, je me suis amusé,
Et puisque le voyage, hélas! m’est refusé,
Une heure j’ai joui d’un mirage illusoire.

L’odeur de ces joujoux mal taillés et mal peints
M’a permis de courir tes déserts de sapins,
Et j’ai connu ton ombre immense, ô forêt Noire!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. Niemiecka zabawka” w temacie Wspomnienia


Z tomu "Le cahier rouge", 1874


Obrazek


Pour toujours!

L’espoir divin qu’à deux on parvient à former
Et qu’à deux on partage,
L’espoir d’aimer longtemps, d’aimer toujours, d’aimer
Chaque jour davantage;

Le désir éternel, chimérique et touchant,
Que les amants soupirent,
A l’instant adorable où, tout en se cherchant,
Leurs lèvres se respirent:

Ce désir décevant, ce cher espoir trompeur,
Jamais nous n’en parlâmes;
Et je souffre de voir que nous en ayons peur,
Bien qu’il soit dans nos âmes.

Lorsque je te murmure, amant interrogé,
Une douce réponse,
C’est le mot: – Pour toujours! – sur les lèvres que j’ai,
Sans que je le prononce;

Et bien qu’un cher écho le dise dans ton cœur,
Ton silence est le même,
Alors que sur ton sein, me mourant de langueur,
Je jure que je t’aime.

Qu’importe le passé? Qu’importe l’avenir?
La chose la meilleure,
C’est croire que jamais elle ne doit finir,
L’illusion d’une heure.

Et quand je te dirai: – Pour toujours! – ne fais rien
Qui dissipe ce songe,
Et que plus tendrement ton baiser sur le mien
S’appuie et se prolonge!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Na zawsze!"
w temacie Miłość


Matin d'octobte

                A Alexandre Piédagnel

C'est l'heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
À travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.

Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L'érable à sa feuille de sang.

Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées ;
Mais ce n'est pas l'hiver encor.

Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l'air tout rose,
On croirait qu'il neige de l'or.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Poranek
październikowy” w temacie Wiersze na różne pory dnia


Aubade parisienne

Pour venir t’aimer, ma chère,
Je franchis les blancs ruisseaux,
Et j’ai l’âme si légère
Que j’ai pitié des oiseaux.

Quel temps fait-il donc? Il gèle,
Mais je me crois au printemps.
Entends-tu, mademoiselle?
Tu m’as rendu mes vingt ans.

Tu m’as rendu ma jeunesse.
Ce coeur que je croyais mort,
Je veux pour toi qu’il renaisse;
Écoute comme il bat fort!

Quelle heure est-il? Tu déjeunes;
Prends ce fruit et mords dedans.
C’est permis, nous sommes jeunes,
Et j’en mange sur tes dents.

Parle-moi, dis-moi des choses.
Je n’écoute pas, je vois
S’agiter tes lèvres roses
Et je respire ta voix.

Je t’aime et je t’aime encore;
A tes pieds je viens m’asseoir.
Laisse-moi faire; j’adore
Le tapis de ton boudoir!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Paryska
serenada” w temacie Zaśpiewam ci pieśń


Aubade

L'aube est bien tardive à naître,
Il a gelé cette nui ;
Et déjà sous ta fenêtre
Mon fol amour m'a conduit.

Je tremble, mais moins encore
Du froid que de ma langueur;
Le frisson du luth sonore
Se communique à mon cœur

Ému comme un petit page,
J'attends le moment plus sûr
Où j'entendrai le tapage
De tes volets sur le mur;

Et la minute me dure
Où m'apparaîtra soudain,
Dans son cadre de verdure,
Ton sourire du matin.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Pieśń
poranna" w temacie Zaśpiewam ci pieśń


Z tomu „L’Exilée”, 1877


Obrazek


Chanson d'exil

Triste exilé, qu’il te souvienne
Combien l’avenir était beau,
Quand sa main tremblait dans la tienne
Comme un oiseau,

Et combien ton âme était pleine
D’une bonne & douce chaleur,
Quand tu respirais son haleine
Comme une fleur.

Mais elle est loin, la chère idole,
Et tout s’assombrit de nouveau;
Tu sais qu’un souvenir s’envole
Comme un oiseau;

Déjà l’aile du doute plane
Sur ton âme où naît la douleur;
Et tu sais qu’un amour se fane
Comme une fleur.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego "Piosenka wygnania"
w tematach: Emigracja i Zaśpiewam ci pieśń


Romance

Quand vous me montrez une rose
Qui s’épanouit sous l’azur,
Pourquoi suis-je alors plus morose?
Quand vous me montrez une rose,
C’est que je pense à son front pur.

Quand vous me montrez une étoile,
Pourquoi les pleurs, comme un brouillard,
Sur mes yeux jettent-ils leur voile?
Quand vous me montrez une étoile,
C’est que je pense à son regard.

Quand vous me montrez l’hirondelle
Qui part jusqu’au prochain avril,
Pourquoi mon âme se meurt-elle?
Quand vous me montrez l’hirondelle,
C’est que je pense à mon exil.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Romanca"
w temacie Zaśpiewam ci pieśń


L'Ècho

J’ai crié dans la solitude:
Mon chagrin sera-t-il moins rude,
Un jour, quand je dirai son nom?


Et l’écho m’a répondu: Non.

Comment vivrai-je, en la détresse
Qui m’enveloppe & qui m’oppresse,
Comme fait au mort son linceul?


Et l’écho m’a répondu: Seul!

Grâce! le sort est trop sévère!
Mon cœur se révolte! Que faire
Pour en étouffer les rumeurs?


Et l’écho m’a répondu: Meurs!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Echo”
w temacie Zamknięty echem...


Étoiles filantes

Dans les nuits d’automne, errant par la ville,
Je regarde au ciel avec mon désir,
Car si, dans le temps qu’une étoile file,
On forme un souhait, il doit s’accomplir.

Enfant, mes souhaits sont toujours les mêmes.
Quand un astre tombe, alors, plein d’émoi,
Je fais de grands vœux afin que tu m’aimes
Et qu’en ton exil tu penses à moi.

À cette chimère, hélas! je veux croire,
N’ayant que cela pour me consoler.
Mais voici l’hiver, la nuit devient noire,
Et je ne vois plus d’étoiles filer.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Spadające
gwiazdy” w temacie Marzenia

        
        
                            Les mois

Janvier

Songes-tu parfois, bien-aimée,
Assise près du foyer clair,
Lorsque sous la porte fermée
Gémit la bise de l'hiver,

Qu'après cette automne clémente,
Les oiseaux, cher peuple étourdi,
Trop tard, par un jour de tourmente,
Ont pris leur vol vers le Midi;

Que leurs ailes, blanches de givre,
Sont lasses d'avoir voyag ;
Que sur le long chemin à suivre
Il a neigé, neigé, neigé;

Et que, perdus dans la rafale,
Ils sont là, transis et sans voix,
Eux dont la chanson triomphale
Charmait nos courses dans les bois?

Hélas! comme il faut qu'il en meure
De ces émigrés grelottants!
Y songes-tu? Moi, je les pleure,
Nos chanteurs du dernier printemps.

Tu parles, ce soir où tu m'aimes,
Des oiseaux du prochain Avril;
Mais ce ne seront plus les mêmes,
Et ton amour attendra-t-il?

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Styczeń"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Février

Hélas! dis-tu, la froide neige
Recouvre le sol et les eaux;
Si le bon Dieu ne les protège,
Le printemps n'aura plus d'oiseaux!

Rassure-toi, tendre peureuse;
Les doux chanteurs n'ont point péri.
Sous plus d'une racine creuse
Ils ont un chaud et sûr abri.

Là, se serrant l'un contre l'autre
Et blottis dans l'asile obscur,
Pleins d'un espoir pareil au nôtre,
Ils attendent l'Avril futur;

Et, malgré la bise qui passe
Et leur jette en vain ses frissons,
Ils répètent à voix très basse
Leurs plus amoureuses chansons.

Ainsi, ma mignonne adorée,
Mon cœur où rien ne remuait,
Avant de t'avoir rencontrée,
Comme un sépulcre était muet;

Mais quand ton cher regard y tombe,
Aussi pur qu'un premier beau jour,
Tu fais jaillir de cette tombe
Tout un essaim de chants d'amour.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Luty"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Mars

Parfois un caprice te prend,
Méchante amie, et tu me boudes,
Et sur le balcon tu t'accoudes
Malgré l'eau qui tombe à torrent.

Mais, vois-tu! Mars, avec ses grêles
A qui succède un gai soleil,
Chère boudeuse, est tout pareil
A nos fugitives querelles.

Tels ces oiseaux, pauvres petits,
Sous ce fronton, pendant l'averse,
Et telle ta bouche perverse
Où des sourires sont blottis.

Vienne un rayon, et, la première,
Tu tourneras vers moi les yeux,
Et les oiselets tout joyeux
S'envoleront dans la lumière.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Marzec"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Avril

Lorsqu'un homme n'a pas d'amour,
Rien du printemps ne l'intéresse;
Il voit même sans allégresse,
Hirondelles, votre retour;

Et, devant vos troupes légères
Qui traversent le ciel du soir,
Il songe que d'aucun espoir
Vous n'êtes pour lui messagères.

Chez moi ce spleen a trop duré,
Et quand je voyais dans les nues
Les hirondelles revenues,
Chaque printemps, j'ai bien pleuré.

Mais depuis que toute ma vie
A subi ton charme subtil,
Mignonne, aux promesses d'Avril
Je m'abandonne et me confie.

Depuis qu'un regard bien-aimé
A fait refleurir tout mon être,
Je vous attends à ma fenêtre,
Chères voyageuses de Mai.

Venez, venez vite, hirondelles,
Repeupler l'azur calme et doux,
Car mon désir qui va vers vous
S'accuse de n'avoir pas d'ailes.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Kwiecień"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Mai

Depuis un mois, chère exilée,
Loin de mes yeux tu t'en allas,
Et j'ai vu fleurir les lilas
Avec ma peine inconsolée.

Seul, je fuis ce ciel clair et beau
Dont l'ardente effluve me trouble,
Car l'horreur de l'exil se double
De la splendeur du renouveau.

En vain j'entends contre les vitres,
Dans la chambre où je m'enfermai,
Les premiers insectes de Mai
Heurter leurs maladroits élytres;

En vain le soleil a souri;
Au printemps je ferme ma porte
Et veux seulement qu'on m'apporte
Un rameau de lilas fleuri;

Car l'amour dont mon âme est pleine
Retrouve, parmi ses douleurs,
Ton regard dans ces chères fleurs
Et dans leur parfum ton haleine.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Maj"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Juin

Dans cette vie ou nous ne sommes
Que pour un temps si tôt fini,
L’instinct des oiseaux et des hommes
Sera toujours de faire un nid;

Et d’un peu de paille ou d’argile
Tous veulent se construire, un jour,
Un humble toit, chaud et fragile,
Pour la famille et pour l’amour.

Par les yeux d’une fille d’Ève
Mon cœur profondément touché
Avait fait aussi ce doux rêve
D’un bonheur étroit et caché.

Rempli de joie et de courage,
A fonder mon nid je songeais;
Mais un furieux vent d’orage
Vient d’emporter tous mes projets;

Et sur mon chemin solitaire
Je vois, triste et le front courbé,
Tous mes espoirs brisés à terre
Comme les œufs d’un nid tombé.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Czerwiec”
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Juillet

Le ciel flambe et la terre fume,
La caille frémit dans le blè;
Et, par un spleen lourd accablè,
Je dévore mon amertume.

Sous l’implacable Thermidor
Souffre la nature immobile;
Et dans le regret et la bile
Mon chagrin s’aigrit plus encor.

Crève donc, cœur trop gonflé, crève,
Cœur sans courage et sans raison,
Qui ne peux vomir ton poison
Et ne peux oublier ton rêve!

Par cet insultant jour d’été,
Cœur torturé d’amour, éclat!
Et que, de ta fange écarlate
Me voyant tout ensanglanté,

Ainsi que l’apostat antique,
Avec un blasphème impuissant,
Je jette à pleines mains mon sang
A ce grand soleil ironique!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Lipiec"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Août

Par les branches désordonnées
Le coin d’étang est abrité,
Et là poussent en liberté
Campanules et graminées.

Caché par le tronc d’un sapin,
J’y vais voir, quand midi flamboie,
Les petits oiseaux, pleins de joie,
Se livrer au plaisir du bain.

Aussi vifs que des étincelles,
Ils sautillent de l'onde au sol,
Et l’eau, quand ils prennent leur vol,
Tombe en diamants de leurs ailes.

Mais mon cœur, lassé de souffrir,
En les admirant les envie,
Eux qui ne savent de la vie
Que chanter, aimer et mourir!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Sierpień"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Septembre

Après ces cinq longs mois que j'ai passés loin d'elle,
J'interroge mon cœur ; il est resté fidèle.

En Mai, dans la jeunesse exquise du printemps,
J'ai souffert en songeant à ses beaux dix-sept ans.

Quand la nature, en Juin, de roses était pleine,
J'ai souffert en songeant à sa suave haleine.

En Juillet, quand la nuit peuplait d'astres les cieux,
J'ai souffert en songeant à l'éclat de ses yeux.

Août a flambé, Septembre enfin mûrit la vigne,
Sans que mon triste cœur s'apaise et se résigne.

Toujours son souvenir a le même pouvoir,
Et je n'ai qu'à fermer les yeux pour la revoir

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Wrzesień"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Octobre

Avant que le froid glace les ruisseaux
Et voile le ciel de vapeurs moroses,
Écoute chanter les derniers oiseaux,
Regarde fleurir les dernières roses.

Octobre permet un moment encor
Que dans leur éclat les choses demeurent ;
Son couchant de pourpre et ses arbres d'or
Ont le charme pur des beautés qui meurent.

Tu sais que cela ne peut pas durer,
Mon cœur ! mais, malgré la saison plaintive,
Un moment encor tâche d'espérer
Et saisis du moins l'heure fugitive.

Bâtis en Espagne un dernier château,
Oubliant l'hiver, qui frappe à nos portes
Et vient balayer de son dur râteau
Les espoirs brisés et les feuilles mortes.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Październik"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Novembre

Captif de l’hiver dans ma chambre
Et las de tant d’espoirs menteurs,
Je vois dans un ciel de novembre,
Partir les derniers migrateurs.

Ils souffrent bien sous cette pluie ;
Mais, au pays ensoleillé,
Je songe qu’un rayon essuie
Et réchauffe l’oiseau mouillé.

Mon âme est comme une fauvette
Triste sous un ciel pluvieux;
Le soleil dont sa joie est faite
Est le regard de deux beaux yeux;

Mais loin d’eux elle est exilée;
Et, plus que ces oiseaux, martyr,
Je ne puis prendre ma volée
Et n’ai pas le droit de partir.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Listopad"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Décembre

Le hibou parmi les décombres
Hurle, et Décembre va finir;
Et le douloureux souvenir
Sur ton cœur jette encor ses ombres.

Le vol de ces jours que tu nombres,
L'aurais-tu voulu retenir?
Combien seront, dans l'avenir,
Brillants et purs ; et combien, sombres?

Laisse donc les ans s'épuiser.
Que de larmes pour un baiser,
Que d'épines pour une rose!

Le temps qui s'écoule fait bien;
Et mourir ne doit être rien,
Puisque vivre est si peu de chose.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Grudzień"
w temacie Kalendarz poetycki na cały rok


Z tomu „Arrière-saison” , 1887


Obrazek


Ruines du cœur

Mon cœur était jadis comme un palais romain,
Tout construit de granits choisis, de marbres rares.
Bientôt les passions, comme un flot de barbares,
L’envahirent, la hache ou la torche à la main.

Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain.
Vipères et hiboux. Terrains de fleurs avares.
Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares;
Et les ronces avaient effacé le chemin.

Je suis resté longtemps, seul, devant mon désastre.
Des midis sans soleil, des minuits sans un astre,
Passèrent, et j’ai, là, vécu d’horribles jours;

Mais tu parus enfin, blanche dans la lumière,
Et, bravement, afin de loger nos amours,
Des débris du palais j’ai bâti ma chaumière.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Ruiny
serca” w temacie Miłość


Minute sentimentale

Amour plus que beauté me touche,
O ma mignonne, et j’aime mieux,
Bien mieux, ton regard que tes yeux,
Et ton sourire que ta bouche!

Pour tout le monde, c’est certain,
Ta bouche est enfantine et ronde,
Et tes yeux sont pour tout le monde
Bleus comme le ciel du matin.

Mais pour moi seul, tu me le jures,
Brilla ce regard attendri;
Pour moi, pour moi seul, ont souri
Si doucement ces lèvres pures!

Avant de m’avoir pour amant,
A d’autres tu semblais jolie;
Mais par moi tu fus embellie
De la beauté d’un sentiment.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Sentymentalna chwila”
w temacie Wstrzymaj się chwilo, jesteś tak piękna!


Son charme

Au premier regard elle plaît,
Ma fine blonde au teint de rousse;
Mais, seul, je sais combien elle est
Silencieuse, tendre et douce.

L’air anglais et mise avec goût,
La taille svelte et gracieuse,
Elle est exquise, mais surtout
Tendre, douce et silencieuse.

Ses yeux clairs sont de purs émaux,
Et mon désir s’y laissa prendre;
Mais son vrai charme est dans ces mots
Douce, silencieuse et tendre.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Jej urok"
w temacie Zauroczenie, przygoda... i co dalej?


Taches de son

Sur ta peau si tendre et si lisse,
Dont ma bouche sait la douceur,
Le soleil d’été, par malice,
A mis des taches de rousseur.

C’est tous les ans la même chose ;
Et l’on dirait qu’il veut laisser
Sur ton radieux teint de rose
Une trace de son baiser.

Mais j’aime tout de ce que j’aime;
Et ton front, si frais et si doux,
M’attire davantage même
Constellé de quelques points roux.

Quand à mes lèvres tu le portes
D’un geste amoureux, je crois voir
La neige d’or des feuilles mortes
Sur le ciel vermeil d’un beau soir.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Piegi" w temacie
Uroda i kosmetyki, czyli poetycko o pielęgnacji i upiększaniu ciała


Crépuscule

Ainsi qu’un malheureux, le corps frileux et gourd,
Tâche de se chauffer en soufflant sur des braises,
L’amer couchant d’octobre, au lointain du faubourg,
A fait flamboyer ses fournaises.

Dans les squelettes noirs des arbres nus et droits,
Le vent du soir, tout bas, parle d’une voix rauque;
Un archipel d’îlots couleur de feu, mais froids,
Nage dans la paix du ciel glauque.

Combien de fois déjà par des soirs tout pareils,
Où l’esprit sur lui-même en souffrant se replie,
L’adieu rouge et glacé des suprêmes soleils
M’a versé sa mélancolie!

Combien de fois ce vent aux sinistres soupirs,
Dont le gémissement se glisse sous les portes,
A fait devant mes yeux tourner mes souvenirs
Dans la valse des feuilles mortes!

Automne nostalgique, automne évocateur,
Qu’ils me font mal, tes ciels qu’un dernier rayon moire,
Tes purs et tristes ciels, froids comme la douleur
Et profonds comme la mémoire!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Zmierzch” w tematach:
Jesień przychodzi za wcześnie... i Smutek, melancholia, nostalgia


Rêve fleuri

Ma chère, tu cueillais, en riant aux échos,
Des gerbes de bleuets et de coquelicots.
O journée en plein air, adorable et trop brève!...
Et, dans le large lit d’auberge où j’ai dormi
En sentant, prés du mien, battre ton cœur ami,
Pendant toute la nuit, j’ai vu des fleurs en rêve.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „Kwitnące marzenie” w temacie Marzenia


Z tomu „Sonnets intimes et poèmes inédits” (1927), 2014


Obrazek


Adieux aux Eaux-Bonnes

Ma mémoire vous aime et vous sera fidèle,
Source à qui je devrai ma santé d'un hiver,
Monts altiers, gaves purs, et toi, vieux pic de Ger,
Qui dresses dans l'azur ta haute citadelle.

Mais la charmante enfant qui m'admettait près d'elle,
La petite malade au regard bon et clair,
Me laisse dans le cœur un souvenir plus cher,
En fuyant vers le Sud ainsi que l'hirondelle.

Montagnes dont le souffle a su la ranimer,
Vous la connaissez bien et vous devez l'aimer;
A votre ombre a poussé cette fleur trop chétive!

Ô sublime Nature où tout parle d'espoir,
N'est-ce pas qu'elle est bien ton enfant adoptive
Et que longtemps encor tu voudras la revoir?

Septembre 1878

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Pożegnanie
w dobrym tonie" w temacie Pożegnania, ostatnie słowa...


À Mademoiselle Jane Sabatery

J'ai quitté la mère patrie
Pour voir, par un minuit bien clair,
Le ciel refléter dans la mer
Sa merveilleuse orfèvrerie.

Hélas ! aux côtes d'Algérie,
Règne un impitoyable hiver.
Les nuits sont du noir de l'enfer;
Aucune n'est d'astres fleurie.

Mais, mon enfant, votre beauté
Est comme un firmament d'été
Étincelant, pur et sans voiles;

Et, si sombres que soient les cieux,
Le Poète, admirant vos yeux,
Ne regrette plus les étoiles.

19 stycznia1891

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Dla Panny
Jane Sabatery” w temacie Emigracja


L'Aube tricolore

Hier, j'ai surpris l'aurore à son premier éveil,
Quand le nid est muet encore sur la branche.
Là-haut, le sombre azur. Plus bas, la brume blanche.
Enfin, à l'horizon, un flamboiement vermeil.

Bleu, blanc, rouge! — Le ciel, à nos drapeaux pareil,
M'a rendu nos espoirs oubliés de revanche.
Car, captive en ces nœuds que, seul, le glaive tranche,
L'Alsace attend, là-bas où monte le soleil.

Que de jours et de jours, hélas! depuis l'outrage!
Peut-être — ô doute amer! — elle se décourage!
Elle doit, après tant d'angoisse et de douleurs,

Se demander parfois si l'on se souvient d'elle! —
— Non. Dans le matin clair arborant nos couleurs,
L'Alsace nous répond de loin : Je suis fidèle!

25 avril 1892

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Trójkolorowy świt"
w temacie Wiersze "zaangażowane"
Ten post został edytowany przez Autora dnia 21.06.18 o godzinie 05:39
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Anna de Noailles (1876-1933) – francuska poetka i pisarka pochodzenia rumuńskiego. Pochodziła z książęcego rodu rumuńskich bojarów Bibescu i Craioveşti jako córka księcia Grigore Bibescu-Basaraba i greckiej pianistki Raluki Moussouros. Urodzona w Paryżu, starannie wykształcona, piękna i niezależna była na przełomie XIX i XX wieku osobą znaną, aktywną i podziwianą na paryskich salonach. Pisała poezję i prozę, zajmowała się krytyką literacką i publicystyką, brała udział w animacji życia kulturalnego we Francji. Wydała 10 tomów poezji: „Le Cœur innombrable” (Serce nieprzeliczone, 1901), „L'Ombre des jours” (Cień dni, 1902), „La Domination” (Dominacja, 1905), „Les Éblouissements” (Olśnienia, 1907), „Les Vivants et les Morts” (Żywi i martwi, 1913), „Les Forces éternelles” (Odwieczne siły, 1920), „Poème de l'amour” Poemat miłości, 1924) „L'Honneur de souffrir” (Godność cierpienia, 1927), „Poèmes d'enfance” (Poezje dziecięce, 1929) i „Derniers vers” (Wiersze ostatnie, 1933). Jest też autorką trzech tomów prozy: „Le Visage émerveillé” (Zachwycająca twarz, 1904), „Les Innocentes, ou La Sagesse des femmes” (Niewinne, czyli powściągliwość kobiet, 1923) i „Exactitudes” (Wierności, 1930), a także tomu wspomnień autobiograficznych „Le Livre de ma vie” (Księga mojego życia, 1932). Była członkiem Królewskiej Belgijskiej Akademii Języka i Literatury Francuskiej. Za zasługi dla kultury francuskiej jako pierwsza w historii kobieta została odznaczona Komandorią Legii Honorowej, a Akademia Francuska po Jej śmierci powołała nagrodę literacką Jej imienia. Pierwsze przekłady na język polski wierszy Anny de Noailles, autorstwa Marii Pawlikowskiej-Jasnorzewskiej, ukazały się w pismach „Bluszcz” (1926) i „Skamander” (1936). Potem tylko dwa inne Jej erotyki znalazły się w autorskiej antologii Jadwigi Dackiewicz „Francuska poezja miłosna” (1997).

Z tomu „Le Cœur innombrable”, 1901


Obrazek


Le baiser

Couples fervents et doux, ô troupe printanière!
Aimez au gré des jours.
- Tout, l’ombre, la chanson, le parfum, la lumière
Noue et dénoue l’amour.

Épuisez, cependant que vous êtes fidèles,
La chaude déraison,
Vous ne garderez pas vos amours éternelles
Jusqu’à l’autre saison.

Le vent qui vient mêler ou disjoindre les branches
A de moins brusques bonds
Que le désir qui fait que les êtres se penchent
L’un vers l’autre et s’en vont.

Les frôlements légers des eaux et de la terre,
Les blés qui vont mûrir,
La douleur et la mort sont moins involontaires
Que le choix du désir.

Joyeux, dans les jardins où l’été vert s’étale
Vous passez en riant,
Mais les doigts enlacés, ainsi que des pétales
Iront se défeuillant.

Les yeux dont les regards dansent comme une abeille
Et tissent des rayons,
Ne se transmettront plus d’une ferveur pareille
Le miel et l’aiguillon,

Les cœurs ne prendront plus comme deux tourterelles
L’harmonieux essor,
Vos âmes, âprement, vont s’apaiser entre elles,
C’est l’amour et la mort…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Pocałunek”
w temacie Pocałunki


Les saisons et l’amour

Le gazon soleilleux est plein
De campanules violettes,
Le jour las et brûlé halette
Et pend aux ailes des moulins.

La nature, comme une abeille,
Est lourde de miel et d’odeur,
Le vent se berce dans les fleurs
Et tout l’été luisant sommeille.

- Ô gaieté claire du matin
Où l’âme, simple dans sa course,
Est dansante comme une source
Qu’ombragent des brins de plantain!

De lumineuses araignées
Glissent au long d’un fil vermeil,
Le cœur dévide du soleil
Dans la chaleur d’ombre baignée.

- Ivresse des midis profonds,
Coteaux roux où grimpent des chèvres,
Vertige d’appuyer les lèvres
Au vent qui vient de l’horizon;

Chaumières debout dans l’espace
Au milieu des seigles ployés,
Ayant des plants de groseilliers
Devant la porte large et basse…

- Soirs lourds où l’air est assoupi,
Où la moisson pleine est penchante,
Où l’âme, chaude et désirante,
Est lasse comme les épis.

Plaisir des aubes de l’automne,
Où, bondissant d’élans naïfs,
Le cœur est comme un buisson vif
Dont toutes les feuilles frissonnent!

Nuits molles de désirs humains,
Corps qui pliez comme des saules,
Mains qui s’attachent aux épaules,
Yeux qui pleurent au creux des mains.

- Ô rêves des saisons heureuses,
Temps où la lune et le soleil
Écument en rayons vermeils
Au bord des âmes amoureuses…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „Pory roku i miłość” w temacie Miłość



L'inquiet désir

Voici l'été encor, la chaleur, la clarté,
La renaissance simple et paisible des plantes,
Les matins vifs, les tièdes nuits, les journées lentes,
La joie et le tourment dans l'âme rapportés.

- Voici le temps de rêve et de douce folie
Où le coeur, que l'odeur du jour vient enivrer,
Se livre au tendre ennui de toujours espérer
L'éclosion soudaine et bonne de la vie,

Le coeur monte et s'ébat dans l'air mol et fleuri.
- Mon coeur, qu'attendez-vous de la chaude journée,
Est-ce le clair réveil de l'enfance étonnée
Qui regarde, s'élance, ouvre les mains et rit?

Est-ce l'essor naïf et bondissant des rêves
Qui se blessaient aux chocs de leur emportement,
Est-ce le goût du temps passé, du temps clément,
Où l'âme sans effort sentait monter sa sève?

- Ah ! mon coeur, vous n'aurez plus jamais d'autre bien
Que d'espérer l'Amour et les jeux qui l'escortent,
Et vous savez pourtant le mal que vous apporte
Ce dieu tout irrité des combats dont il vient...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Niespokojne
pragnienie” w temacie Zauroczenie, przygoda... i co dalej?


L'innocence

Si tu veux nous ferons notre maison si belle
Que nous y resterons les étés et l'hiver!
Nous verrons alentour fluer l'eau qui dégèle,
Et les arbres jaunis y redevenir verts.

Les jours harmonieux et les saisons heureuses
Passeront sur le bord lumineux du chemin,
Comme de beaux enfants dont les bandes rieuses
S'enlacent en jouant et se tiennent les mains.

Un rosier montera devant notre fenêtre
Pour baptiser le jour de rosée et d'odeur;
Les dociles troupeaux, qu'un enfant mène paître,
Répandront sur les champs leur paisible candeur.

Le frivole soleil et la lune pensive
Qui s'enroulent au tronc lisse des peupliers
Refléteront en nous leur âme lasse ou vive
Selon les clairs midis et les soirs familiers.

Nous ferons notre coeur si simple et si crédule
Que les esprits charmants des contes d'autrefois
Reviendront habiter dans les vieilles pendules
Avec des airs secrets, affairés et courtois.

Pendant les soirs d'hiver, pour mieux sentir la flamme,
Nous tâcherons d'avoir un peu froid tous les deux,
Et de grandes clartés nous danseront dans l'âme
A la lueur du bois qui semblera joyeux.

Émus de la douceur que le printemps apporte,
Nous ferons en avril des rêves plus troublants.
- Et l'Amour sagement jouera sur notre porte
Et comptera les jours avec des cailloux blancs...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Niewinność”
w temacie Dom


L'amoureux été

J'ai ce désir qu'à l'heure ardente de ce mois
Le bois frais et touffu se serre autour de moi
Et m'emplisse les mains de sucs et de verdure.
- Ah! sentir sur son cœur s'abattre la nature!
Boire le miel léger des calices profonds
Comme l'abeille d'or et les insectes font,
Prendre pour vêtement, quand la chaleur arrive,
L'ombre qui se balance au gré des feuilles vives,
Baiser l'air, goûter l'eau glissante, avoir le cœur
Simple et chaud comme un fruit qui donne son odeur,
Respirer librement sur les feuilleuses branches
Le parfum des bourgeons et de l'épine blanche,
Sentir le bois vivant se mêler à son corps,
Et mourir d'un si doux et si profond accord...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Zakochane
lato” w temacie Szukanie lata


L’automne

Voici venu le froid radieux de septembre:
Le vent voudrait entrer et jouer dans les chambres;
Mais la maison a l’air sévère, ce matin,
Et le laisse dehors qui sanglote au jardin.

Comme toutes les voix de l’été se sont tues!
Pourquoi ne met-on pas de mantes aux statues?
Tout est transi, tout tremble et tout a peur; je crois
Que la bise grelotte et que l’eau même a froid.

Les feuilles dans le vent courent comme des folles;
Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin:
Elles iront mourir sur les étangs demain.

Le silence est léger et calme; par minute
Le vent passe au travers comme un joueur de flûte,
Et puis tout redevient encor silencieux,
Et l’Amour qui jouait sous la bonté des cieux

S’en revient pour chauffer devant le feu qui flambe
Ses mains pleines de froid et ses frileuses jambes,
Et la vieille maison qu’il va transfigurer
Tressaille et s’attendrit de le sentir entrer…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Jesień”
w temacie Jesień przychodzi za wcześnie...


L'hiver

C'est l'hiver sans parfum ni chants...
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.

Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.

Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles...

- Bois feuillus qui, pendant l'été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,

Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l'horizon
Avec des gestes qu'ont les hommes.

Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l'air ne vous protège,
Et vos coeurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.

- Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „Zima” w temacie Zima


L’amour

Amour, qui dès l’aube du temps
Flottais sur la terre et les eaux;
Toi qui, dans l’arbre et dans l’étang,
Meus les poissons et les oiseaux.

Toi qui dans la forêt mouvante
Troubles la sève sous l’écorce,
Et joins, aux heures violentes,
La soumission et la force.

Au delà du bien et du mal
Mènes les cœurs phosphorescents,
Amour au regard d’animal,
Ô dieu des âmes et du sang...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „Miłość” w temacie Miłość


L’enfant Éros

Enfant Éros qui joues à l’ombre des surgeons
Et bois aux sources claires,
Toi qui nourris ainsi qu’un couple de pigeons
L’amour et la colère,

Passe sans t’arrêter au seuil de ma maison,
N’entre pas cette année:
Mon âme des amours qu’elle eut l’autre saison
Est encore étonnée,

Car tu mêles au miel des baisers appuyés
Sur les lèvres jalouses
La haine amère ainsi que le fruit du sorbier,
La haine acide et rouge…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Dziecko
Eros” w temacie Erotyka


Plainte

Mets les mains sur mon front où tout l'humain orage
Lutte comme un oiseau,
Et perpétue, ainsi qu'au creux des coquillages,
Le tumulte des eaux.

Ferme mes yeux afin qu'ils soient clos et tranquilles
Comme au fond du sommeil,
Et qu'ils ne sachent plus quand passent sur la ville
La lune et le soleil.

Parle-moi de la mort, du songe qu'on y mène,
De l'éternel loisir,
Où l'on ne sait plus rien de l'amour, de la haine,
Ni du triste plaisir;

Reste, voici la nuit, et dans l'ombre croissante
Je sens rôder la peur;
- Ah! laisse que mon âme amère et bondissante
Déferle sur ton coeur...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Skarga”
w temacie Czułość


La chaude chanson

La guitare amoureuse et l’ardente chanson
Pleurent de volupté, de langueur et de force
Sous l’arbre où le soleil dore l’herbe et l’écorce,
Et devant le mur bas et chaud de la maison.

Semblables à des fleurs qui tremblent sur leur tige,
Les désirs ondoyants se balancent au vent,
Et l’âme qui s’en vient soupirant et rêvant
Se sent mourir d’espoir, d’attente et de vertige.

- Ah! quelle pâmoison de l’azur tendre et clair!
Respirez bien, mon cœur, dans la chaude rafale,
La musique qui fait le cri vif des cigales,
Et la chanson qui va comme un pollen sur l’air.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Gorąca
piosenka” w temacie Zaśpiewam ci pieśń


Dissuasion

Fermez discrètement les vitres sur la rue
Et laissez retomber les rideaux alentour,
Pour que le grondement de la ville bourrue
Ne vienne pas heurter notre fragile amour.

Notre tendresse n’est ni vive ni fatale.
Nous aurions très bien pu ne nous choisir jamais:
Je vous ai plu par l’art de ma douceur égale,
Et c’est votre tristesse amère que j’aimais.

La peine de nos cœurs est trop pareille, et telle
Que nous nous mêlerions sans nous renouveler:
Évitons le mensonge et la brève étincelle
D’un désir qui nous luit sans pouvoir nous brûler.

La vie a mal gardé ce que nous lui donnâmes,
Rien du confus passé ne peut se ressaisir;
Nous aurions tous les deux trop pitié de nos âmes,
Après l’oubli léger et fuyant du plaisir:

Car nous entendrions sangloter notre enfance
Pleine de maux secrets, toujours inapaisés,
Que ne rachète pas, dans sa munificence,
La réparation tardive des baisers…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Perswazja”
w temacie W zamieci słowa...


Z tomu „L'Ombre des jours”, 1902


Obrazek


Jeunesse

Pourtant tu t'en iras un jour de moi, Jeunesse,
Tu t'en iras, tenant l'Amour entre tes bras,
Je souffrirai, je pleurerai, tu t'en iras,
Jusqu'à ce que plus rien de toi ne m'apparaisse.

La bouche pleine d'ombre et les yeux pleins de cris,
Je te rappellerai d'une clameur si forte
Que, pour ne plus m'entendre appeler de la sorte,
La Mort entre ses mains prendra mon cœur meurtri.

Pauvre Amour, triste et beau, serait-ce bien possible
Que vous ayant aimé d’un si profond souci,
On pût encore marcher sur le chemin durci
Où l’ombre de vos pieds ne sera plus visible?...

Revoir sans vous l’éveil douloureux du printemps,
Les dimanches de mars, l’orgue de Barbarie,
La foule heureuse, l’air doré, le jour qui crie,
La musique d’ardeur qu’Yseult dit à Tristan.

Sans vous, connaître encore le bruit sourd des voyages,
Le sifflement des trains, leur hâte et leur arrêt,
Comme au temps juvénile, abondant et secret
Où dans vos yeux clignés riaient des paysages.

Amour, loin de vos jeux revoir le bord des eaux
Où trempent azurés et blancs des quais de pierre,
Pareils à ceux qu’un jour, dans l’Hellas printanière,
Parcoururent Léandre et la belle Héro.

Voir sans vous, sous la lune assise au haut du cèdre,
La volupté des nuits laiteuses d’Orient,
Et souffrir, le passé au cœur se réveillant,
Les étourdissements d’Hermione et de Phèdre;

Toujours privé de vous, feuilleter par hasard,
Tandis que l’âcre été répand son chaud malaise,
Ce livre où noblement la Cassandre française
Couche au linceul de gloire et sourit à Ronsard.

Et quand l’automne roux effeuille les charmilles
Où s’asseyait le soir l’amante de Rousseau,
Être une vieille, avec sa laine et son fuseau,
Qui s’irrite et qui jette un sort aux jeunes filles...

- Ah! Jeunesse, qu’un jour vous ne soyez plus là,
Vous, vos rêves, vos pleurs, vos rires et vos roses,
Les Plaisirs et l’Amour vous tenant, - quelle chose,
Pour ceux qui n’ont vraiment désiré que cela...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Młodość”
w temacie Ta nasza młodość


Tu vas, toi que je vois

Tu vas, toi que je vois, mon ombre, ô mon moi-même,
Cherchant quelque épuisant et merveilleux bonheur,
Mais l’espoir tremble, l’air est las, la vie a peur,
Tu vas, ayant toujours plus aimé qu’on ne t’aime.

Plus aimé, ou du moins plus âprement aimé,
D’une plus imminente et guerrière détresse,
Alors lasse de voir comme tout cède et cesse,
Tu recroises tes bras sur ton cœur refermé.

Seule et pleurante auprès de ton âme orgueilleuse
Tu souffres la douleur de n’avoir pas d’égal,
Pour le bondissement, pour le bien et le mal
De ta chance maligne, ardente et périlleuse.

Chaque jour te retrouve ayant tout oublié
De l’inutile effort et reprenant haleine,
Pourtant tu n’auras pas les plaisirs de ta peine,
Un détournant démon à ton sort est lié.

Ayant eu moins de joie que tu n’as eu d’envie
Tu chanteras 1 Amouraux saisons enroulé,
Peut-être fallait-il que pour bien en parler
Il ne connusses pas le meilleur de la vie.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Idziesz,
ty którego widzę” w temacie Świat chwiejnych cieni


Z tomu „Les Éblouissements”, 1907


Obrazek


Éros

Hélas! que la journée est lumineuse et belle!
L'aérien argent partout bout et ruisselle.
N'est-il pas dans l'azur quelque éclatant bonheur
Qui glisse sur la bouche et coule sur le cœur
De ceux qui tout à coup éperdus, joyeux, ivres,
Cherchent quel âpre amour étourdit ou délivre? -
Mais soudain l'horizon s'emplit d'un vaste espoir.
Tout semble s'empresser, s'enhardir, s'émouvoir:
Il va venir enfin vers l'âme inassouvie
L'Eros aux bras ouverts qui dit:
Je suis la vie!
Qui dit:
Je suis le sens des instants et des mois,
Touchez-moi, goûtez-moi, mes sœurs, respirez-moi!
Je suis le bord, la fin et le milieu du monde,
Une eau limpide court dans ma bouche profonde,
L'énigme universelle est clarté dans mes yeux,
Je suis le goût brûlant du sang délicieux,
Tout afflue à mon cœur, tout passe par mon crible,
Je suis le ciel certain, l'espace intelligible,
L'orgueil chantant et nu, l'absence de remords,
Et le danseur divin qui conduit à la mort...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Eros”
w temacie Erotyka



Nuit voluptueuse

Le Plaisir bondissait dans le jour d'ambre et d'or.
Voici la douce nuit plus complaisante encore;
Son voile est odorant, ses parois sont moelleuses,
L'insecte va jaillir des herbes populeuses.
Le ciel est descendu, l'air est rapetissé;
Les bruits qui ne sont pas de l'amour ont cessé;
Tout s'accoste, tout court, se rejoint et s'enlace.
O voyage secret des choses dans l'espace!
Nuit fraîche de l'été ! Les oiseaux dans les airs
S'attirent d'un soupir plus vif que les éclairs;
Le désir est lui-même une aile, une fusée
Qui s'est partout levée et s'est partout posée;
Les effluves, les cris et les scintillements
Dans l'ombre langoureuse annoncent les amants.
Les larges papillons, à qui leurs couleurs pèsent,
Sur le sol libre et doux s'affaissent et se baisent.
Un train roule, orageux; ses sifflements soudains
Engouffrent des plaisirs brûlants dans les jardins.
Les lilas par l'odeur mêlent leurs tièdes moelles,
Et les phares des nuits répondent aux étoiles...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Zmysłowa
noc” w temacie Erotyka


Trains en été

Pendant ce soir inerte et tendre de l’été,
Où la ville, au soir bleu mêlant sa volupté,
Laisse les toits d’argent s’effranger dans l'espace,
J’entends le cri montant et dur des trains,qui passent...
- Qu’appellent-ils avec ces cris désespérés?
Sont-ce les bois dormants, l’étang, les jeunes prés,
Les jardins où l’on voit les petites barrières
Plier au poids des lis et des roses trémières?
Est-ce la route immense et blanche de juillet
Que le brûlant soleil frappe à coups de maillet;
Sont-ce les vérandas dont ce dur soleil crève
Le vitrage ébloui comme un regard qui rêve?
- O trains noirs qui roulez en terrassant le temps,
Quel est donc l’émouvant bonheur qui vous attend?
Quelle inimaginable et bienfaisante extase
Vous est promise au bout de la campagne rase?
Que voyez-vous là-bas qui luit et fuit toujours
Et dont s’irrite ainsi votre effroyable amour?
- Ah! de quelle brûlure en mon cœur s’accompagne
Ce grand cri de désir des trains vers la campagne...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Pociągi
latem” w temacie Poezja kolei żelaznych


Z tomu „Les Vivants et les Morts”, 1913


Obrazek


J’ai tant rêvé par vous...

J’ai tant rêvé par vous, et d’un cœur si prodigue,
Qu’il m’a fallu vous vaincre ainsi qu’en un combat;
J’ai construit ma raison comme on fait une digue,
Pour que l’eau de la mer ne m’envahisse pas.

J’avais tant confondu votre aspect et le monde,
Les senteurs que l’espace échangeait avec vous,
Que, dans ma solitude éparse et vagabonde,
J’ai partout retrouvé vos mains et vos genoux.

Je vous voyais pareil à la neuve campagne,
Réticente et gonflée au mois de mars; pareil
Au lis, dans le sermon divin sur la montagne;
Pareil à ces soirs clairs qui tombent du soleil;

Pareil au groupe étroit de l’agneau et du pâtre,
Et vos yeux, où le temps flâne et semble en retard,
M’enveloppaient ainsi que ces vapeurs bleuâtres
Qui s’échappent des bois comme un plus long regard.

Si j’avais, chaque fois que la douleur s’exhale,
Ajouté quelque pierre à quelque monument,
Mon amour monterait comme une cathédrale
Compacte, transparente, où Dieu luit par moment.

Aussi, quand vous viendrez, je serai triste et sage,
Je me tairai, je veux, les yeux larges ouverts,
Regarder quel éclat a votre vrai visage,
Et si vous ressemblez à ce que j’ai souffert…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Marzyłam
dużo o tobie...” w temacie Marzenia


O mon ami, souffrez...         
        
O mon ami, souffrez, je saurai par vos larmes,
Par vos regards éteints, par votre anxiété,
Par mes yeux plus puissants contre vous que des armes,
Par mon souffle, qui fait bouger vos volontés,

Par votre ardente voix qui s'élève et retombe,
Par votre égarement, par votre air démuni,
Que ma vie a sur vous cet empire infini
Qui vous attache à moi comme un mort à sa tombe!

O mon ami, souffrons, puisque jamais le cœur
Ne convainc qu'en ouvrant plus large sa blessure;
Puisque l'âme est féroce, et puisqu'on ne s'assure
De l'amour que par la douleur!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Mój
kochany, cierpisz...” w temacie Ból


J'ai vu à ta confuse...

J'ai vu à ta confuse et lente rêverie,
A ton front détourné, douloureux et prudent,
Que mon visage en pleurs, qui s'irrite et qui prie,
Te semble un masque ardent.

En vain ta voix m'enchante et ton regard m'abreuve,
Et mon cœur éclatant se brise dans ta main ;
Tu cherches vers le ciel quelque invisible preuve
De mon désir humain.

Tu cherches quel étroit, quel oppressant symbole,
Mêlé de calme espoir, de silence et de Dieu,
Joindrait mieux que ne font les pleurs ou la parole,
Ton esprit et mes yeux.

Et tandis que ton cœur, craintif et solitaire,
A mon immense amour n'est pas habitué,
Moi je suis devant toi comme du sang par terre
Quand un homme est tué...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Widziałam
twoje zakłopotanie...” w temacie Miłość


Z tomu „Les Forces éternelles” , 1920


Obrazek


Astres qui regardez les mondes...

Astres qui regardez les mondes où nous sommes,
Pure armée au repos dans la hauteur des cieux,
Campement éternel, léger, silencieux,
Que pensez-vous de voir s’anéantir les hommes?
A n’être pas sublime aucun ne condescend;
Comme un cri vers l’azur on voit jaillir leur sang
Qui, sur nos cœurs contrits, lentement se rabaisse.
— Morts sacrés, portez-nous un plausible secours!

Notre douleur n’est pas la sœur de votre ivresse;
Vous mourez! Concevez que c’est un poids trop lourd
Pour ceux qui, dans leur grave et brûlante tristesse,
Ont toujours confondu la vie avec l’amour…

Juin 1915

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Gwiazdy,
co patrzycie na światy...” w temacie Świecie nasz


Solitude

Je t’aime, mais je rêve, et mon être sans borne,
Quand le croissant des nuits montre sa belle corne,
Attiré vers les cieux par des milliers d’aimants,
S’élance, et va s’unir à tous les éléments.

Pourtant c’est toujours toi que mon désir réclame,
Mais comment pourrais-tu dominer sur mon âme,
Si tu ne peux bannir de mon cœur ébloui
Ce pouvoir d’espérer par quoi je te trahis?

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Samotność”
w temacie Samotność


Z tomu „Poème de l'amour”, 1924


Obrazek


I. Ce fut long, difficile et triste...

Ce fut long, difficile et triste
De te révéler ma tendresse;
La voix s’élance et puis résiste,
La fierté succombe et se blesse.

Je ne sais vraiment pas comment
J’ai pu t’avouer mon amour;
J’ai craint l’ombre et l’étonnement
De ton bel œil couleur du jour.

Je t’ai porté cette nouvelle!
Je t’ai tout dit! je m’y résigne;

Et tout de même, comme un cygne,
Je mets ma tête sous mon aile…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „I. Ten stan, trudny
i smutny...” w temacie Zauroczenie, przygoda... i co dalej?


VI. Ce que je voudrais?...

Ce que je voudrais? Je ne sais.
Je t’aime de tant de manières
Que tu peux choisir. Fais l’essai
De ma tendresse nourricière.

Chaque jour par l’âme et le corps
J’ai renoncé quelque espérance,
Et cependant je tiens encor
À mon amoureuse éloquence,

À cet instinct qui me soulève
De combler d’amour ta torpeur;
- Et tandis que ton beau corps rêve,
Je voudrais parler sur ton cœur…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „VI. Czy tego chciałabym?...” w temacie Miłość


VII. Que crains-tu?...

Que crains-tu? L’excès? l’abondance
D’un cœur où tout vient s’engloutir?
Tu crains ma voix, mon pas qui danse?
Pourtant, j’ai si peur de meurtrir,
Même de loin, ta nonchalance!
Ma main se prive de saisir
Ta belle main qui se balance.
Tu vois, je me tiens à distance,
Renonçant au moindre plaisir…

- Va, tu peux avoir confiance
Dans les êtres de grand désir!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „VII. Czego się boisz?...” w temacie Lęk


XVII. Toujours, à toutes les secondes...

Toujours, à toutes les secondes,
Tandis qu’errante ou sous mon toit
Je suis moins moi-même que toi,
Ton corps lointain se mêle au monde!

- Je t’évoque: doux, sans orgueil,
Alternant les bonds et les pauses,
La tristesse comblant ton œil,
Avec précaution tu poses,
(C’est dans mon songe!) sur le seuil
De mon âme amère et déclose,
Ton pas calculé de chevreuil…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "XVII. Zawsze,
w każdej sekundzie...” w temacie Tęsknota


XX. Je crois que j’ai dû te parler...

Je crois que j’ai dû te parler
De ta personne, sans répit,
Et peut-être t’ai-je accablé
Sous tant de pampres et d’épis!

J’ai dû, offensant ton silence,
Mais d’une voix qui passait outre,
Vanter ta raison, ta constance,
Ta chaleur, ta douceur de loutre,

Et ta bonté, et ce cœur droit
Auquel tu veux m’associer…

- Mais t’ai-je assez remercié
De l’amour que j’avais pour toi?

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „XX. Uważam, że
musiałam z tobą porozmawiać...” w temacie W zamieci słowa...


XXIV. Je ne t’aime pas pour que ton esprit...

Je ne t’aime pas pour que ton esprit
Puisse être autrement que tu ne peux être
Ton songe distrait jamais ne pénètre
Mon cœur anxieux, dolent et surpris.

Ne t’inquiète pas de mon hébétude,
De ces chocs profonds, de ma demi-mort;
J’ai nourri mes yeux de tes attitudes,
Mon œil a si bien mesuré ton corps,

Que s’il me fallait mourir de toi-même,
Défaillir un jour par excès de toi,
Je croirais dormir du sommeil suprême
Dans ton bras, fermé sur mon être étroit…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „XXIV. Nie kocham
cię wcale dla umysłu twego...” w temacie Miłość


XXIX. L’automne a lentement mouillé les paysages...

L’automne a lentement mouillé les paysages;
Son humide tristesse en mon cœur s’insinue.
La nature, pourtant, ne peut me sembler nue.
Puisque en elle, au lointain, respire ton visage.

Je reproche à mes yeux de se sentir déçus
Par la légère pluie enserrant l’univers.
Mais l’été fut plaintif. Bientôt voici l’hiver.
Et je me sens mourir, car je n’ai pas reçu
Les seuls dons que mon cœur hanté se représente:
Mon épaule meurtrie, et ta tête, pesante…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „XXIX. Jesień w powolnych
mokrych krajobrazach...” w temacie Jesień przychodzi za wcześnie...


XXXIII. Je songe au jardin, et à toi...

Je songe au jardin, et à toi,
À tes pas, à la longue allée
Où calme, et la voix envolée,
Tu t’expliquais. Je songe au toit
Qui t’a vu languir, ne rien faire,
Et puis lire et songer, et puis
Acquérir l’amoureux appui
De l’orgueil que je te confère
Par mon cœur, incessant brasier
Qui forge ta claire fortune…

- Sur le sol l’ombre des rosiers
Comme un geste extasié
De la terre à la douce lune…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „XXXIII.
Myślę w ogrodzie, o tobie...” w temacie Tęsknota


XL. Aimer, c'est de ne mentir plus...

aimer, c’est de ne mentir plus.
Nulle ruse, n’est nécessaire
Quand le bras chaleureux enserre
Le corps fuyant qui nous a plu.

- Crois à ma voix qui rêve et chante
Et qui construit ton paradis.
Saurais-tu que je suis méchante
Si je ne te l’avais pas dit?

- Faiblement méchante, en pensée,
Et pour retrouver par moment
Cette solitude sensée
Que j’ai reniée en t’aimant!...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „XL. Kochać,
to znaczy więcej nie kłamać...” w temacie Miłość


LIII. C’est l’hiver...

C’est l’hiver, le ciel semble un toit
D’ardoise froide et nébuleuse,
Je suis moins triste et moins heureuse.
Je ne suis plus ivre de toi!

Je me sens restreinte et savante,
Sans rêve, mais comprenant tout.
Ta gentillesse décevante
Me frappe, mais à faibles coups.

Je sais ma force et je raisonne,
Il me semble que mon amour
Apporte un radieux secours
À ta belle et triste personne.

- Mais lorsque renaîtra l’été
Avec ses souffles bleus et lisses,
Quand la nature agitatrice
Exigera la volupté,

Ou le bonheur plus grand encore
De dépasser ce brusque émoi,
- Quand les jours chauds, brillants, sonores
Prendront ton parti contre moi,

Que ferai-je de mon courage
À goûter cette heureuse mort
Qu’au chaud velours de ton visage
J’aborde, je bois et je mords?…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. „LIII. Jest zima” w temacie Zima


LIV. Quand un soudain sommeil...

Quand un soudain sommeil a séparé de toi
Ma pensée attentive, anxieuse et tenace;
Quand je suis prisonnière en ce cachot étroit,
Et quand l’amour, toujours pareil à la menace,

Semble avoir dans le songe égaré les contours
De ton être par qui me parvient l’atmosphère,
Je goûte obscurément cet instant calme et court
Dont s’est enfui le mal que ton œil peut me faire…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „LIV. Kiedy
w nagłym śnie...” w temacie Co się poetom śni...?


LXII. Quand ce soir tu t'endormiras...

Quand ce soir tu t'endormiras
Loin de moi, pour ta triste nuit,
En songe pose sur mon bras
Ton beau col alourdi d'ennui.

Jette vers moi ce qui t'encombre,
Défais-toi des mornes pensées,
Je les ramasserai dans l'ombre
Comme une glaneuse insensée,
Ivre d'amour, et qui dénombre
Des roses, des lys, des pensées...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „LXII. Kiedy tak
zasypiasz wieczorem...” w temacie Co się poetom śni...?


LXV. Je voudrais mourir...

Je voudrais mourir, mais non pas
D’une autre et plus tranquille mort
Que celle que causent ton pas,
Ta voix, ton regard, ton abord.

Pourrai-je renoncer, crois-tu,
- Bel arbre humain, cyprès! tilleul!
À ce grand besoin éperdu
Que j’ai de périr par toi seul?

przekład Ryszarda Mierzejewskiego
pt. "LXV. Chciałabym umrzeć..." w temacie Śmierć


LXXXVI. Aucun jour je ne me suis dit...

Aucun jour je ne me suis dit
Que tu pouvais être mortel.
Tu ressembles au paradis,
À tout ce qu’on croit éternel!
- Mais, ce soir, j’ai senti, dans l’air
Humide d’un parc triste et blême,
La terreuse odeur des asters
Et du languissant chrysanthème…

Quoi! tu peux mourir! - et je t’aime!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „LXXXVI.
Nie powiedziałam sobie...” w temacie Miłość


XCVI. L’amour et ses élans pudiques...

L’amour et ses élans pudiques
Ont, dans leurs songes réticents,
Les noblesses de la musique.

La passion aux cris puissants,
Par ses sommets et ses abîmes
Mêle à ses vœux des pleurs décents.
— Mais il est de secrètes cimes
Où s’élaborent sourdement
L’espoir, le but, le mouvement,
Où gît, ardent, supplicié,
Invincible, au destin lié,
Mais tremblant qu’on ne le bafoue,

Le désir ! — que jamais l’on n’avoue…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "XCVI. Miłość
i jej porywy wstydliwe..." w temacie Miłość


CXXIII. Puisque le cœur même, et le temps...

Puisque le cœur même, et le temps,
Et les chétives circonstances
Peuvent altérer la constance,
J’ai bien fait de t’aimer autant!

J’ai bien fait de graver mon âme
Sur le joyau de ton regard,
Pour qu’un jour toi-même réclames
Contre les assauts du hasard,

Pour que jamais plus tu n’oublies
Cette chaîne des yeux mêlés,
Ces flambeaux perforants qui lient
Deux corps avides et comblés.

- L’orgueilleuse et calme décence
Qui succède à la volupté
Vient de ce que la conscience
Veut que ce qui fut ait été…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “Ponieważ
czasy, a także serce samo...” w temacie Miłość


CXXVI. Automne pluvieux, mélancolique automne...

Automne pluvieux, mélancolique automne,
Remets cet ami dans mes bras!
Que m’importent ton eau, tes râles monotones,
Ton dépit, ton sombre embarras,

Si, dédaignant soudain tes humides rafales,
Je retrouve le tiède été
Près d’un corps chaleureux, et que mon front s’installe
Dans la douceur de son côté!

- Grâce d’un calme flot épandu dans une anse
Qui le limite et le détient!

Partage, ô mon amour, le délassant silence
De mon être réduit au tien…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "CXXVI. Jesienie deszczowe,
melancholijne jesienie..." w temacie Jesień przychodzi za wcześnie...”


CXXX. Tu m’as quittée; adieu, je pense à toi...

Tu m’as quittée; adieu, je pense à toi.
- Dans l’air du soir une horloge qui sonne! -
Calme du ciel, douceur de ta personne,
Dans ta maison ta persistante voix!

Ta voix toujours, encor, loin de ma vie
À qui pourtant tout de ton être est dû;
Quelle que soit mon inlassable envie,
Ton corps, ce soir, est pour mes yeux perdu.

- Jamais mon cœur ne peut en ta présence
Te dénombrer les baumes qu’il contient;
Peut-être as-tu la juste connaissance
Que rien ne m’est qui ne soit d’abord tien.

C’est une étrange et formelle habitude
Que nous avons de ne rien confronter
De ton royaume et de ma servitude,
De ton silence et du mien à côté.

Une subtile et perspicace crainte
Nous fait chercher de délicats détours:
Quand notre amour veut exprimer l’amour,
Notre franchise est faite de nos feintes.

Ce pur silence, ample et de noble aloi,
Nous a toujours tout appris, sans offense.
Tacitement nous devinons nos lois,
Et notre énigme est notre confidence…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "CXXX. Opuściłeś
mnie, żegnaj, myślę o tobie..." w temacie Rozstania


CXXXI. Tu ne peux rien pour moi, puisque je t’aime...

Tu ne peux rien pour moi, puisque je t’aime,
Un tel amour rend l’autre démuni.
Garde ta force et ta tendresse même,
Sache être pauvre auprès de l’infini.

Je vois souvent ta peine sérieuse
Et la bonté de tes beaux yeux pensants,
Mais que me fait ton cœur reconnaissant?
La gratitude est plus mystérieuse!

Elle est en moi à cause que tu es,
Non point toi seul, mais divers, ample, étrange;
Reste indolent, oublieux, imparfait,
Je porte en moi le soleil qui te change…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “CXXXI. Nie możesz
być dla mnie niczym, bo kocham ciebie...” w temacie Miłość


CXLIX. L’hiver aux opaques parois...

L’hiver aux opaques parois
N’a pas de brises ni d’arômes;
Tu respires en quelque endroit
Et pour moi l’univers embaume!

On voit, dans le froid firmament,
Les étoiles aux feux fidèles;
Mon regard recherche laquelle
Met sur toi son scintillement.

Axe élu, pour moi tu traverses
Le globe d’un trait idéal.

- Ainsi trompe et nous bouleverse
Un amour fortuit et fatal…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „CXLIX.
Zima w matowych ścianach...” w temacie Zima


CLXI. Je croyais que l’amour c’était toi seul...

- Je croyais que l’amour c’était toi seul. J’entends
Soudain l’étrange et pur silence du printemps!
Le soir n’arrive point à l’heure coutumière:
Ce doux prolongement de rêveuse lumière
Est comme un messager qui dans le drame accourt
Et puis d’abord se tait. - Je croyais que l’amour
C’était toi seul, avec, serrés sur ton visage,
La musique, les cieux, les climats, les voyages.
Mais plus énigmatique, et plus réelle aussi,
Le doigt levé, ainsi que, Saint Jean, de Vinci,
Écoutant je ne sais quelle immense nouvelle,
L’heure, qui se maintient et lentement chancelle,
Me fixe d’un regard où les siècles ont mis
Le secret fraternel à mon esprit promis…

Le vent s’essaye et tombe. Au loin un chien aboie.

Toi qui fus la douleur dont j’avais fait ma joie,
Toi par qui je portais, mendiant, un trésor,
Qui fus mon choix soudain et pourtant mon effort,
Toi que mon cœur vantait, en appelant sa chance
Cette ardente, servile, oppressante souffrance
De sentir tout mon être entravé par ton corps,
Toi qui fus mon salut et mon péril extrême,
Se, pourrait-il ce soir que, plus fort que toi-même,
L’éternel univers fût vraiment ce que j’aime?…

przekad Ryszarda Mierzejewskiego pt. “CLXI. Sądziłam,
że w miłości byłeś jedyny...” w temacie Miłość


CLXIX. J’aime d’un amour clandestin...

J’aime d’un amour clandestin.
Ce que de toi nul n’a aimé:
Le sourd battement enfermé
De ton cœur et de ton instinct.

Nul n’a songé avec douleur
À ces beaux secrets écorchés
Du mouvement intérieur,
Puissant, indomptable et caché!

- Mais moi je sais que c’est ton sang
Qui te fait net, pur, précieux,
Et mon rêve en ton corps descend
Comme vers de plus sombres cieux…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “CLXIX.
Kocham miłość w ukryciu” w temacie Miłość


CLXXIII. Peut-être que ton corps charmant, qui me tourmente...

Peut-être que ton corps charmant, qui me tourmente
Par la grâce des mains, des lèvres et de l’œil,
Établit en moi seule une saison démente
Où l’instinctif élan est grave comme un deuil.
Je l’ai lu dans un juste et saisissant recueil:
La beauté de l’amant n’est qu’au cœur de l’amante
C’est donc moi qui te fais un excessif accueil!
- Alors, pourquoi ce rare et précis esclavage?
Mais mon mal est sacré puisque le sort le veut!
Et c’est mon besoin fol comme mon besoin sage
De préférer au monde un seul de tes cheveux!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “CLXXIII. Być może, że
twoje czarujące ciało mnie dręczy...” w temacie Ciało mojego ciała


CLXXV. Rien; l’univers n’est rien....

Rien; l’univers n’est rien. Nulle énigme pour l’homme
Dont l’esprit et les sens ont perçu le néant.
- La turbulente vie hasardeuse, et le somme
À jamais, dans le sol maussade et dévorant!

Rien! Partout l’éphémère et partout le risible,
Partout l’insulte au cœur, partout la surdité
Du Destin, qui choisit pour délicate cible
La noblesse de l’homme et sa sécurité.

- Et parmi cette affreuse et poignardante injure,
Seulement toi, visage au masque de velours,
Divinité maligne, enivrante, âpre et pure,
Consolateur cruel, doux et terrible Amour!

1920-1923

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “CLXXV. Nic; Wszechświat
jest niczym...” w temacie Okrutną zagadką jest życie...”


Z tomu „L'Honneur de souffrir” , 1927


Obrazek


Dans l’âpre solitude où tu vis désormais...

- Dans l’âpre solitude où tu vis désormais,
Faut-il que jamais plus nul désir ne pénètre?

Je suis seule, en effet, et suis digne de l’être.
J’habite la ténèbre où sont ceux que j’aimais.

Que fais-tu des vivants?
- Plutôt que de descendre
A des choix moins parfaits, je préfère les cendres.

- Ne veux-tu plus goûter d’exaltantes saisons?
- L’instinct est un bonheur qui n’est pas la raison.
Pour l’esprit renseigné, comblé triste et lucide,
Tout est douleur. La mort a des sucs moins acides.

- Pour supporter le jour, ou ne le point haïr,
N’est-il pas de plaisir dont tu veuilles jouir?

- La volupté contient les choses infinies:
La musique, les cieux, la gloire, l’agonie.
Mais ne recherchant pas d’éphémères essais,
Je veux gémir encor des plaisirs que je sais.

- Rien ne fléchira donc ta plaintive exigence,
O corps plein de savoir, esprit plein de refus?
Ne te reste-t-il rien du trésor que tu fus,
Et que tu répandais, même par négligence!
Rien ne te reste-t-il?
- Non, rien. L’intelligence.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “W gorzkiej
samotności, w której z tobą żyłam...” w temacie Samotność


Ainsi la vie simple et savante...

Ainsi la vie simple et savante,
L’exaltante splendeur des cieux,
Nos regards qui jouaient entre eux,
Notre loyauté, ma constante
Tendresse, mon cœur soucieux
De toi, dont j’étais dépendante,
- Puisque tu me laisses vivante
Alors que se sont clos tes yeux,

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “Życie tak proste,
które wypełnia mądrość...” w temacie ”Okrutną zagadką jest życie”...


La femme, durée infinie...

La femme, durée infinie,
Rêveuse d’éternels matins,
Dans la puissance de l’instinct
Veut créer. Mais cette agonie

Plus tard, un jour, de son enfant,
Cette peur, ces sueurs, ces transes,
Ce mourant que rien ne défend,
En garde-t-elle l’ignorance?

Et toute mère, sans remords,
Triomphante et pourtant funèbre,
Voue une âme aux longues ténèbres,
Et met au monde un homme mort…

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. “Kobieta,
nieustanne trwanie...” w temacie Kobiecy portret


Vivre, permanente surprise !

Vivre, permanente surprise !
L'amour de soi, quoi que l'on dise!
L'effort d'être, toujours plus haut,
Le premier parmi les égaux.
La vanité pour le visage,
Pour la main, le sein, le genou,
Tout le tendre humain paysage!
L'orgueil que nous avons de nous,
Secrètement. L'honneur physique,
Cette intérieure musique
Par quoi nous nous guidons, et puis
Le sol creux, les cordes, le puits
où lourdement va disparaître
Le corps ivre d'éternité.

- Et l'injure de cesser d'être,
Pire que n'avoir pas été!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Życie, niespodzianka
nieustanna!" w temacie Okrutną zagadką jest życie...”
Ten post został edytowany przez Autora dnia 09.02.16 o godzinie 07:34
Ryszard Mierzejewski

Ryszard Mierzejewski poeta, tłumacz,
krytyk literacki i
wydawca; wolny ptak

Temat: W języku Baudelaire'a


Obrazek
Émile Nelligan (1879-1941) – poeta kanadyjski, piszący po francusku. Urodził się w Montrealu jako syn irlandzkiego emigranta i francuskojęzycznej Kanadyjki. Wiersze zaczął pisać w szesnastym roku życia, a przestał już po trzech latach z powodu rozwijającej się u niego schizofrenii. Zmarł w Montrealu w wieku 62 lat, nie odzyskawszy nigdy psychicznej równowagi. Jego wiersze były jednak na tyle oryginalne i prekursorskie, że nazywany jest dzisiaj często kanadyjskim Arthurem Rimbaud. Za życia wydał tylko jeden tomik wierszy pt. „Émile Nelligan et son œuvre” (1904), zredagowany przez jego przyjaciela Louisa Dantina, ale nie był nawet w stanie ocenić w miarę obiektywnie zawartych w nim wierszy. Pełne wydanie utworów poetyckich É. Nelligana, łącznie z odnalezionymi po jego śmierci, ukazało się w 1952 roku pt. „Poésies complètes 1896-1899”.
Wiersze É. Nelligana w dużej mierze inspirowane były francuskim symbolizmem. Jego mistrzami byli: Charles Budelaire, Stéphane Mallarmé, Alfred de Musset, Pierre Dupont, a z tych bardziej niepokornych: Arthur Rimaud. Młody poeta znał też świetnie język angielski, a w jego wierszach można odnaleźć również ślady lektur Thomasa Moore'a i Edgara Allana Poe. Jego bogate intelektualnie wiersze cechuje ogromna dbałość i precyzja warsztatowa, a ulubionym gatunkiem poetyckim był sonet. To wszystko sprawiło, że pomimo tak młodego wieku i bardzo krótko trwającej pracy twórczej, uważany jest dzisiaj za jednego z najwybitniejszych poetów kanadyjskich i francuskojęzycznych. Wszystkie jego wiersze zostały przetłumaczone na angielski i koreański, a większość na włoski, hiszpański, rosyjski, chiński i japoński.
W Polsce ukazał się tylko jeden tomik jego wierszy: Poezje. Wybór, opracowanie i przekład Joanna Paluszkiewicz-Magner. Wydawnictwo Nowy Świat, Warszawa 2003, w profesjonalnym, francusko-polskim wydaniu, z przedmową Pawła Wyczyńskiego – profesora Uniwersytet Ottawskiego, wybitnego znawcy twórczości Émila Nelligana. Tomik zawiera 27 wierszy w oryginale i przekładach, pochodzących w większości z jego debiutanckiego i jedynego wydanego za życia tomiku.
Wiersze tutaj prezentowane, z dwoma wyjątkami („Clair de lune intellectuel” i „Violon d'adieu”) nie były wcześniej tłumaczone i publikowane w Polsce. Pochodzą z przygotowywanego do druku dwujęzycznego, francusko-polskiego, tomiku: Émile Nelligan: Wiersze wybrane/Poèmes choisis. Wybrał, z francuskiego przełożył i opracował Ryszard Mierzejewski, jaki ukaże się w serii wydawniczej „Biblioteka Przekładów Poetyckich pod red. Ryszarda Mierzejewskiego”, nakładem tłumacza.

Z tomu „Émile Nelligan et son œuvre”, 1903


Obrazek


Clair de lune intellectuel

Ma pensée est couleur de lumières lointaines,
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs.
Elle a l'éclat parfois des subtiles verdeurs
D'un golfe où le soleil abaisse ses antennes.

En un jardin sonore, au soupir des fontaines,
Elle a vécu dans les soirs doux, dans les odeurs;
Ma pensée est couleur de lumières lointaines,
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs.

Elle court à jamais les blanches prétentaines,
Au pays angélique où montent ses ardeurs,
Et, loin de la matière et des brutes laideurs,
Elle rêve l'essor aux céleste Athènes.

Ma pensée est couleur de lunes d'or lointaines.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Duchowe
światło księżyca" w temacie Być poetą...


Thème sentimental

Je t’ai vue un soir me sourire
Dans la planète des Bergers;
Tu descendais à pas légers
Du seuil d’un château de porphyre.

Et ton œil de diamant rare
Eblouissait le règne astral.
Femme, depuis, par mont ou val,
Femme, beau marbre de Carrare.

Ta voix me hante en sons chargés
De mystère et fait mon martyre,
Car toujours je te vois sourire
Dans la planète des Bergers.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Temat sentymentalny"
w temacie Zauroczenie, przygoda... i co dalej?


Violon d'adieu

Vous jouiez Mendelssohn ce soir-là; les flammèches
Valsaient dans l’âtre clair, cependant qu’au salon
Un abat-jour mêlait en ondulement long
Ses rêves de lumière au châtain de nos mèches.

Et tristes, comme un bruit frissonnant de fleurs sèches
Éparses dans le vent vespéral du vallon,
Les notes sanglotaient sur votre violon
Et chaque coup d’archet trouait mon cœur de brèches.

Or, devant qu’il se fût fait tard, je vous quittai,
Mais jusqu’à l’aube errant, seul, morose, attristé,
Contant ma jeune peine au lunaire mystère,

Je sentais remonter comme d’amers parfums
Ces musiques d’adieu qui scellaient sous la terre
Et mon rêve d’amour et mes espoirs défunts.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Skrzypce
pożegnania" w temacie Pożegnania, ostatnie słowa...


Soirs d'octobre

- Oui, je souffre, ces soirs, démons mornes, chers Saints.
- On est ainsi toujours au soupçon des Toussaints.
- Mon âme se fait dune à funèbres hantises.
- Ah! Donne-moi ton front, que je calme tes crises.

- Que veux-tu? je suis tel, je suis tel dans ces villes,
Boulevardier funèbre échappé des balcons,
Et dont le rêve élude, ainsi que des faucons,
L’affluence des sots aux atmosphères viles.

Que veux-tu? je suis tel... Laisse-moi reposer
Dans la langueur, dans la fatigue et le baiser,
Chère, bien-aimée âme où vont les espoirs sobres

Écoute! Ô ce grand soir, empourpré de colères,
Qui, galopant, vainqueur des batailles solaires,
Arbore l’Étendard triomphal des Octobres!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Wieczory października"
w temacie Jesień przychodzi za wcześnie...


Nuit d'été

Le violon, d’un chant très profond de tristesse,
Remplit la douce nuit, se mêle au son des cors ;
Les Sylphes vont pleurant comme une âme en détresse
Et les cœurs des grands ifs ont des plaintes de morts.

Le souffle du Veillant anime chaque feuille,
Le rameau se balance en un rythme câlin,
Les oiseaux sont rêveurs, et sous l’œil opalin
De la lune d’été, ma douleur se recueille.

Au concert susurré que font sous la ramure
Les grillons, ces lutins en quête de sabbat,
Soudain a résonné toute, en mon cœur qui bat,

La grande majesté de la Nuit qui murmure
Dans les cieux alanguis un ramage lointain,
Prolongé jusqu’à l’aube humide du Matin.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Letnia noc"
w temacie Wiersze na różne pory dnia


Tarentelle d'automne

Vois-tu près des cohortes bovines
Choir les feuilles dans les ravines,
Dans les ravines?

Vois-tu sur le côteau des années
Choir mes illusions fanées,
Toutes fanées?

Avec quelles rageuses prestesses
Court la bise de nos tristesses,
De mes tristesses!

Vois-tu près des cohortes bovines,
Choir les feuilles dans les ravines
Dans les ravines?

Ma sérénade d’octobre enfle une
Funéraire voix à la lune,
Au clair de lune.

Avec quelles rageuses prestesses
Court la bise de nos tristesses,
De mes tristesses!

Le doguet bondit dans la vallée.
Allons-nous-en par cette allée,
La morne allée!

Ma sérénade d’octobre enfle une
Funéraire voix à la lune,
Au clair de lune.

On dirait que chaque arbre divorce
Avec sa feuille et son écorce,
Sa vieille écorce.

Ah! Vois sur la pente des années
Choir mes illusions fanées,
Toutes fanées!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Jesienna
tarantela" w temacie Zaśpiewam ci pieśń


Jardin sentimental

Là, nous nous attardions aux nocturnes tombées,
Cependant qu’alentour un vol de scarabées
Nous éblouissait d’or sous les lueurs plombées.

De grands chevaux de pourpre erraient, sanguinolents,
Par les célestes turfs, et je tenais, tremblants,
Tes doigts entre mes mains, comme un nid d’oiseaux blancs.

Or, tous deux, souriant à l’étoile du soir,
Nous sentions se lever des lumière d’espoir
En notre âme fermée ainsi qu’un donjon noir.

Le vieux perron croulant parmi l’effroi des lierres,
Nous parlait des autans qui chantaient dans les pierres
De la vieille demeure aux grilles familières.

Puis l’Angelus, devers les chapelles prochaines,
Tintait d’une voix grêle, et, sans rompre les chaînes,
Nous allions dans la Nuit qui priait sous les chênes.

Foulant les touffes d’herbe où cri-cri se perd,
Invisibles, au loin, dans un grand vaisseau vert,
Nous rêvions de monter aux astres de Vesper.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Ogród
sentymentalny" w temacie Ogród przedziwny


Bergère

Vous que j’aimai sous les grands houx,
Aux soirs de bohême champêtre,
Bergère, à la mode champêtre,
De ces soirs vous souvenez-vous?
Vous étiez l’astre à ma fenêtre
Et l’étoile d’or dans les houx.

Aux soirs de bohême champêtre
Vous que j’aimai sous les grands houx,
Bergère, à la mode champêtre,
Où donc maintenant êtes-vous?
- Vous êtes l’ombre à ma fenêtre
Et la tristesse dans les houx.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Pasterka"
w temacie Miłości sprzed lat


Les vieillees rues

Que vous disent les vieilles rues
Des vieilles cités?...
Parmi les poussières accrues
De leurs vétustés,
Rêvant de choses disparues,
Que vous disent les vieilles rues?

Alors que vous y marchez tard
Pour leur rendre hommage:
De plus d’une âme de vieillard
Nous sommes l’image.

Disent-elles dans le brouillard,
Alors que vous y marchez tard.

Comme d’anciens passants nocturnes
Qui longent nos murs,
En eux ayant les noires urnes
De leurs airs impurs,
S’en vont les Remords taciturnes
Comme d’anciens passants nocturnes.


Voilà ce que dans les cités
Maintes vieilles rues
Disent parmi les vétustés
Des choses accrues
Parmi vos gloires disparues,
Ô mornes et mortes cités!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Stare
ulice" w temacie Na miejskich ulicach


Chapelle dans les bois

Nous étions là deux enfants blêmes
Devant les grands autels à franges,
Où Sainte Marie et ses anges
Riaient parmi les chrysanthèmes.

Le soir poudrait dans la nef vide;
Et son rayon à flèche jaune,
Dans sa rigidité d’icône
Effleurait le grand Saint livide.

Nous étions là deux enfants tristes
Buvant la paix du sanctuaire,
Sous la veilleuse mortuaire
Aux vagues reflets d’améthyste.

Nos voix en extase à cette heure
Montaient en rogations blanches,
Comme un angelus des dimanches,
Dans le lointain qui prie et pleure...

Puis nous partions... Je me rappelle!
Les bois dormaient au clair de lune,
Dans la nuit tiède où tintait une
Voix de la petite chapelle....

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Kaplica w lecie"
w temacie Świątki, kapliczki przydrożne...


Le lac

Remémore, mon cœur, devant l’onde qui fuit
De ce lac solennel, sous l’or de la vesprée,
Ce couple malheureux dont la barque éplorée
Y vint sombrer avec leur amour, une nuit.

Comme tout alentour se tourmente et sanglote!
Le vent verse les pleurs des astres aux roseaux,
Le lys s’y mire ainsi que l’azur plein d’oiseaux,
Comme pour y chercher une image qui flotte.

Mais rien n’en a surgi depuis le soir fatal
Où les amants sont morts enlaçant leurs deux vies,
Et les eaux en silence aux grèves d’or suivies
Disent qu’ils dorment bien sous leur calme cristal.

Ainsi la vie humaine est un grand lac qui dort
Plein sous le masque froid des ondes déployées,
De blonds rêves déçus, d’illusions noyées,
Où l’Espoir vainement mire ses astres d’or.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Jezioro"
w temacie "Okrutną zagadką jest życie"...


Tristesse blanche

Et nos cœurs sont profonds et vides comme un gouffre,
Ma chère, allons-nous-en, tu souffres et je souffre.

Fuyons vers le castel de nos Idéals blanc,
Oui, fuyons la Matière aux yeux ensorcelants.

Aux plages de Thule, vers l’île des Mensonges,
Sur la nef des vingt ans fuyons somme des songes.

Il est un pays d’or plein de lieds et d’oiseaux
Nous dormirons tous deux aux frais lits des roseaux.

Nous nous reposerons des intimes désastres,
Dans des rythmes de flûte, à la vase des astres.

Fuyons vers le château de nos Idéals blancs,
Oh! fuyons la Matière aux yeux ensorcelants.

Veux-tu mourir, dis moi? Tu souffres et je souffre,
Et nos cœurs sont profonds et vides comme en gouffre.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Biały smutek"
w temacie Smutek, melancholia, nostalgia


Roses d'octobre

Pour ne pas voir choir les roses d’automne,
Cloître ton cœur mort en on cœur tué.
Vers des soirs souffrants mon deuil s’est rué,
Parallèlement au mois monotone.

Le carmin tardif et joyeux détonne
Sur le bois dolent de roux ponctué...
Pour ne pas voir choir les roses d’automne,
Cloître ton cœur mort en mon cœur tué.

Là-bas, les cyprès ont l’aspect atone;
A leur ombre on est vite habitué,
Sous terre un lit frais s’ouvre situé;
Nous y dormirons tous deux, ma mignonne,

Pour ne pas voir choir les roses d’automne.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Róże w październiku"
w temacie Jesień przychodzi za wcześnie...


Z tomu „Poésies complètes 1896-1899”, 1952


Obrazek


Nocturne

À Denys Lanctôt

C’est l’heure solennelle et calme du silence,
L’Angélus a sonné notre prière à Dieu;
Le cœur croyant sommeille en un repos immense,
Noyé dans les parfums languissants du Saint-Lieu.

C’est l’heure du pardon et de la pénitence,
C’est bien l’heure où l’on fait notre plus chaste aveu,
Où nos yeux ruisselants, pleurs de reconnaissance,
Retrouvent à la fin l’ardeur du premier feu.

Ô Soir si consolant pour mon cœur ravagé,
Soir de miséricorde au pécheur affligé
Qui demande à son Dieu la manne bienfaisante,

Pénètre de ton ombre une âme à la tourmente,
Recueillement subit du passé dans ton sein,
Pour qu’elle puisse avoir paix et joie au Matin.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Nokturn"
w temacie Wiersze na różne pory dnia


Rythmes du soir

Voici que le dahlia, la tulipe et les roses
Parmi les lourds bassins, les bronzes et les marbres
Des grands parcs où l’Amour folâtre sous les arbres
Chantent dans les soirs bleus; monotones et roses

Chantent dans les soirs bleus la gaîté des parterres,
Où danse un clair de lune aux pieds d’argent obliques,
Où le vent de scherzos quasi mélancoliques
Trouble le rêve lent des oiseaux solitaires,

Voici que le dahlia, la tulipe et les roses,
Et le lys cristallin épris du crépuscule,
Blêmissent tristement au soleil qui recule,
Emportant la douleur des bêtes et des choses;

Voici que le dahlia, comme un amour qui saigne,
Attend d’un clair matin les baisers frais et roses,
Et voici que le lys, la tulipe et les roses
Pleurent les souvenirs dont mon âme se baigne.

Montréal, 1897

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Rytmy wieczoru"
w temacie Wiersze na różne pory dnia


Le voyageur

À mon père

Las d’avoir visité mondes, continents, villes,
Et vu de tout pays, ciel, palais, monuments,
Le voyageur enfin revient vers les charmilles
Et les vallons rieurs qu’aimaient ses premiers ans.

Alors sur les vieux bancs au sein des soirs tranquilles,
Sous les chênes vieillis, quelques bons paysans,
Graves, fumant la pipe, auprès de leurs familles
Écoutaient les récits du docte aux cheveux blancs.

Le printemps refleurit. Le rossignol volage
Dans son palais rustique a de nouveau chanté,
Mais les bancs sont déserts car l’homme est en voyage.

On ne le revoit plus dans ses plaines natales.
Fantôme, il disparut dans la nuit, emporté
Par le souffle mortel des brises hivernales.

Montréal, septembre 1897

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. „Podróżnik”
w temacie Wędrówką życie jest człowieka


Le vent, le vent triste de l’automne!

Beauté des femmes, leur faiblesse et ces mains pâles
Qui font souvent le bien, et peuvent tout le mal.


Paul Verlaine

Avec le cri qui sort d’une gorge d’enfant,
Le vent de par les bois, funèbre et triomphant,
Le vent va, le vent court dans l’écorce qu’il fend
Mêlant son bruit lointain au bruit d’un olifant.

Puis voici qu’il s’apaise, endormant ses furies
Comme au temps où jouant dans les nuits attendrie;
Son violon berçait nos roses rêveries
Choses qui parfumiez les ramures fleuries!

Comme lui, comme lui qui fatal s’élevant
Et gronde et rage et qui se tait aussi souvent,
Ô femme, ton amour est parallèle au Vent:

Avant de nous entrer dans l’âme, il nous effleure;
Une fois pénétré pour nous briser, vient l’heure
Où sur l’épars débris de nos cœurs d’homme, il pleure!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Wiatr, smutny jesienny
wiatr!" w temacie Jesień przychodzi za wcześnie...


Berceuse

Quelqu’un pleure dans le silence
Morne des nuits d’avril;
Quelqu’un pleure la somnolence
Longue de son exil.
Quelqu’un pleure sa douleur
Et c’est mon cœur...

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Kołysanka"
w temacie Kołysanki, nie tylko dla dzieci


Aubade rouge

L'aube éclabousse les monts de sang
Tout drapés de fine brume,

Et l'on entend meugler frémissant
Un boeuf au naseau qui fume.

Voici l'heure de la boucherie.
Le tenant par son licol

Les gars pour la prochaine tuerie
Ont mis le mouchoir au col.

La hache s'abat avec tel han,
Qu'ils pausent contre habitude

Procumbit bos. Tel l'éléphant
Croule en une solitude.

Le sang gicle. Il laboure des cornes
Le sol teint d'un rouge hideux

Et Phébus chante aux beuglements mornes
Du boeuf qu'on rupture ŕ deux.

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Czerwona serenada"
w temacie Zwierzęta w ZOO i nie tylko tam


La Vierge noire

Elle a les yeux pareils à d’étranges flambeaux
Et ses cheveux d’or faux sur ses maigres épaules,
Dans des subtils frissons de feuillages de saules,
L’habillent comme font les cyprès des tombeaux.

Elle porte toujours ses robes par lambeaux,
Elle est noire et méchante; or qu’on la mette aux geôles,
Qu’on la batte à jamais à grands fouets de tôles.
Gare d’elle, mortels, c’est la chair des corbeaux!

Elle m’avait souri d’une bonté profonde,
Je l’aurais crue aimable et sans souci du monde
Nous nous serions tenus, Elle et moi par les mains.

Mais, quand je lui parlai, le regard noir d’envie,
Elle me dit: tes pas ont souillé mes chemins.
Certes tu la connais, on l’appelle la Vie!

przekład Ryszarda Mierzejewskiego pt. "Czarna
Madonna" w temacie Obraz Madonny w poezji
Ten post został edytowany przez Autora dnia 12.10.17 o godzinie 11:33



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